Chacune de ces minutes
que m'offrent encore la vie,
Chacune je les dispute
comme étant des sursis…

Pandore bondit sur le dos de la guerrière de la tribu des Crocs de Feu et y resta solidement accrochée, malgré les débattements furieux de son adversaire.
Soudain, la louve couleur marron roula sur le sol, mais la ténébreuse femelle avait anticipé cette manœuvre : en un instant, elle plaqua son ennemie à terre, sa gueule refermée au niveau de la veine jugulaire, un des rares points sensibles des loups.
Sa rivale brune gémit, et essaya de bouger une de ses pattes, ce qui ne fit qu’accentuer la douleur qu’elle devait ressentir.
C’est alors que l’espionne de la meute des Voix de l’Eau remarqua que son assaillante semblait penser à quelque chose…

*Reste concentrée, Pandore. Cette louve ne semble pas être une débutante dans l’art du combat…*

Se dit-elle.

Et comme pour illustrer ses propos, la guerrière ouvrit ses yeux jaunes et se releva, du sang coulant de sa blessure béante. Il faut dire qu’elle commençait à les collectionner. Mais ce n’était pas étonnant : Pandore avait une technique de bataille rapide et efficace, car elle n’aimait pas perdre son temps à se battre. Néanmoins, son ennemie était coriace. Cette dernière paraissait réfléchir. Alors la femelle au pelage de nuit se mit en position de défense, aux aguets.
Tout à coup, quatre nouvelles rivales apparurent et sourirent d’un air satisfait, dans un geste parfaitement synchrone. Cela faisait froid dans le dos.

*Elle utilise encore son pouvoir. Mais cette fois, je n’aurais pas le temps de…*

Commença la noiraude.

Elle n’eut pas le loisir de finir sa phrase quand les quatre silhouettes lui sautèrent dessus. Dans un geste désespéré, elle fit un écart vers sa gauche, mais elle sentit une pointe érafler sa chair. Son adversaire venait de lui infliger une égratignure au flanc droit, ce n’était peut-être rien, cependant dans l’état dans lequel se trouvait Pandore, cela la mit en rage.
Dans un élan de colère, elle grogna fortement, le regard fou de fièvre.

Sans trop savoir ce qu’elle faisait, elle fondit sur l’une de ses rivales, priant pour que ce soit la vraie.

« Fini de jouer, louveteau. »

Siffla-t-elle.

La loi du plus fort est la meilleure

« Une éraflure. Deux éraflures. Trois éraflures. Cela commença à faire beaucoup. »

Le pouvoir de Sarkava fonctionna à merveille. Déstabilisé, son adversaire n'eut pas le temps de faire quoi que soit, que la bêta était sur elle. Elle lui infligea une légère blessure au flanc droit. Elle ne put faire plus, car la louve au pelage sombre s'était esquivé. A son expression sur le visage, on pouvait voir qu'elle enrageait. Sarkava sourit intérieurement. La louve sombre voyait enfin quel effets ça faisait de se faire touché. La bêta prit ce petit temps de répit pour lécher sa blessure au cou, qui continuait de saigner. Malgré savoir qu'elle s'arrêterait de saigner dans pas longtemps, la louve s'inquiétait. Elle avait peur de ne pas pouvoir finir son combat ... La bêta n'était pas pessimiste, mais il fallait reconnaître que depuis le début, la louve sombre lui avait infligé multiples blessures, alors qu'elle ... elle ne lui avait infligé qu'une égratignure. La bêta n'était pas de nature pessimiste, bien au contraire, mais elle était réaliste, même si cela n'était pas à son avantage. Il fallait qu'elle trouve une tactique. Son pouvoir fonctionnait, mais elle était presque à son maximum, et elle avait peur de mettre le feu ... quoique, la plui battante qui s'abbatait sur le cimetière pouvait stopper un feu. Sarkava réfléchissait. Elle réfléchissait même trop, ce qui la déconcentra de son combat. Au moment ou elle s'en rendit compte, la louve sombre était sur elle. La bêta prit peur, mais se ressaisit. Elle recula et donna un coup de griffe en avant. Son coup se fit dans le vide. Sans se décourager, elle recula encore. Mais son adversaire avait sûrement prévu sa réaction, ce qui fit u'elle se trouvait là ou elle avait reculer, et sans pitié, de toute façon, Sarkava n'en voulait pas, elle la frappa dans le dos. Le coup fit partir la bêta en avant, qui s'affala de tout son long. Elle gémit, un gémissement inaudible. Elle sentit la douleur se propageait à l'arrière de son dos. La griffure l'avait sûrement ouverte sur tout le long. Sarkava n'avait jamais ressenti une douleur aussi prenante. Elle essaya de se lever. La douleur se fit de plus en plus forte. Mais elle ne pouvait pas abandonnait. Si ? Non. Sarkava était une bêta, une battante. Elle ne devait pas abandonner. Elle se releva, avec peine, certes, mais elle se releva. Ses pattes pouvaient flancher à tout moment, mais la louve s'en moquait. Ses oreilles était rabattu en arrière, sa mâchoire montrait ses grands crocs aiguisait. Malgré ses tremblements, la louve reprit ses esprits. La lueur de rage qui se lisait auparavant dans ses yeux s'estompa. A quoi bon être en colère ? A part à destabiliser l'esprit, la colère ne sert pas à grand chose. C'est un sentiment que la bêta éprouvait rarement, mais lorsqu'elle l'éprouvait, cela la déstabilisait au plus haut point, car elle n'y était pas habitué. C'est pour cela qu'elle décida de ne plus ressentir ... en tout cas, essayait. Elle souffla deux ou trois fois. Longuement. Elle se sentait déjà un peu mieux. Elle pouvait désormais réfléchir. Il ne lui fallut pas longtemps pour savoir ce qu'elle allait faire. Elle se concentra au maximum, même si sa blessure l'en empêchait un peu. Trois Sarkava apparurent alors autour de son adversaire. Un petit temps de répit s'offrait à elle. Elle but dans une petite flaque qui s'était formé, et qui n'était pas infesté de boue, puis décida d'appliquer son plan. Son illusion des trois elle-même devant son ennemi semblait fonctionner. La bêta, en boitillant, s'avança, puis sauta sur son adversaire. Si sa tactique marcher, elle apparaîtrait au dessus de ses trois illusions, créant un effet de surprise complet. La louve au pelage sombre n'aurait sûrement pas le temps de faire quoique se soit.

*Vais-je encore tomber dans du vide ?*

Se demanda-t-elle, anxieuse.

Quand en moi tout est mort,
tout est vide tout est sombre.
A l'extérieur je suis fort,
fort d'être au dedans une ombre...

*Oui !*

Ce cri intérieur de victoire fut poussé par Pandore, lorsqu’elle sentit le contact d’un corps bien réel sur sa patte avant. D’un côté, heureusement qu’elle n’était pas tombée sur une des illusions, sinon elle se serait affalée de tout son long sur le sol à présent boueux du Cimetière Interdit, et elle ne savait pas si elle aurait réussi à se relever…
La ténébreuse louve venait de frapper son ennemi au dos, et la force du coup -la force du désespoir-, projeta son adversaire en avant, la faisant tomber à terre, le museau dans la bourbe. Un gémissement inaudible sortit de se corps allongé. Il faut dire que la noiraude ne l’avait pas raté : un coup de griffe bien placé en plein sur l’échine, et la douleur peut se propager de la nuque jusqu’à la croupe. La sombre femelle tenait cette technique d’une vieille histoire, du temps où l’espionne de la tribu des Voix de l’Eau découvrait les nombreux plaisirs de l’aventure et des vagabondages à la découverte d’autres territoires.
Elle s’était retrouvée dans une petite clairière de la Jungle Verdoyante, à la frontière. Cachée derrière la dense végétation, elle avait assisté à une scène de combat : deux loups adultes se battaient férocement. Avec leurs mouvements précis et efficaces, on pouvait facilement deviner que ces deux rivaux étaient des guerriers passés maîtres dans l’art du duel. En humant l’air, le jeune loupiot qu’elle était devina qu’un des deux lupins était de la meute des Griffes de la Terre, et l’autre du même clan que Pandore. Et à un moment, ce dernier bondit sur le dos de son opposant et lui décocha ce fameux coup de griffe. La malheureuse victime s’écroula, le souffle court.
Ne voulant pas être repérée, le louveteau au pelage corbeau s’était empressé de déguerpir. Mais la noiraude garda en mémoire cet épisode.
C’était un peu comme cela que la femelle couleur nuit avait appris à se battre. Arrivée à l’âge de l’apprentissage de cette pratique, elle connaissait déjà beaucoup de coups et de parades. Elle ne fit que se perfectionner. Et depuis, l’espionne créa et développa sa propre manière de combattre.

La guerrière toute tremblante de fatigue des Crocs de Feu s’était relevée avec peine, les oreilles rabattues et les canines dévoilées. Le duel continuait. Elle souffla longuement deux ou trois fois et fit apparaître d’autres clones autour de la noiraude.

*Encore ? Cette louve commence sérieusement à m’agacer avec son pouvoir !*

Maugréa Pandore.

Soudain, une quinte de toux plus forte que les précédentes s’empara de sa gorge et sa fièvre lui serra la tête comme un étau brûlant.

*J’avais failli oublier ce petit détail…*

Ironisa-t-elle.

De justesse, elle esquiva l’attaque surprise de son adversaire. Elle-même ne sut pas comment elle avait réussi cette feinte.
Reprenant ses esprits, elle se concentra en fermant les yeux et fondit sur la guerrière brune, espérant que ce ne soit pas la dernière fois…