Leyna avait passé la matinée à chasser. L'aube était idéal pour cela, les animaux étaient moins prudents, à peine réveillés ils sortent de leurs trous sans même se soucier qu'un loup affamé par l'ardeur de l'hiver les attendent, les crocs prêt à s'enfoncer dans leurs cous, les tuant rapidement et sans douleur. Elle avait réussit à attraper deux lapins encore endormis, et un écureuil qui avait fait tombé sa noisette en bas de son arbre. Une erreur mortelle. Elle ne les avait pas encore mangé, bien que le gout du sang dans sa bouche la tenta plusieurs fois. En vérité, elle voulait les offrir à son frère Kinse. Depuis qu'il était rentré, elle s'inquiétai constamment à son sujet. Elle avait peur qu'il ne soit pas heureux ici, car après tous les récits fabuleux provenant des contrées lointaines qu'il avait visité, elle ne doutait pas que revenir ici, dans ses terres glacées par le froid, était beaucoup moins plaisant. Elle aimait beaucoup prendre ses repas avec lui, et passé ses après-midi en sa compagnie, cela compensait les mois de solitude qu'elle avait traversé lorsqu'il avait disparu. Elle se souvient avoir beaucoup pleuré, d'avoir essayé de repousser le désespoir en ayant chaque soirs une pensée pour lui, en espérant qu'il reviendrait bientôt, la gratifiant d'un de ses sourires qui lui réchauffe le cœur, jusqu'à ce qu'elle n'ait plus de larme à verser, jusqu'à ce que son image devienne floue dans sa mémoire, qui commençait déjà à oublier le son de sa voix, les moments partagés et les rires contagieux. Elle comprit qu'elle devrait se débrouiller seule, à présent, et se résolu à cette idée. Elle lui en avait voulu, elle l'avait terriblement haït par moment, elle l'avait haït pour l'avoir laissé, seule et sans défense. Était-elle si inexistante à ses yeux pour qu'il ne daigne même pas lui dire au revoir? C'est tout ce qu'elle aurait demandé, elle ne l'aurait pas retenu, elle aurait juste aimé des adieux, pour enfin classé cette histoire dans un coin de sa tête, pour y repenser les nuits d'insomnies seulement ...

Elle avait finit par s'habituer à son absence, parfois même à l'oublier complètement. Les mêmes journées se répétaient inlassablement. Elle avait prit son rôle de guérisseuse plus au sérieux, comprenant ce que la perte d'un être chère pouvait engendrer, et lorsque la guerre éclata, cela devint sa seule préoccupation. Soigner, maintenir la vie, cela occupaient constamment ses pensées la poussant à garder espoir. Garder espoir, et permettre aux autres de l'entretenir. Elle n'avait pas le temps de se faire des amis, elle ne voulait pas de toute manière, cela serait une perte de temps. Comment pouvait-elle imaginer rire alors que ses terres se faisaient ravagées et que le sang coulait? Ce fut un soulagement lorsque la paix fut déclarée du nouveau, elle se détendit, devint beaucoup plus gaie, et amicale. Elle n'avait toujours pas d'amis, mais les loups de sa meute l'appréciaient beaucoup plus, surtout les doyens, dont elle s'occupait avec douceur, voyant en eux sa solitude et son besoin d'amour qu'elle n'arrivait pas à combler. Puis un jour, il est revenu. Elle ne se souvient même pas où et comment s'est arrivé. C'est arrivé, c'est tout. Et elle regretta toutes les pensées hargneuses qu'elle ait pu avoir à son égard. Elle ne lui en voulait plus, sa simple présence suffisait à panser les blessures de son cœur, et la porte qu'elle avait depuis si longtemps fermée, contenant tout leurs souvenir se ré ouvrit. Cette sensation de légèreté et de chaleur dès qu'il apparaissait, n'avait jamais été aussi forte. Elle avait dut mal à s'arracher à lui, apeurée qu'il ne s'échappe une nouvelle fois et la laisse seule, avec ses cauchemars et ses pleurs. Mais dès qu'il lui sourit, un de ces sourires tant regrettés, ses peurs s'évanouissent, et elle sait qu'il ne pourrait pas, et qu'elle ne le laisserai pas faire.

Il est déjà trois heures de l'après-midi, tu ne pense pas que tu devrais te lever un peu, paresseuse? Après avoir tant courut, elle était tombée dans un profond sommeil, qui apparemment avait duré plus longtemps que ce qu'il aurait dut, mais rien que le son de sa voix lui redonna des forces. Elle eut un petit sourire alors qu'elle redressai la tête pour le regarder. Qu'il était beau, là. Un halo lumineux faisait briller son pelage parsemé de gris, ses yeux habités d'une lueur joyeuse, on aurait dit un dieu.

« La paresseuse a chassé pendant que tu roupillais, alors fais attention à ce que tu dis si tu ne veux pas mourir de faim. » dit la louve sur un ton joueur tandis qu'elle commençait à s'étirer.

Ce qui lui avait le plus manquer c'est surement cette complicité. Il lui suffisait d'un regard pour qu'il sache ce qu'elle ressent, et inversement. Pouvoir se comprendre sans avoir besoin de rien dire. Oui, cela lui avait manqué, ainsi que ses sourires qu'elle était la seule à pouvoir profiter.