Une partie de chasse
ou une promenade ?

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La Lune est belle lorsque le loup l'espère

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Pandore marchait sereinement dans la neige qui recouvrait la Prairie Étoilée, admirant de son regard de glace la voûte céleste, richement mouchetée d’astres lumineux en cette belle soirée d’hiver.
La ténébreuse espionne venait de passer une journée calme, paisible à souhait, pendant laquelle elle avait pris le temps de se reposer. Ces derniers jours, elle n’avait pas arrêté de sillonner les terres d’Estryä, et ces longs parcours commençaient à peser sur ses pattes. Et puis, il fallait avouer qu’il plaisait à la noiraude de se sentir quelques fois chez elle, ne pas avoir besoin d’être toujours sur ses gardes, à l’affut d’un quelconque danger.
La louve au pelage de nuit sans lune allait rentrer au camp lorsqu’elle aperçu, à la lisière de la forêt, une petite silhouette aussi noire que sa fourrure s’approcher. A la clarté de la Lune, elle reconnut la « fille adoptive » de son Alpha et amie, Brume : Zarelle, l’apprentie Bêta de Darkavinge.
La sombre femelle ne connaissait pas vraiment cette jeune louve aux reflets roses, mais avait maintes fois entendu parler de son caractère… bien trempé. Toutes ces histoires faisaient sourire Pandore : Zarelle avait le même tempérament entêté et sang chaud que Brume. Cependant, son côté manipulateur et prétentieux ne lui plaisait pas du tout. Mais qu’est-ce que cela pouvait bien faire ? La personnalité des uns et des autres ne l’intéressaient pas plus que cela au fond. Chacun vivait comme il le voulait. Et, la noiraude ne se considérant pas parfaite -loin de là même- pour ce qui était du caractère, elle n’avait pas de leçon à donner.

« Bonsoir Zarelle. »

Lança-t-elle d’un ton poli mais sans exagération.

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ou une promenade ?

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La rêverie est le clair de lune de la pensée

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La jeune femelle aux reflets roses se tourna vers Pandore, guidée par le son de sa voix.

-Bonjour, …eh Pandore ? Dit-elle en s’asseyant dans la neige.

L’espionne au pelage couleur corbeau jeta un bref coup d’œil à l’astre laiteux. Sa lumière diffuse éclairait étrangement son regard de glace. La noiraude avait toujours beaucoup apprécié la Lune, ce disque blafard si solitaire au milieu d’innombrables étoiles, qui se transformait au fil des nuits en un fin sourire.

« Ton mentor t’as laissé un peu de temps libre ? Ton apprentissage se passe bien ? »

Lui demanda-t-elle pour meubler la conversation.

L’énigmatique louve s’assit à son tour, posant délicatement sa queue sur ses pattes avant. La compagnie de Zarelle ne lui était pas vraiment désagréable, de plus, elle aimerait bien en savoir davantage à son sujet. Cette apprentie sera sans aucun doute la future Bêta, et comme la noiraude souhaitait le meilleur pour sa meute, elle s’intéressait particulièrement aux futurs meneurs. Certainement pas pour critiquer ou pour quelque autre dessein vicieux, mais simplement par pure curiosité.
Cette idée d’un avenir à la fois si proche et si lointain donnèrent à ses pensées un arrière-goût mélancolique, presque nostalgique.

*Imaginer et appréhender le futur ne sert à rien. Ce sont nos actes qui créent notre avenir.*

Se résonna-t-elle, chassant de son esprit toutes ces divagations.

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Le loup en chasse pour tuer ne hurle pas.

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-Oui mon apprentissage se passe bien… mais je ne suis pas douée à la chasse… Répondit Zarelle en faisant un petite moue.

-Dark’ m’a donné un congé, mais je devais rapporter du gibier au clan donc présentement mon « devoir » n’avance pas vraiment rapidement…. Rajouta-t-elle, apparemment un peu déçue.

Pandore esquissa un léger sourire en coin, plein de bienveillance. La jeune louve reconnaissait ses faiblesses et, bien que vraisemblablement elle ne les acceptait pas, c’était déjà une très bonne chose.

« Il est vrai que la chasse est une activité assez particulière, qui demande beaucoup de qualités comme la vitesse, la précision, la concentration, la patience et la discrétion. La chasse est ancrée dans nos gènes de prédateur. Enfin, je ne fais que te répéter ce que l’on m’a appris et ce que j’ai pu constater après tout ce temps, car pour ma part, je ne suis pas ce que l’on peut appeler une adepte de l’art de la chasse. Je me contente de chasser par nécessité. Je préfère de loin traquer des informations plutôt que du gibier si tu vois ce que je veux dire… »

Lui dit la noiraude d’un air malicieux.

La femelle au regard de glace aurait très bien pu proposer son aide à l’apprentie Beta, mais elle savait pertinemment que si elle le faisait, l’honneur de Zarelle en prendrait un coup. « Ne fait pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse ». C’était un des principes fondamentaux de Pandore. Et elle avait toujours refusé l’aide de qui que ce soit pour remplir ses missions. Alors elle s’y prit d’une manière plus subtile, pour ne pas froisser l’orgueil de la jeune louve :

« Tu te sens plus à ton aise dans le combat, je me trompe ? Si on y réfléchit bien, la chasse ressemble un peu à un duel : il y a un gagnant et un perdant. Je pense que la plupart des chasseurs ont le même état d’esprit que les guerriers aguerris. C’est eux ou leur adversaire. Et si on va chercher encore plus loin, même les espions ont des points communs avec les chasseurs : se sont tous des traqueurs silencieux. Donc en sommes, la chasse est une sorte de mélange entre ces deux autres professions. Du moins, c’est mon avis. »

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ou une promenade ?

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Quelle que soit sa taille, l'aigle, lorsqu'il veut prendre sa proie, plane et cesse de battre de l'aile

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Pandore voyait bien que son petit discours sur la chasse ne passionnait pas vraiment Zarelle. Elle n’en était pas vexée, au contraire, cela lui rappelait son propre caractère. En effet, la noiraude aurait réagi de la même façon. Peu lui avait importé les dires des mentors pendant son apprentissage, elle ne les avait écoutés que d’une oreille et s’était toujours fait son propre avis et sa propre expérience. Cependant, elle n’a jamais regretté son comportement : elle était restée elle-même, que cela plaise ou non.
Revenant au moment présent, l’espionne au regard de glace remarqua un petit sourire dessiné sur le visage de la jeune louve aux reflets roses.

-Oh je vois… moi je crois que c’est justement la subtilité qui me fait défaut… je n’aime pas trop me terrer, me cacher et passer inaperçue. Oh non au contraire ! Je préfère m’exprimer, me montrer et confronter. Dit-elle en étirant ses babines.

-Mais dis, toi tu pourrais me montrer comment tu fais. Peut-être que ça me rentrerait plus dans la tête si ce n’est pas Dark’ qui me le montre. Proposa l’apprentie.

La femelle au pelage couleur corbeau émit un petit rire discret et sincère. Lui montrer comment être plus silencieuse ? Pourquoi pas. Néanmoins, elle savait pertinemment qu'un simple cours ne suffirait pas. Même des dizaines n'arriveraient pas à changer une personne extravertie en ombre. Pour y parvenir, il n'y avait qu'un seul moyen : se mettre en situation. Et qui dit situation, dit danger. Oui, rien de mieux que risquer sa vie pour faire des progrès. C'était peut-être excessif, cependant c’était la meilleure façon de s’améliorer que Pandore avait testé au cours de sa formation.

« Si tu y tiens, c’est d’accord. Ne t’attends pas non plus à quelque chose d’exceptionnel, je te rappelle que je ne suis pas chasseuse.

Lui répondit-elle.

Bon, commençons par le commencement : déjà, tu dois avoir conscience de ton corps, c’est-à-dire qu’il ne faut pas oublier que tu as un certain poids, une certaine taille et ainsi de suite, ce qui a des conséquences sur ton environnement. Tu dois donc te déplacer en fonction de ces paramètres. »

Brusquement, la noiraude se tapit au sol, le ventre plaqué contre la terre fraîche de cette fin de soirée, les oreilles rabattues et la queue légèrement relevée pour ne pas frôler l’herbe : elle avait repéré un lapin non loin de là. Avant d’entamer son approche, elle lança un coup d’œil à Zarelle, l’air de dire "voilà une démonstration, ne bouge pas et contente-toi d’observer pour une fois".
Progressant tel un félin silencieux, l’énigmatique espionne arriva rapidement à deux mètres de sa proie. Cette dernière n’avait pas bronché, absorbée par une quelconque quête de nourriture.
Soudain, la louve contracta ses muscles et bondit, atterrissant juste sur le malheureux rongeur aux yeux exorbités par la peur, et lui brisant net la nuque, d’un coup de griffe sec bien placé. Puis, elle le prit entre ses crocs et le rapporta en quelques foulées à l’apprentie Beta.

« Compris ? »

Lui demanda la ténébreuse femelle après avoir lâché sa prise à ses pattes.