Par cette matinée ensoleillée et le manteau blanc qui recouvrait les terres des Crocs du Feu, les autres nourrices et moi avons décider d’emmener les petits en balade, à condition qu’ils se tiennent tranquilles et promettent de ne pas s’éloigner. Tous ont promis et puisque qu’aucune de nous n’avait congé aujourd’hui, nous étions assez nombreuses pour faire cette promenade sans risquer que l’un des loupiots n’échappe à la surveillance de toute à la fois… Les loupiots sont fous de joie, courent partout, sautent dans la neige. Se sautent dessus. Ho, l’un a sauté dans un tas plus gros que lui et il n’arrive plus à s’en sortir. Je lègue l’ouverture de la marche à une collègue et je vais le chercher. Je le prends délicatement par la peau du cou, plongeant ma truffe dans la neige. Il se laisse faire et se recroqueville pour être le plus petit possible. Je repars en trottinant, le petit dans ma gueule en direction de la meute de petits loupiots. Je le pose ensuite et reprenant ma place à la tête de la meute, le petit trottine à mes côtés, tout fier. Frimant devant ses compagnons. Je lève les yeux au ciel mais ne dit rien.
Nous avons décidé de faire le tour du territoire, sans trop nous approcher des frontières bien entendu. Et nous avons également averti les gardiens et les patrouilleurs ainsi que les guerriers que nous emmènerions les petits en balade. La meute au complet sait que nous nous baladons, il y a probablement même certains guerriers qui nous ont suivis pour veiller sur notre précieux convoi. Malgré tout, notre balade est tranquille. Personne ne vient nous déranger. Les petits ne se doutent même pas que nous sommes suivis pour notre sécurité. Pour eux, c’est bien plus excitant d’être seuls dans la nature, sans protection. Enfin, pour les plus téméraires d’entre eux. Mais les nourrices sont confiances. Elles savent toute que n’importe quel loup, avant de toucher aux petits, aura à faire à moi. Et la meute entière sait de quoi je suis capable pour protéger les loupiots. Un jour, j’ai balancer un cadavre à la tronche des guerriers en leur demandant de mieux faire leurs boulots afin de m’éviter ce genre de désagréments pendant que je me baladais avec un petit loup… C’est pour cette raison que je me retrouvais toujours en tête de file dans ce genre d’évènement.
Soudain, le vent soufflant de face m’apporte une odeur… Je lève la truffe en l’air et inspire plusieurs fois. Une odeur inconnue. Et surtout, une odeur d’eau. D’un bref jappement j’appelle les autres nourrices à moi. Une fois autour de moi, je chuchote doucement :
« Nous ne sommes plus seules. Prenez les loupiots, faites demi-tour et rentrer. Sans les affoler, prétexter simplement que j’ai pris le mauvais chemin et que nous devons retourner en arrière pour retrouver le bon. Je veux que les guerriers vous suivent, les loupiots doivent être protèger, je me débrouillerai seule… »
Et sans attendre, j’attrape le petit qui se cachait derrière mes pattes pour écouter et lui lance un regard sévère ainsi qu’un ordre de se taire… Il se ratatine sur lui-même se soumettant et me prouvant ainsi qu’il obéira. Je le confie au reste des nourrices et j’attends qu’elles redirigent le convoi. Les loupiots râlent et certaines me lancent même des regards mauvais à cause de ma bourde. Je leur lance un regard d’excuse et fait mine de rester en arrière pour fermer la marche avec une collègue. Quand les loupiots sont concentrés sur le chemin et m’ont oublié, je fais demi-tour et me dirige vers la provenance de l’odeur.
Je me retrouve dans les Collines de l’Oubli. Je fixe mon regard et chercher mon ombre. Elle est devant moi, le soleil est donc derrière moi. Parfait ! Je relève la tête et j’avance en direction de l’odeur inconnue. De loin, je vois un grand loup, impressionnant, qui veut se faire croire encore plus en roulant des mécaniques. Il croit sincèrement me faire peur ? Moi, je connais le point faible des mâles… J’active mon pouvoir et à l’aide d’une rafale de vent qui passait dans mon dos, je lui envoie une odeur incroyablement bonne, une effluve envoutante et dévastatrice pour qui aime un tant soit peu les plaisirs de la vie. J’en ai eu des plus coriaces que lui, et ils ont terminés en rampant sous mes pattes en me suppliant de ne pas les abandonner. Pathétique ! Mon but, pour celui-là, je ne le sais pas encore exactement, tout ce que je sais, c’est que je vais le retenir un moment, histoire de laisser le temps au convoi de loupiots de filer et de retourner à la maison, bien à l’abri, près des tanières.
Je prends ma démarche la plus féline que je peux, histoire d’y mettre le paquet. Entre mon physique, ma démarche et l’odeur que je lui fais sentir avec mes pouvoir, il ne devrait pas me résister bien longtemps. Je m’approche de lui, gentiment, le regard énigmatique mais pas trop. Juste histoire d’attiser la curiosité. Et enfin, pour terminer, un sourire charmant et charmeur. Voilà déjà un bon point de départ pour un point d’accroche.