J'étais là, posée sur un rocher, sous un ciel éternellement blanc en cette saison. L'aube était déjà passée, et je me détendais près de la Source Cachée. Le clapotis de l'eau était paisible, et me calmait. Je roulai sur le flanc, profitant de l'instant. Il manquait plus qu'un grand soleil radieux et du gibier bien juteux, et ce serait le summum. Mes yeux verts luisants peinaient à rester ouvert. La faim nous tenaillait tous, et c'est possible qu'une guerre éclate. J'espère juste, que mon fils ne se mêlera pas de ça. Je ne veux pas le perdre comme les deux autres, il est tout ce qui me reste de ma famille. Je fermai mes yeux, faisant une bref sieste. Les sons de la nature m'enleva de la tête tous mes problèmes. J'inspirai lentement, et expirai lentement. Je repensai au printemps, à ma mère. Je me rappelle de sa fourrure si douce, et brune. Ses yeux bleus, exprimant toute sa douceur et son amour. Mais au songe de mon père, je n'étais pas si heureuse. Il ne m'aimait pas, et je n'ai jamais su pourquoi. Mais une chose est sûre, c'était tout de même mon père et les liens de famille sont plus forts que tout. Il était noir, un noir qui faisait peur et qui exprimait son caractère de brute assoiffée de pouvoir. Un noir sans lune, sans étoiles pour nous rassurer. Je m'étais toujours demandée, comment ma mère, Belle-de-Jour a fait pour succomber sous son charme. Je soupirai. J'aurais tellement aimé mieux le connaitre, mais se fut impossible à cause de sa mort. Je pensai à mes enfants, mes petits chéris. Snow, Night et Rainystorm. Ils étaient tous différents. L'une blanche, l'autre noir et le dernier me ressemblait. Ils étaient nés en mauvaise saison, si ce n'était pas le cas, ils seraient toujours à mes côtés. Je priai pour que Rainystorm soit en sécurité, protégé. Mais une chose brisa mon étrange calme. Mes yeux s'ouvrirent, et toute ma rage était lisible à l'intérieur. Je me relevai en vitesse, et me cachai dans un buisson. L'odeur des Griffes de la terre ....

Je vis la silhouette au loin. Cette odeur était familière, et sa forme aussi .. La colère m'emplit en reconnaissant la louve brune : Chiria. Je sortis de ma cachette, et me présentai à elle. De mes yeux emplis de rage, je lui demandai d'une voix où toute ma colère se lisait :

« Je croyais t'avoir prévenue de ne plus revenir ici. »

Ma phrase était d'une telle froideur ! Mon sourire d'habitude si rassurant était devenu des babines entrouvertes, laissant apercevoir des crocs blancs et redoutables. J'étais à moins d'un poil de caribou de la béta. Si elle se croit la plus forte et maline, elle se trompe !