En cette merveilleuse matinée d'automne, emplie de couleurs chaudes, le jaune, le rouge, le orange... Le sol couvert d'un tapis de feuilles colorées... Je me décide à abandonner mes loupiots pour une journée. Pas sans prévenir, bien entendu, mais ça fait longtemps que je n'ai pas pris un jour de congé.

Je prends une direction au bol et m'y dirige d'un petit trot agréable et tranquille. J'aime sentir le sol mouillé sous mes pattes. Ça glisse un peu, mais ça ne me dérange pas, j'aime trop ce temps pour me laisser déstabiliser par un sol glissant. Une patte qui dérape, c'est pas la mort, j'en ai trois autres pour rattraper le coup, s'il faut...

Je me retrouve après quelques heures de petits trop, c'est fou comme cette allure est très infatigante, ou presque. On peut tenir des heures, voir des jours à cette allure... Bref, me voilà dans les collines oubliées. Bon, bah qu'à cela ne tienne... Autant y dénicher un repas, tant qu'à faire. Il y a trop longtemps que je suis nourrie par la meute parce que mon rôle dans celle-ci m'empêche de me nourrir par mes propres moyens. Hey oui, les loupiots, ça accapare tout le temps qu'on pense avoir de disponible et on final, on se lève pour travaillé et on arrête de travaillé pour aller se coucher... Mais ce n'était pas vraiment un travail, j'aime les loupiots, alors je ne plains pas vraiment...

Soudain, un lapin sort du fourré et passe sous mon nez. D'abord interloquée, je ne met pas longtemps à me reprendre et file à travers l'herbe derrière le lapin. La course ne dure pas longtemps, les lapins sont des êtres stupides et incapables de réfléchir correctement pour échapper à la chasseuse hors pair que je suis.

Je décide donc de manger mon repas sur place, pas envie de me borner à aller me cacher, de toute manière, je suis sur les terres de ma meute, il ne peut, théoriquement, rien m'arriver... Si ?

Alors que je déguste tranquillement mon lapin, je relève un moment la tête pour sentir le vent frais dans ma fourrure. J'aime cette saison, elle est emplie de couleur chaudes, tellement chaudes que même le froid de la saison ne parvient pas à refroidir mes ardeurs.

Je replonge tranquillement dans mon repas, prenant le temps de manger, contrairement aux autres jours ou je dois m'empresser d'engloutir tout ce que je peux le plus vite possible pour éviter de me faire surprendre par les loupiots qui auraient terminés avant moi et en profiterai pour aller faire des bêtises. Hey oui, le métier de nourrice n'est pas vraiment de tout repos comme d'autres aiment à le penser. C'est d'ailleurs souvent les guerriers qui ont si peu d'estime pour nous, parce que nous ne sommes pas des êtres indispensables à la meute, selon eux.. Pff, le jour ou les nourrices feront grèves et que les guerriers se retrouveront à devoirs garder des loupiots, on verra s'ils continuent à tenir le même discours.

Soudain, pendant que je mange tranquillement, je sens une nouvelle odeur me parvenir aux narines... Et ce n'est pas une odeur familière et surtout, pas de chez nous. Je me redresse lentement et regarde autour de moi, tentant d'apercevoir l'intrus, camouflée par les hautes herbes. Une louve noire est en approche et vu son odeur, elle ne fait pas partie de la meute.

Je ne méfiais pas vraiment des loups d'autres meutes avant, jusqu'à ce que l'une d'entre-elle, un jour, se faufile dans le camp et tue un loupiot en guise d'avertissement suite à un conflit entre elle et une louve de la meute. J'avais très peu apprécier, surtout que le loupiot était sous ma garde. Autant dire que la louve ennemie à passé un sale quart d'heure. On ne touche pas mes loupiots !

La louve s'approche de moi, sans paraître le moins du monde dérangée de se trouver en terres ennemies. Et bien, qu'à cela ne tienne, je vais me charger de lui rappeler qu'elle n'est pas chez elle ici et qu'elle ferait mieux de déguerpir vite fait !

Et en plus, elle se permet de me dire que je ne fais pas mon devoir correctement ! Non mais quel culot. Elle va voir celle-là.

"Oui, c'est une belle journée pour te botter le cul pour avoir mis les pattes sur des terres qui ne sont pas les tiennes ! Dégage d'ici avant que je ne donne l'alerte, je ne me répèterai pas !"


Pour accentuer mes paroles, je fais monter dans ma gorge un grognement sourd. Je me rabat sur moi-même, les oreilles en arrière, babines retrouvées, dévoilant mes crocs étincelants et prête à bondir. Hey oui, ce n'est pas parce que je suis une nourrice que je ne sais pas me battre, au contraire, je suis capable de défendre les petits qu'on me confie, que ce soit d'eux-mêmes, ou de véritables ennemis.