C’était à première vue, un loup gris, blanc et noir. Il avait une corpulence incroyable comparé à moi ! Il devait surement être coriace. Vaudrais mieux pour moi d’être plus sur mes gardes…Malgré de temps qui passait, je répondis enfin à sa question.

-Je suis Terra, guérisseuse de clan de la Terre. Et si je suis ici, c’est tout simplement de mon plein gré.

Néanmoins, le loup gris avait l’air assez perplexe...Il me regardait d’une drôle de façon. D’accord j’étais sur son territoire, mais ce n’est pas une raison…Cette fois ci, on se regardait droit dans les yeux, un vent doux venait envahir nos fourrure avec la fine pluie qui tombé du ciel nuageux. On ne voyait que nos profonds regards…Je me décidai enfin à aller au devant, et à partir d’ici, je passai tout prêt du loup tout en restant méfiante. Mais…On aurait dit qu’il ne voulait pas me laissé partir…

-Bon, eh bien c’est quoi ton problème ?! Lui crachais-je à la figure en essayant de resté le plus calme possible.

Le loup s’énerva sur le coup et se jeta sur moi avec férocité ! N’ayant le temps de ne faire aucun geste, il planta ses crocs soudainement dans ma gorge. Sur le moment, j'ai bien cru que c'etait fini...Ceci me fit une douleur assez horrible, puis, il me relâchas aussitôt.

-Ta prochaine erreur risque de te coûter cher...Très cher...

- Qu’est-ce que j’en est à foutre !

J’en avais assez ! Discuter avec lui était une perte de temps, surtout si celui-ci m’empêchai de partir… ! Eh bien voilà, c’était décider ! Le temps de prendre une grande inspiration, et de trouvé la force de marcher, je fis un demi tour, pour prendre le plus d’élan possible, et bondit sur l’ennemi. Je plantai enfin mes crocs dans l’épaule de mon adversaire qui fit couler le sang en quelques secondes, et pour au moins essayer de le mettre à terre. Malheureusement, ma blessure au coup me fit lâcher prise…

[Je vous rejoins, j'espère que je ne dérange pas...]

Leyne l'avait vexé, une fois de plus, en le taquinant sur son défaut caché: sa peur du noir. Un comble, pour un loup aux mœurs majoritairement nocturnes. Mais d'ordinaire, un faible clair de lune suffisait à ses yeux de prédateur pour percer la pénombre. Ce qu'il craignait, c'était les ténèbres profondes, celles qui fondent herbes, buissons, arbres et ennemis dans un brouillard incertain. Compter uniquement sur l'ouie et l'odorat le remplissait d'angoisse, malgré la sensibilité de ces sens.
Ce complexe constituait un point faible inavouable pour Kinse, qui aimait à être admiré par les autres jeunes pour son talent. S'il avait relevé le défi de sa soeur, c'était moins pour l'impressionner que pour se prouver quelque chose à lui même.
S'aventurer dans la Forêt des Ombres au crépuscule, tel était le pari. Il devait ramener une preuve de son courage, et avait tout naturellement pensé à une plante qui ne se développaient qu'en cet endroit hors d'atteinte des rayons du soleil. Il avait entendu parler de genêts endémiques, de petits arbustes qui poussaient non loin de la lisière au dire de Mara. Il était prêt à tester sa volonté, mais il ne fallait pas non plus trop pousser... Après tout, ce n'était qu'un jeu. En dehors de sa phobie, il n'était pas vraiment effrayé... Il n'y avait pas de danger réel ici. La forêt était leur territoire et il ne voyait pas l'intérêt stratégique de cette étendue hostile et peu giboyeuse.

Il progressait à pas furtifs, humant l'air frais de la nuit. La lune n'était pas encore levée, et il ignorait si son éclat suffirait à percer la barrière des frondaisons. Autrement dit, il n'y voyait rien, et malgré ses précautions, il sentait ses coussinets heurter des obstacles et se prendre dans des ronces. Son cœur battait à chaque fois, et il lui semblait voir des formes se mouvoir aux coins de son champ de vision. Il se fraya, tant bien que mal, un chemin à travers les fourrés, empreintant les pistes tracées auparavant par d'autres animaux, des sangliers, à l'odeur. Le silence était oppressant, contre nature dans un lieu aussi vivant qu'une forêt. Il savait bien que celle-ci n'était pas normale. Il avait fait attention à progresser parallèlement à la lisière, mais le doute grandissait en lui. N'aurait-il pas dû déjà atteindre son but? Allait il errer dans les Ombres de la Forêt jusqu'à mourir d'épuisement?
Enfin, il déboucha sur une clairière. Même ici, les arbres étendaient leurs ramures si loin et si haut que peu de lumière pénétrait jusqu'au sol. Néanmoins, cela lui suffit à distinguer que ce qu'il foulait depuis un moment n'était autres que des touffes rabougries, des plantes à l'air maussade qui, constata-t-il en les frôlant de la truffe, présentaient les baies typiques de l'espèce. Il ouvrit délicatement sa gueule pour arracher une tige sans crever les fruits rouges de ses crocs. Il ne se souvenait pas de l'usage que Mara faisait de ces simples et savait qu'une simple différence de dosage suffisait à changer un remède en poison. Il aurait été vraiment dommage de mourir d'intoxication, si jeune, pour une raison aussi stupide!

Mais Kinse ne s'empara jamais des genêts, car à cet instant, le vent tourna et apporta à ses narines une odeur âpre, synonyme de péril. Du sang versé.

Il se redressa, aux aguets, ses grandes oreilles cernées de noir pivotant d'avant en arrière à la recherche de bruits de combat. Des éclats de voix, assez proches, lui parvinrent alors et il se demanda comment ils avaient pu lui échapper dans le silence ambiant, dont cette agitation était surement la cause. Il aurait dû se douter que quelque chose clochait.

Il n'hésita pas plus longtemps et se précipita dans cette direction, mettant toute sa force à tendre ses muscles et à bondir aussi vite qu'il le pouvait. Il ne réalisa pas que mû par le sentiment d'urgence, son instinct et ses sens le guidaient aussi sûrement qu'en plein jour.

La scène face à laquelle il tomba ne lui laissa pas le temps d'être choqué ou de s'interroger. C'était Buster, il était aux prises avec un autre loup, l'ennemi était lancé dans une attaque, et la nuque était sans défense.
Une vertèbre brisée, et c'était la mort assurée.

Il se rua sur eux, sautant à l'encontre de cette mâchoire dangereusement ouverte, et en plein vol heurta l'adversaire sur le flanc. Ses côtes flanchèrent sous le choc et l'air fut expulsé de ses poumons comme il s'écrasait au sol, son corps entremêlé par dessus celui de l'autre loup. Paniqué à l'idée d'une réplique contre sa gorge vulnérable, il se redressa en trébuchant et recula précipitamment.
Pattes arquées, sa fourrure sombre se dressant, hérissée, sur son échine, il se positionna entre les deux belligérants. Il haletait. Jamais son cœur n'avait battu aussi fort, comme un pic-épeiche logé dans son poitrail. C'était un ennemi du clan, un vrai combat, un risque de mort. Il s'était tant entrainé dans cette perspective: servir son clan. L'occasion était là, leur territoire avait été violé... Et pourtant... Et pourtant!
Il avait attaqué pour protéger son camarade. Il ne pouvait pas prendre l'initiative. Il aurait dû profiter de l'occasion, mais il resta en position défensive.

Ses pupilles dilatées au maximum, Kinse observa l'intrus. C'était une femelle, et son pelage d'un rare vert se fondait dans la végétation environnante. Elle semblait très mal en point. L'odeur de son hémorragie abondante l'avait attiré jusqu'ici. Buster aussi était blessé: une de ses pattes ne reposait pas sur le sol. Mais moins que la douleur, une expression singulière déformait ses traits: ses babines noires totalement retroussées dévoilaient son impressionnante dentition et fronçaient son museau tandis qu'un grognement sourd montait de sa gorge. Derrière la rage, on aurait dit qu'un sourire brillait dans ses yeux.
La violence de cette réalité le fit frissonner. Il connaissait les combats pour le jeu ou la domination, mais la guerre était différente. Il n'y avait pas de règles. Et Buster... Il avait toujours apprécié ce loup vaillant et sympathique, sans prêter attention aux on-dit qui courraient. Mais en cet instant, son allié l'effrayait presque plus que la louve.