Il pleuvait. Elle aurait pu se protéger avec sa capacité à créer un bouclier aérien, mais elle n'en avait rien fait. A vrai dire, Kenya aimait la fraîcheur de l'eau ruisselant le long de ses poils. Les noirs corbeaux qui s'obstinaient à la suivre de temps à autre ne manquaient rien de la promenade de la demoiselle, ainsi, un peu las, ils volaient de branche en branche. Elle qui dans son adolescence était traumatisée par les coassements de ces volatiles les considérait maintenant comme faisant partie du paysage. Ne pensez pas qu'elle était ce genre de folle aux oiseaux ! Non. Elle ne leur avait jamais parlé, ils ne lui auraient d'ailleurs jamais répondu. Peut-être attendaient-ils seulement le jour où ils pourraient se délecter de ses yeux rouges. Vous saviez, vous, que les corbeaux commencent toujours par manger les yeux ? Et bien maintenant vous savez. Peut-être qu'on se figure que c'est plus nourrissant mais que ça a juste meilleur gout. De fil en aiguille mademoiselle se demanda quel gout elle pouvait bien avoir. Mais elle jugea bon de garder pour elle ce genre de questionnement réjouissant. Ah! Joies du monologue intérieur que la solitude engrange!

Depuis quelques temps, elle remontait les terres pour arriver jusqu'à chez elle. Enfin, chez elle. Mouais, tout est relatif. Elle voulait jeter un coup d’œil sur ce qu'était devenu son clan, sa vie d'avant, et sa fille, peut-être aussi. Pas qu'elle eut douté que le monde puisse tourner sans elle, oh non ! Simple curiosité. Ou autre force plus profonde, la culpabilité, peut-être, mais pour sûr, aucun dieu. L'occulte, c'est rien que des conneries, vous savez ! Rien de grand, rien de...La Grande Fleur ! Ses yeux s'illuminèrent et un rictus vint étirer les coins de sa bouche. Ça, ça avait de la gueule ! C'était au moins tout ce que la nature avait put faire de grand ! Laissons les dieux à leurs nuages !

Le soleil perça. La pluie cessa, laissant place à ces adorables paysages d'après pluie, criants de vie. Keny prit ça pour une invitation et trottina joyeusement vers cette fleur gigantesque, plus la fleur se rapprochait, plus elle accélérait, à la manière d'une enfant retrouvant sa mère. 5 mètres...3 mètres...2...et...Elle marcha sur sa mèche, vit passer ses pattes arrières au dessus de sa tête par un miracle de contorsion et s'éclata, face contre terre dans une immense flaque de boue...ou de truc marron s'en approchant.

-J'y crois pas...Si c'est pour me punir d'avoir mis en doute votre existence, c'est trèèèèès fin ! Bravo, qu'est-ce qu'on se fend la poire chez vous ! Lança-t-elle, ironique, au ciel. Et en plus vous me faites passer pour folle en me faisant parler toute seule, c'est dégueulasse ! Ajouta-t-elle pour elle même en secouant la tête en souriant.

Certes, Kenya n'était pas du genre propre sur elle, ni très girly dans ses manières, mais elle reconnaissait là l'état de son poil et elle ne pouvait décemment pas rester ainsi. Bon. Séance toilettage sous la fleur, t'avais qu'à regarder où tu mettais les pieds et arrêter d'avoir des pensées obscènes. Et toc.

Une dizaine de minutes plus tard. Presque terminé. Une odeur. Normal, ici, c'est plein d'odeurs. Mais là, c'est l'Air. Son cœur se serra, et ses nerfs se tendirent. L'air...si longtemps qu'elle n'avait plus croisé un loup de ce clan...de son clan. Tiens. Une fleur qui marche...serait-ce alors...

Kenya continua à se lécher distraitement tout en regardant le nouveau protagoniste et sa plante se diriger vers elle. Oui, elle savait qui il était, non seulement parce qu'il faisait partie de son clan, mais aussi parce que la demoiselle avait dans le cerveau une banque incroyable de données sur la plupart des loups de ces terres. Elle savait, par exemple, qu'Ace était un drôle de loup, un original phénomène plein de bonne volonté. Mis à part ça, elle ne s'était pas vraiment penchée sur le sujet. Voilà ce qu'était Kenya : Un souffle survolant chaque vie mais ne souhaitant s'attarder dans aucune d'entre elles. Enfin si, elle avait bien eu envie, un fois. Mais ironie du sort, la guerre qu'elle méprisait tant lui avait enlevé celui qui avait apaisé pendant un temps le tumulte de ses pensées. Lui parti, le flot vertigineux de ses idées avait repris plus fort et elle s'y était noyée, tout simplement.

Ace la salua donc, presque candide. Il n'abordait pas cet air distant (signifiant la méfiance et/ou la peur de l'inconnu) qu'avaient l'habitude d'employer 80% des loups lors d'une première approche verbale. Voyez donc ce que ça fait de vivre dans un monde où on sert facilement de casse croûte : on devient aigri ! Dommage. Mademoiselle Rouge sur ce point ne dérogeait pas à la règle, et bien que maniant l'art de la rhétorique assez finement pour pouvoir s'adapter à ses partenaires de dialogues, elle conservait une réserve quant à l’existence de la gentillesse pure et désintéressée. Elle observa du coin de son regard sanglant le loup aux yeux roses et sa drôle de pâquerette, pas plus surprise que ça par le fait que cette dernière parle. Bah ! Des loups avec des ailes, et on s'offusquerait qu'un végétal ait la parole ? Quel nombrilisme messieurs ! Elle arrêta de se laver la patte et arqua cependant un sourcil amusé lorsque la chétive tige articula ces quelques mots cyniques.

-Dis donc, on ferait un petit complexe d'infériorité ? Laissa-t-elle échapper en regardant la marguerite, un sourire narquois décorant son visage. Elle rit, silencieuse, et se leva avant de se secouer. Son humeur était tranquille. Et puis, de toute façon, la voilà découverte, alors à quoi bon ?

La demoiselle recula de quelques pas pour pouvoir prendre une fois de plus la mesure de l'immense beauté de la fleur, et, après une dizaine de secondes passées le nez en l'air, elle porta son regard sur Ace, comme le détaillant, Lui, spécialement, en tant qu'individu indépendant, pour la toute première fois.

Ils étaient dans le même clan, certes, mais lui, la connaissait-il ? L'angoisse que la réponse soit positive lui noua soudainement la gorge. Qu'aurait-elle à dire à un membre de son clan qui la reconnaîtrait et qui lui poserait des questions sur sa brusque disparition, sur ce qu'il est advenu d'elle...Non. Le pire serait de recevoir ces infects gestes compatissants, ces affreux regards, ces paroles vomitives que l'on adresse à ceux qui ont eu dans leur vie assez de peines pour que l'on se sente obligé en leur présence de les soulager de quelques poids. Elle ne voulait pas entendre parler de Wildstorm, ni de Santa, ni d'avant, ni d'après. Elle voulait un monde de bouches cousues. Elle se rassura pourtant en se rappelant du fait que, bien souvent, même dans sa propre tribu, elle était peu souvent reconnue, physiquement, ou nominativement. Le temps passé hors de chez elle avait fini par effacer son image si bien que son nom, lorsqu'on l'évoquait, ne trouvait aucune figure où s'ancrer dans les mémoires. Qui es-tu ? Kenya. On se croise tous les jours, merci, au revoir. Ces phrases avaient été le résumé d'une grande partie de son adolescence. Etre avec l'Alpha lui avait toute fois valu de sortir de l'anonymat, pour son plus grand plaisir...ou pas.
Peu se rendent compte de la concurrence entre femelles, de ces regards tranchants et envieux. Toutes des garces frustrées et mal baisées ! Voilà.

-Oui ! Tu as raison ! C'est vraiment grandiose ! Finit-elle par lâcher, plutôt enjouée. Kenya. Ça, c'est mon nom...je te le dis parce que je ne serais pas vexée que tu ne le saches pas même si on fait partie du même clan. Elle rit, ironique, et hocha la tête, comme désolée par le constat suivant, Wow, j'ai parfois l'impression d'espionner mon propre clan...Mais je suppose que c'est que je dois être bonne là dedans, alors, non ? Elle haussa les épaules.

La louve quasi fantomatique s'approcha doucement d'Ace et baissa brusquement la tête vers la fleur et, tout en approchant son museau déclara, perplexe :

- Certains ont des puces, d'autres des fleurs...pourquoi pas, après tout !

Kenya redressa le cou et regarda Ace, étrangement plus sérieusement cette fois...Mh. Non, décidément, la réputation de ce loup lui faisait plus peur que si l'on avait dit de lui qu'il égorgeait les fillettes à la nuit tombée...qui peut se vanter d'aimer tout et tout le monde sans frustration sous-jacente ? Elle se demandait. Mais c'était peut être elle qui avait un sérieux problème. Les corbeaux coassèrent.

Elle afficha un grand sourire amusé à la réaction de la plante ! Décidément, elle était vraiment drôle ! Elle avait réellement l'intention de l'insulter ! Une fleur l'insultait ! La demoiselle pensa que c'était sans doute le juste retour des choses, compte tenu des milliers de fleurs qu'elle avait dû piétiner sans autre remords dans sa vie. Ace se présenta. La verve du loup était châtiée (sans mauvais jeu de mot). Il s'exprimait bien, un peu trop peut-être, ainsi cette constante contenance pouvait passer pour un manque de naturel et en gênait probablement certains. Kenya faisait partie de ces personnes qui aimaient que l'on s'adresse à elles franchement. Mais elle songea que sans doute avait-on perdu l'habitude de parler bien et que toute personne persistant à le faire était maintenant vu comme un spécimen bizarre, alors elle ne s'arrêta pas à cette seule observation, consciente que dans ce cas là, c'était sa façon d'écouter, à elle, qui était défectueuse.

Lorsqu'Ace l'informa de son identité, elle ne vit pas l'utilité de lui signifier qu'elle connaissait de lui son nom, son rang, et ses relations, du moins les rumeurs, qui couraient sur lui dans la meute de l'air. Elle le laissa donc parler, consciente qu'avoir en face de soi quelqu'un qui connait plus de choses sur vous que ce que vous connaissez de lui est très déstabilisant. Elle utilisait cette technique chez les loups "ennemis". Elle les appelait par leur prénom dès lors qu'ils s'approchaient d'elle et ce simple fait les faisaient s'arrêter une demi seconde, interloqués. Rien que là, dans cette demi seconde qui semble n'être rien, elle marquait déjà un point. Mais Ace n'était pas un ennemi, ainsi elle lui épargna ses fourbes stratagèmes.

- De même ! Se contenta-t-elle d'affirmer au mâle. Je sais pas si c'est mentionné quelque part dans les règles de la chaîne alimentaire que le loup peut digérer la fleur..On peut réparer cette légère erreur sur le champs si tu continues ! Lança-t-elle à Lewy qui, après s'être allègrement juché sur son dos, persistait à lui lancer des pics. Elle ignorait qu'un être aussi petit pouvoir avoir une voix qui porte autant.

L'ambiance était sereine, et Kenya fut heureuse que la toute première personne de l'air à s'adresser à elle ait été Ace (oui bon ok et Lewy aussi...). Ace avait l'air d'être quelqu'un de sain. Du moins, tout en lui retranscrivait une pure simplicité d'existence. Ses mots étaient transparents. Elle se demanda s'il était simplement un excellent acteur ou si elle voyait le mal là où il ne pouvait être. A plusieurs reprises, lorsqu'elle avait senti un flot d'angoisse la submerger ou quand elle prenait conscience que ses pensées tournaient trop vite dans son crâne, il lui semblait qu'Ace était dérangé par quelque chose. Elle trouva cette coïncidence troublante puisqu'elle la remarqua par deux fois, ce qui l'emmena à se demander quelle pouvait bien être sa particularité, à lui. Elle se souvint que sa fille ressentait la douleur de son père mais ne voulut toute fois pas y penser plus.

Pourtant, la prochaine tirade du loup à la chevelure rouge la foudroya sur place. Elle perdit tout d'un coup cet air enjoué qu'elle forçait un peu, et le regarda avec tout le sérieux que pouvaient avoir ses rétines rouges. Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Alors, il n'était pas aussi naïf qu'il voulait bien le laisser croire. La louve recula d'un pas et le dévisagea, méfiante. Elle sembla réfléchir un instant, avant de lâcher d'un ton calme :

- Non, c'est vrai. Je suppose que tu as un bon sens de la déduction, bravo...Elle tenta une rire ironique, Dommage, j'avais pourtant essayé d'avoir l'air un minimum joyeuse pour retourner au clan, mais il semble que ça se lise sur ma tête...Elle haussa les épaules. Tant pis !

Elle ne se roula pas, néanmoins elle s'allongea et croisa les pattes avant pour y poser sa tête tout en regardant ce loup si étrange. Il était...Loin. Oui ! C'est ça ! Kenya, bien qu'il fut à coté d'elle se sentait seule en sa présence ! Il semblait éloigné d'elle, mais des autres aussi, comme incapable de comprendre certaines choses tout en étant extra-lucide sur certaines autres. Elle s'interrogeait à son sujet, sans sympathie, sans malveillance, une simple curiosité. La fleur était sur elle et elle se posa la question de savoir si Lewy agissait ainsi avec elle parce qu'elle lui était sympathique ou parce qu'à ses yeux les loups n'étaient que de confortables esclaves servants de monture. Elle se souvint qu'il faudrait être maso pour bien l'aimer après les pics qu'elle lui avait lancé, ainsi elle se demanda si Lewy était maso, mais comme elle se sentait dériver, elle recentra son attention sur le doux Ace.

-Dis moi, Ace, commença-t-elle toujours affalée en sol. Si tu n'as pas écouté les rumeurs à mon sujet, tu n'as pas du faire attention à ce qui court sur toi. Ma mémoire peut se tromper, quoiqu'elle soit je dois dire plutôt bonne, il est vrai que je n'ai pas foutu une patte "chez nous", enfin, sur les terres de l'air depuis...beaucoup trop de temps pour annoncer une date. Alors, si ce que j'ai entendu de toi s'avère être vrai, dis moi, aimer tout et tout le monde, ce n'est pas au final n'aimer personne ? Elle marqua un temps d'arrêt, releva doucement la tête, voulut ajouter quelque chose, mais se retint. Et toi la fleur, pourquoi tu le suis, lui spécialement ?

Red queen lança un regard aux trois corbeaux au dessus de sa tête. En fait, peut-être que toute personne a quelques forces accrochées telles de vieilles casseroles. Elle, c'était les corbeaux, Ace, c'était peut être Lewy. Elle se promit de vérifier chez les autres loups. Les ombres elles-même étaient probablement les premières de ces choses étranges qui nous collaient toute la vie. Kenya regarda la sienne, suspicieuse. Ace avait pourtant une chance : Keny, elle, ne comprendrait jamais ce que ces maudits oiseaux lui voulaient.

Le loup rouge lui avoua qu'il avait lu ça "dans son cœur". Waw, carrément ? Kenya se sentit quelque peu cambriolée dans son fort intérieur. Non mais c'est vrai quoi ! C'était son cœur à elle, et personne n'avait à y mettre les pieds ! A trop espionner les autres, on devient tout surpris lorsque c'est à notre tour d'être mis à jour. Elle retroussa le museau, l'air grognon. Elle avait toujours eu ces expressions enfantines lorsque quelque chose n'allait pas dans son sens. Wildstorm les aimait bien, ces moues boudeuses. Mais ce n'est pas un exemple, puisque Wildstorm l'avait aimé toute entière, de ses (longs) moments râleurs jusqu'au dernier de ses rires. Il l'avait même supporté le matin au réveil, et ça, croyez le ou non mais c'était une sacré preuve d'amour ! Elle se rendit compte que ce souvenir l'amusait et la rendait heureuse d'une façon. La demoiselle sourit, enchantée de ce constat, avant d'ajouter, simplement en souriant et en haussant les épaules :

- Moi je crois, au contraire..que ce sont deux sentiments qui vont ensembles, quelque fois !

Ace continua, et répondit à sa question. Kenya l'écouta avec toute son attention. Il avait une vision à la fois naïve et dure de ce qu'était le monde et les gens. Sans nuance, si l'on peut dire. C'était gentil, ou ça ne l'était pas, point final. Mademoiselle rouge; elle, aimait la nuance, la variation, l'équilibre fragile entre toutes choses, elle se plaisait à penser que tout autour d'elle était en mouvement constant et que d'un jour sur l'autre, on était autorisé à être bon, mauvais, triste, ou heureux sans pour autant que ceci nous détermine à jamais. C'était moins angoissant de se sentir libre ainsi plutôt que de se trouver dans un éternel agencement figé. Soit bon, soit mauvais. Non. Le noir lui même, comme le blanc, s'obtient grâce au mélange de toutes les couleurs existantes. Elle se demanda un instant comment Ace pouvait ne pas être terrifié par la vision du monde qu'il s'imposait.

La fleur enchaîna et raconta une histoire fort touchante et quelque peu drôle. Lorsqu'ils eurent tous les deux fini, la louve aux yeux sanguins se leva vivement  et alla se placer au dessus de la tête d'Ace qui était sur le dos avant de s'avancer fortement comme pour être sûre qu'ils se regardaient bien chacun les yeux dans les yeux. Elle s'exclama :

-Mais oui ! C'est bien ce que je disais ! Tu respectes tout mais tu n'aimes rien ! Sur ce point, je te suis, oui, bien sûr qu'on est une race de sauvages et qu'il n'y a que les demeurés qui se pensent au dessus! La nature nous a pourtant faits carnivores, et c'est ainsi, mais quand on meurt, on nourrit ceux que l'on mange! Et on peut se tromper de temps en temps, d'ailleurs, on se trompe souvent..Mais c'est important, je veux dire, de tenir à quelque chose, ou à quelqu'un en particulier ! On se sent vivant. Et même si tu prétend tout aimer, dans ce tout j'espère qu'il y a quelque chose que tu aimes mieux, sinon c'est vraiment triste ! Ta fleur, par exemple, ne me dis pas que tu l'aimes pareillement à toutes les fleurs du monde, si je l'écrasais, ne me dis pas que tu ne m'aimerais pas moins qu'un autre loup qui n'aurait jamais touché à un seul pétale de Lewy ! Elle s'arrêta, sa tête penchée laissait un grand nombre de ses longues mèches encadrer la tête d'Ace. Ce que je veux dire..C'est que je te crois intelligent, assez du moins pour saisir la subtilité dans les choses et dans les gens, et c'est un peu cracher à la gueule de cette subtilité que de prétendre qu'elle n'existe pas.

Bien, elle avait explosé son quota de mots pour les dix prochaines années ! Elle redressa la tête, et d'un mouvement rapide, elle ramena sa chevelure étrangement longue pour sa petite taille. Kenya regarda les corbeaux, avant d'ajouter, le ton plus sobre :

- Je ne sais pas si on peut dire qu'ils m'aiment...Elle semblait réfléchir, et ajouta, un sourire en coin, Quand j'étais petite, ou ado, je ne sais plus, ils me terrifiaient, ils me suivaient partout. Puis en grandissant, j'ai appris à faire avec, parfois ils partent, puis ils reviennent...peut-être pour vérifier si je suis encore vivante, ou si c'est bon, ils peuvent passer à table ! Elle rit, étrangement, cette pensée était drôle. Quant à la meute, c'est un peu comme ces oiseaux, elle m'effrayait avant..mais maintenant, c'est de l'indifférence. Je suis partie longtemps, mais maintenant c'est bon ! Je suis remise de mes émotions si l'on peut dire, ahah ! Elle trottina, autour de la grande fleur. La tige était énorme, et le haut de la fleur était si...Haut. Tu sais, quand j'ai choisi de faire espionne, c'était pour passer le moins de temps dans la meute, et avoir une raison de voir le monde ! Elle recula de trois pas, examina une fois encore la distance qui les séparait du haut de la fleur. Mh. Elle devait pouvoir se débrouiller.  Son regard s'illumina. Eh ! Tu veux qu'on monte ? Ça doit être génial là haut ! La demoiselle créa une première bulle d'air, puis une autre, puis encore une, ça ressemblait à un escalier, le seul bémol était que celui ci était invisible, et donc possiblement mortel pour quelqu'un qui ignorait où les bulles étaient. Si tu veux venir, saute bien là où je saute ! Parce que bon, ce serait cool si je revenais pas au camp en traînant ton cadavre...Y a mieux comme retour.. Créer ce système d'escalier lui donna mal à la tronche, mais elle souhaita de tout son être "voir là haut".