Le vent, l'un des quatre éléments, maître des cieux, force puissante apaisante et destructrice, pouvant prendre tellement d'aspect différent... une simple brise, balayant le pelage des loups arpentant l'île, apportant quelques légères odeurs sucrées pour aussitôt se transformer en violente tornade, dévastant animaux et végétaux sur son passage, rappelant ainsi qui était le maître des cieux. Le vent, dont son clan a eu l'honneur de porter le nom, les hurlements de l'air, ce vent, qu'à cet instant même, Nightmare maudissait du plus profond de son être.

Le printemps arriverait bientôt, elle avait même pu apercevoir quelques frêles bourgeons sur les arbres décharnés, mais en attendant, cela faisait plusieurs jours que l'orage grondait sur Estryä, rendant les séances de chasse difficiles, le gibier rare, et le morale de la louve noire approchant de zéro. La chasseuse était très irritable en ce moment, le mauvais temps semblant s'accorder à son humeur ou plutôt l'inverse. Tout et rien l'agaçait et elle s'en trouvait plus susceptible qu'à l'ordinaire ce qui rendait ses compétences de chasse amoindrie ce qui l'énervait encore plus pour rendre son humeur encore plus exécrable. Ce fut donc dans le même état d'esprit que la louve se leva de sa tanière, réveillée par l'orage grondant. La pluie martelait le sol avec frénésie, rendant la neige méconnaissable boueuse et collante aux pattes. Nightmare grogna silencieusement en observant le ciel orageux et, en grommelant quitta sa tanière, s'exposant aux caprices du ciel. Une bourrasque violente lui balaya la truffe, des gouttelettes de pluie lui tombant dans les yeux. Un autre grognement s'échappa de sa gueule. La tête baissée pour éviter de se recevoir encore de la pluie dans les yeux, elle cherchit un endroit calme où elle aurait plus de chance d'être au sec. N'ayant rien qui lui vint à l'esprit, elle décida de laisser ses pattes la guider, peut-être qu'en se perdant elle trouverait enfin un endroit ensoleillé, on pouvait toujours rêvé...


Ses pas l'avaient guidé jusqu'au montagnes rocheuses, l'endroit était beaucoup plus frais mais il y'avait beaucoup moins de pluie. Levant la tête vers le sommet de la montagne qui se perdait dans les nuages, elle profita quelques instants "du beau temps", avant de s'engager dans un sentier escarpé serpentant dans le roc.
Il faisait froid sur la montagne et régulièrement, le pelage de la louve se hérissait comme pour essayer de mieux la protéger, ce qui l'agaça encore, la rendant encore plus impatiente à l'arrivée du printemps. Ses griffes crissaient sur la pierre froide constellée d'amoncèlement de neige. Cela devait faire une demi-heure qu'elle avançait, la chasseuse ne savait pas exactement où elle allait mais peut-être qu'en continuant d'avancer ses muscles chauffés la protègerait un peu du froid. La tête baissée, perdue dans ses pensées, l'odeur alléchante du gibier lui chatouilla le museau. Relevant immédiatement sa tête velue, elle aperçut non loin de là un lapin immaculé cherchant certainement de quoi se nourrir. Se pourléchant les babines, la louve noire remercia les dieux pour ce cadeau, le gibier était rare ici de plus en cette saison et voilà qu'arrivait un lapin devant elle. Se positionnant immédiatement, le ventre frôlant le sol, elle rampa vers le rongeur avant de lui sauter dessus en silence. Mais, lorsqu'elle aurait du sentir la chair tendre de l'animal sous ses griffes, un craquement de branche le fit déguerpir affolé. Atterrissant sur la pierre, un grognement féroce s'échappa de la gorge de la louve noire, anéantissant pour de bon le peu de joie qu'elle aurait pu éprouver aujourd'hui.



Elle avait craché toute sa frustration dans cette simple phrase, frustration qu'elle allait faire sortir en s'en prenant certainement à l'impudent qui l'avait empêché d'avoir son repas. Le poil hérissé et les crocs découverts, elle déclara dans le vide :

Scrutant les alentours, les yeux plissés, la louve d'ébène cherchait l'intrus qui lui avait fait rater son repas. Frissonnant de temps en temps a cause de la température basse, son regard glissait d'une droit à un autre, détaillant chaque parcelle rocheuse, chaque tas de neige. La gueule ouverte pour mieux discerner les odeurs alentours, les senteurs froides de l'hiver ainsi que celle d'un loup lui parvint. De petites volutes de fumée blanche s'échappait de sa gueule, s'évaporant au bout de quelques secondes en hauteur. Il était difficile de discerner les odeurs dans ce genre d'endroit où l'air était saturé par l'odeur piquante du froid. Grognant légèrement et maudissant l'endroit intérieurement, ses menaces silencieuses furent interrompues par une voix masculine :



Lorsque l'inconnu se tut, un loup noir comme le jais apparut. Droite comme un piquet, Nightmare le détailla sur regard, ses yeux vairons observant chaque membre de l'intrus. Son pelage était aussi sombre que celui de la chasseuse. Il possédait une iris verte tandis que l'autre était invisible, certainement avait-il un œil aveugle. L'étranger avait une carrure plutôt imposante mais cela n'impressionait guère la louve de l'air, elle était face a un intrus, qui en plus de cela lui avait fait rater son repas (il n'y avait aucun doute qu'il s'agissait bien de lui, lui qui avait effrayé le lapin sinon qui d'autre ?) Alors qu'il soit grand, petit, gros, maigre vieux ou jeune, cela importait peu pour la louve. Grognant, Nightmare s'abaissa légèrement, en position de chasseuse. La simple vue de ce loup lui rappelait le lapin et son ventre vide. Rien que de penser a l'animal trapu faisait saliver la chasseuse.
Chassant ses pensées pour éviter de s'énerver déjà plus que ce qu'elle était déjà, la noiraude reporta son attention sur l'intrus. Humant a nouveau l'air, les senteurs des griffes de la terre lui parvint. Un autre grognement s'échappa de la gueule de la louve. Le regard flamboyant, elle déclara finalement d'une voix glaciale :

♠ J'ai des doutes sur tes paroles. Seul les imbéciles oseraient s'aventurer sur des terres ennemis et produire autant de bruit à moins de vouloir absolument s'attirer des ennuis... ce qui voudrait dire être totalement inconscient ♠

Son regard vairon rivait sur lui, elle savait parfaitement que ses propos pourraient agacer l'inconnu ce qui le pousserait à l'attaquer sous l'effet de la colère... Car oui, malgré son humeur massacrante, la louve pouvait encore réfléchir clairement. Un sourire discret naquit sur ses babines, se rappelant les nombreuses fois où elle avait vagabondé sur les terres des autres tribus et les nombreuses fois ou cela avait fini en combat... ou pas. Quelle ironie que la chasseuse tienne ce discours ! Mais elle s'en fichait, après, cet étranger n'avait pas à le savoir...

Chassant sa réflexion d'un mouvement de la tête, Nightmare continuait d'observer l'inconnu, silencieuse, son regard transperçant comme une lame, laissant seulement paraître l'orage qui abritait son esprit comme le ciel capricieux en ces temps. Le ciel, couvert d'épais nuages grisonnant qui ne tarderaient pas à éclater en une pluie torrentielle tambourinant le sol avec fureur tandis que sifflera un vent fort aux oreilles de la louve, apportant les dernières senteurs de l'hiver froid avant de laisser place au printemps, la belle saison, qu'attendait impatiemment Nightmare. Elle, médium ? Non. Mais depuis quelques jours, le même scénario se répétait, chaque jour qui faisait s'accroître la mauvaise humeur de la louve et lui faisait puiser dans les dernières ressources de sa patience.

Maudissant pour la énième fois le mauvais temps, la louve de l'air chassa ses pensées noires, reporta son attention sur le loup noir et demanda :

♠ Et comment te nommes-tu ? Intrus des griffes de la terre ? ♠

Tout dans sa voix montrait clairement tout le mépris qu'elle éprouvait pour cet intrus. Ses yeux dépareillés, le toisant de haut, n'exprimaient que de la froideur. Cherchait-elle à agacer l'étranger ? Pas forcément, même si elle savait que son comportement montrait tout le contraire. D'ordinaire, elle ne se serait jamais montrée si agressive, même si il s'agissait d'un intrus, mais cela faisait trop de jour qu'elle ravalait sa colère, il fallait qu'elle se défoule, et le sort avait porté son choix sur ce loup noir, des griffes de la terre. Les pattes tremblantes, Nightmare espérait intérieurement que le loup se battrait, qu'il ne se défilerait pas, il fallait que la louve décompresse, et une partie de chasse ne suffirait pas pour cela. Qu'elle gagne ou qu'elle perde, peu lui importait, elle voulait seulement faire sortir toute la colère qu'elle gardait en elle depuis que le mauvais temps était arrivé. La louve frémissait de tout son être, attendant la réponse de l'inconnu, elle avait du mal à tenir en place, excitée comme un louveteau.

Un grognement sourd s'échappa de la gueule de la louve, silenciueux oui, car elle n'avait aucune envie que l'étranger entende ses grommelements. La louve n'était pas dupe, il était clair que l'intrus se fichait complètement d'elle, et il ne se cachait pas pour le montrer. Air ennuyé, presque endormi pour ne pas dire que Nightmare faisait complètement chier le loup noir. Mais elle se garda bien de tout commentaire, ravalant sa colère naissante, se contentant de garder son regard froid et dur envers le mâle. C'était décidément bel et bien une mauvaise journée. Un autre grondement naquit dans sa gorge, cela en faisait beaucoup en quelques jours, mais c'était soit ces grondements sourds soit des injures méritées ou pas au premier être vivant ou se pas sze trouvant à sa portée et qui aurait eu le malheur de la contrariait encore plus que ce qu'elle était déjà.
Tout en songeant à cela, le loup noir lui répondit enfin, d'une vois grave et caverneuse, typique des mâles "bourins" ou"golgoth", Les loups les plus imposants à qui une voix pareille allait à merveille. La louve n'avait bien évidemment pas la même voix, déjà plus aigüe et imprégnée d'un accent hésitant entre l'arrogance et la méfiance. C'était peut-être pour cela que certains congénères la prenaient pour une louve à l'égo surdimensionné trop supérieur pour s'intégrer au groupe, ce qui était bien évidemment faux. La louve était peut-être susceptible et aggressive, certes, mais en aucun cas présomptueuse. Ce qui ne s'accordait pas vraiment avec la sonorité habituelle de sa voix. Enfin bref, tout cela pour dire que la voix du loup était grave lorsqu'il avait dit :

♣ Je ne suis en aucun cas forcé de dire mon nom, mais si vous me disiez le votre, peut-être que je vous direz mon identité ♣

Un ricanement sonore s'échappa de la gueule de la chasseuse. Il voulait vraiment la faire chanter ? Cette pensée faisait bien rire Nightmare, surtout pour une chose aussi futile qu'un nom. Elle ne comprenait pas ce qu'avait tous ces vieux guerriers à ne jamais vouloir dévoiler leur identité à toujours déclarer que les autres n'étaient pas dignes de la connaître... foutaise ! Si il faut, les loups n'auraient même pas besoin de nom, l'odeur suffirait pour les reconnaître, mais il avait fallu les affubler de nom. Personnellement, la louve de l'air n'affectionnait pas tant que ça son nom, du moins pas au point de vouloir le dissimuler à tous. M'enfin, chacun ses délires, mais celui-ci faisait bien rire la chasseuse. L'intrus voulait montreer à quelle point elle l'ennuyait ? Très bien. Elle allait montrer à quel point elle pouvait se foutre de lui.
Un sourire moqueur au visage, les yeux lumineux, la louve continuait de pouffer face aux paroles de l'étranger. Cette situation avait un peu fait baisser sa mauvaise humeur, et cela ne pouvait être que bénéfique. Tout en gloussant, la louve noire s'exclama à son tour :



Elle le provoquait ? Mais non ! Elle voulait simplement bien lui faire comprendre qu'elle n'était si intimidée par lui ni même énervée par son comportement. Arrêtant enfin de ricaner, Nightmare gardait tout de même l'œil amusé.



La voix de l'intrus la laissa quelques instants silencieuses. La voix du loup s'était faite calme, comme-ci il ne craignait absolument pas de se battre et ce vouvoiement.... La louve avait horreur de cette façon de s'exprimer qui voulait démontrer un certain respect. Le tutoiement était plus directe, certes, mais il n'impliquait pas de langage aux allures si... "princières". Cet air détendu avait irrité la louve. Fronçant les sourcils, elle mît encore quelques secondes a réfléchir a ce qu'elle allait répondre au loup noir. Bien sur, l'envie de se battre la tentait beaucoup, mais elle voulait être sur qu'elle n'allait pas foncer tête baissée et se faire lamentablement battre sur ses propres terres. Pesant le pour et le contre encore quelques secondes, Nightmare déclara enfin :



Elle reprit un peu de son souffle, attendant maintenant la réponse de l'intrus. Assise, la queue ramenée devant elle, l'envie de se défouler devenant de plus en plus tentante.