Tu es né lors d'une chaude journée de printemps. Tes grands yeux vert pomme m'ont toujours ravie. Ces jours fleuris étaient une bénédiction. Tu été promis à un développement glorieux. Ton grand-père était alpha du clan, il y a des lunes. Il est mort, lors d'une guerre, laissant ta grand-mère qui avait ton père et sa sœur, tout juste vieux de deux lunes. Moi j'n'étais pas celle qu'un louveteau pouvait espérer. Je suis une louve détestable, une allumeuse solitaire. Je suis recluse, au fin fond des grottes, condamnée à séduire ce qui me tombe sous la patte. Ton père n'était qu'un loup séduit de plus, ne suis-je pas horrible ? J'aimerais tellement aller pourrir dans les enfers. Et maintenant j'ai une boule de poils à nourrir. Ton pelage or au soleil, c'était comme un brasier, ta joie de vivre ne faisant qu'intensifier cette idée. A tout juste deux lunes, je décidais te déposer à l'entrée de la tanière de ton paternel. Qui était... Vide. Foutu espion va. Tu te recroquevillas sur son nid de mousse. Tant pis, il se débrouillera. Je t'ai scruté attentivement de mes yeux vert comme les feuilles gorgées de soleil en été, avant de partir sans plus jamais me retourner. Tu es de l'histoire ancienne, il est temps pour moi, de partir avant de me faire repérer.

Tu dormis paisiblement jusqu'au milieu de la nuit, où un coup de museau vînt vérifier ta vivacité. Avec tes dents de lait tu vins mordiller la babine de l'auteur de ce coup. Ouvrant tes petits yeux verts, tu fixas attentivement, l’œil jaune, juste au dessus de ton museau. Laissant échapper un petit aboiement. Ton père soupira, sa fourrure était semblable à la tienne, teintée d'or et de crème. Il n'avait pas l'air déçu de te voir, il semblait fier d'avoir une descendance. Il murmura doucement, de sa voix suave :

« Mon fils, tu es aussi beau que ta mère était irrésistible.

- Wah ! »

Il te souleva doucement par la peau du cou, et t'emmenas à une nourrice à la pelisse argent. Ses yeux étaient deux pierres améthystes, ton père discuta un moment avec elle, elle sourit doucement, et te soulevas avec lassitude pour venir te déposer aux côtés des autres loupiot. Immédiatement, un loupiot te mordillas les oreilles, se rendormant contre ta fourrure déjà fournie. Tu ne savais pas que cette boule de poil qui te dévorait l'oreille serait bientôt le loup dont tu pourrais pas te passer, celui avec qui tu ferais les quatre cents coups.

Au matin de ton apprentissage de guerrier, tu étais encore partit vagabonder avec Rivaille, les deux compères ne pouvaient pas se lâcher, c'était pas possible. Si bien que le mentor que tu possédais était toujours en train de te courir après. Seulement, quelque chose en lui te captivais et à deux vous imaginiez des histoires folles, dignes des plus grands romans de cape et d'épées.

Devenant rapidement un gros nounours plein de muscles et de vigueur, tu trouvas ta plus grande utilité lors des longues et froides nuits d'hiver. Tu veillais les louveteaux en prêtant ta fourrure chaude aux nourrices et aux jeunes qui était mordus par le froid persistant de l'hiver, ainsi, les louveteaux mourraient plus de froid. Seulement, ce n'était pas le seul facteur de mort des jeunes, la faim qui taraude les canidés en hiver n'est qu'un fléau de plus. Mais au moins, tu leurs évitaient de mourir de froid. Disons, que c'était déjà ça. Lors de la grande bataille, beaucoup de loups perdirent la vie, l'un d'entre eux te choquas, plus que la mort des loups alphas, bêtas et des guerriers de la grande famille de la Terre.

Ton père était mort sous les assauts des loups. Tu boitais, tu en avais pris pour ton grade. La guérisseuse avait beau s'afférer à tenter de le remettre sur pieds, la vie quittait lentement ton paternel. Tu enfonças ton museau dans sa fourrure. Les mots qu'il murmura à ton oreille, ou que tu crus entendre furent ceux qui résonnent encore aujourd'hui dans ta tête.

« Lorsque l'hiver revient, les regards s'éteignent, mais lorsque le printemps reparaît, le monde renaît. »

Même si nos proches disparaissent, même si certains nous sont inconnus. Ils sont et seront toujours là, près de nous, quelque part. Alors tu te relevas, et boitillant, tu retournas lutter pour la meute. Il fallait sauver la famille de la Terre.

Lorsque enfin les conflits cessèrent. La meute était dans un sale état. Et la tradition des duels de force commencèrent. Il fallait savoir qui serait à la tête. L'alpha fut une rouquine, et cette rouquine sera ta supérieure vu qu'une fois rétablit, les combats pour la place de beta s'en suivirent. Tu as décidé de remettre en cause le choix par l'alpha, ceci est loin d'être odieux, c'est seulement une contestation téméraire, il fallait savoir, qui aurait la carrure pour protéger ses arrières. Et tu l'avais décidé, oui tu avais décidé que tu en avais la carrure. Avec hargne tu t'es battu. Un œil fermé, tu t'es dressé victorieux, droit et fier et l'a fixée de ton unique œil ouvert avant de faire un sourire d'idiot, comme si tu venais de gagner un jeu :

« Il semblerait que je sois le dernier ayant assez de force pour tenir debout. Ravi de vous seconder. Lisha. »

De cette bataille pour la place, tu garderas les marques de griffes sur ton œil droit. Souvenir de ta progression, amplement méritée.