« Quel temps de merde ! »
Voilà la phrase que Launysk avait le plus entendue depuis le début de cette période de fonte des neiges particulièrement pluvieuse.
Le climat. Sujet numéro 1 des bavardages. Et la belle folle semblait bien être la seule à qui cette atmosphère convenait.
Même si le temps est dégueulasse, ça retarde ce stupide d’été où on crève de chaud ! Avait-elle conclu. A partir de là, le problème était résolu.
Sautillant gaiement entre les flaques d’eau et les amas de neige sale, elle se baladait dans le campement, ignorant les nombreux regards qu’elle attirait, tant par désir du côté de la gente masculine, que par jalousie chez les femelles en manque de sex-appeal. Oui, elle les ignorait, non pas par arrogance, mais tout simplement parce qu’elle n’avait même pas conscience de leur existence. La louve venue du Nord ne faisait jamais attention à autrui -elle n’avait d’ailleurs aucun sentiment altruiste.
C’est déjà assez compliqué de s’occuper de soi, alors si en plus je dois penser aux autres, j’ai pas fini ! Et puis… qu’est-ce que je m’en fous !Toujours était-il que, évoluant telle une gracieuse sauterelle, elle finit par atterrir près d’un groupe de jeunes mâles. Ils étaient placés en cercle autour de deux d’entre eux, en plein duel. Des commentaires fusaient de part et d’autre, pas toujours polis, suivis de rires vulgaires et idiots. Lorsqu’un colosse aperçut Launysk, il s’approcha d’elle en roulant des mécaniques :
« Eh ma jolie, ça te dirais d’aller faire un tour avec moi ce soir ? »
Commença-t-il avec un sourire de crooner.
La femelle aux tons glacials se retourna vers son interlocuteur, qu’elle n’avait même pas remarqué jusqu’à présent :
« Hein ? Ce soir ? Avec toi ? Heu… Franchement… non. T’as l’air vraiment trop barbant. »
Lui répondit-elle avant de continuer sa route, comme si de rien n’était.
Arrivée dans un coin du campement où la neige avait mieux tenue qu’ailleurs, la belle folle remarqua un énergumène occupé à se ronger la patte.
Interloquée, elle s’arrêta net, fronça les sourcils, pencha la tête et se mit à réfléchir intensément :
*C’est qui lui déjà ? Sa tête me dit quelque chose… Ce serait pas lui Steeve… Stone… Stane... Ah noooooon, c’est vrai, c’est…*
« Hey ! Le Boulet ! Tu sais, si ta patte te gêne, il faut l’enlever. »
Lui lança-t-elle, toute fière de s’être souvenue de son nom.
Elle se campa devant lui, un grand sourire éclairant son visage innocent. Pour elle, « boulet » n’était pas une insulte, c’était un nom comme un autre.
« Sinon, ça va la vie ? »