La lumière du soir baignant les Hautes Pierres. L'eau qui ruissèle là semble endormie et au fond des gorges émet juste un léger clapotis agréable aux oreilles. Tes coussinets gris foncé couvrant le sol dur, l'air chargé de poussière pénétrant en tes poumons, tu bascules la tête en arrière et pousse un profond hurlement qui se répercute sur les roches en échos qui s'éloigne. Tu fermes les yeux, nostalgie. Tu gardes les paupières closes, la gueule entrouverte, le visage balayé par le vent, les effluves de fleurs, de bourgeons qui éclatent, et de printemps emplissent l'air ambiant, tes yeux allumés d'un simple plaisir de vivre. Tu poses lentement une patte après l'autre. Tu t'arrêtes devant les gorges, l'eau se fracasse contre les immenses piliers de pierres en gerbes d'écume en contrebas. Un sourire puéril étire tes babines grises, ton pelage est de couleur cendre recouvert par la poussière jaunâtre. Tu t'ébroues, tu bandes tes muscles, tu te penches, prends une puissante impulsion et bondis. Tu te poses de manière aérienne sur le pilier de roche, tes griffes crissent sur les cailloux. Tu reprends position, et saute de nouveau, tel un cabri dans les montagnes. Tu as l'impression d'avoir des ailes à chacun de tes sauts, comme un aigle royal. Tu atterris de l'autre côté au terme de quelques bonds aériens. Tu trottines en posant soigneusement une patte après l'autre dans un trot tranquille, tes muscles roulant sous ta fourrure poussiéreuse, une blessure est apparente sur sa cuisse, une entaille suinte de pu au niveau de ton épaule, et une trace de morsure à la nuque montre que tu continus tes escapades accompagnées mauvaises rencontres, mais tes plaies ne te dérangent pas. Néanmoins. Tu dois rapidement trouver de l'eau. Tu as pensé que les Hautes Pierres seraient un endroit approprié pour survivre ou mourir. Sans eau, tu sais que tu perdras la vie. Tu as utilisé ton pouvoir... Ton temps est compté Daniel.

La nuit à passé. Cette nuit tu l'a passée à gravir ces somptueux et gigantesques cols pierres couverts de végétation, mais tu n'as toujours pas trouvé ce liquide vital. Tes paupières sont lourdes de fatigue et d'épuisement, tu continus de poser péniblement une patte après l'autre. Tu dois survivre. Tu secoues la tête. Tu trébuches en manquant de peu de tomber dans une crevasse. Tu bondis comme un vieillard, un vieux loup en mauvaise santé. Tu te rattrapes de l'autre côté, posant tes pattes de l'autre côté de justesse. Tu boitilles. C'est à peine si tu ne sautes pas de joie. Une immense cuvette de pierre aux reflets orangés. Remplie d'un liquide bleu topaze aux reflets d'un turquoise singulier... De l'eau! Tu bondis et plonges dans le liquide. Tu ressors la tête de la matière qui te trempes à présent le pelage, tu baisse la tête et boit à longue gorgées cette eau que tu as tant mérité, cette couleur bleutée où se penche des saules pleureurs te semble un instant irréelle... Comme un mirage dans le désert. Tu relèves ta gueule qui dégouline d'eau, un sourire heureux sur les babines. Tu fermes les yeux et prends une grande inspiration. Non, la sensation de l'eau dans gorge, du liquide qui s'écoule de tes babines grises, tes yeux couleur de braise observant la surface miroitante où brillent les éclats de la lumière du zénith solaire. Tu t'étends sur le sol rocailleux et glisse ta patte dans l'eau avant de passer tes griffes dans la plaie de ta cuisse et de recommencer pour nettoyer ta plaie même si cela t'arrache une grimace de douleur. Tu t'immerges dans l'eau pour nettoyer les deux autres plaies par un simple bain ne pouvant y accéder avec tes griffes. Tu fermes les yeux, les remouds de l'eau sont apaisant, tu es doucement balloté par le liquide bleuté aux reflets opalins. Tu nages vers la corniche aux bord lisses qui est de tant à autre balayée par la matière aux reflets irisés. Tu te hisses sur la roche où tu te laisses tomber. Tu fermes les yeux en te calant sur la pierre, confortablement installé sur le flanc. Tu as besoin de sommeil. Tu perds ton sourire. Tes muscles se détendent doucement. Tu es allongé à l'abri d'un saule pleureur, inerte tel un corps sans vie. Ton pelage est trempé de l'eau qui s'écoule au goutte à goutte de ta crinière sombre aux mèches criantes d'un rouge vif et qui glisse de tes pattes jusqu'au sol rocailleux où tu es étendu. Tes yeux de braise recouvert de tes paupières closes, tu pousses un long soupire, ton flanc se soulevant dans une respiration lente et apaisée, tu as sombré dans un sommeil profond et mérité. Tu dors, tu récupères de cette nuit et de cette journée où tu n'as fais que marcher. Marcher pour survivre. Tu as joué au jeu de la vie avec la mort, et tu as bien évidemment gagné. Mais le sommeil ta rattrapé, et tu as sombré. Tu te laisses transporter dans les bras de Morphée, récupérant ces heures de repos que tu as perdu à errer à la recherche d'eau dans ces immenses montagnes rocheuses... Au terme de plusieurs heures de repos, pendant lesquels l'astre du jour à lentement sombré vers l'horizon. Tu te redresses en claquant de la mâchoire, assis tu te grattes l'oreille et t'ébroues. Tu te redresses et te penche plongeant la tête dans l'eau pour bien te réveiller. Tu n'as jamais dormi aussi longtemps d'une traite loin des tanières. Tu pousses un long soupire et secoues la tête en l'ayant retirée du liquide où tu l'avais immergée, tu restes penché et lappes doucement la surface du liquide où miroite les reflets du couchant. Tu aperçois une silhouette. Une silhouette ailée, son odeur t'es familière, c'est celle de ton clan, tu fixes cette tache sombre devant le cercle de lumière, bouche bée, regardant cette forme lupine tacher ce paysage flamboyant, alors que le ciel s'est assombrit taché de pourpre, de violet et d'orangé sur ce ciel bleu violine... Mais... Qui est-ce?

Les rayons du couchant se réflètent dans tes yeux pourpres, la frêle silhouette se déplace, son ombre noire s'approchant de toi. Tu te redresses et t'ébroues, tes blesusres ayant pris la poussière. Tu trottines vers le canidé ailé qui descend avec grâce de son perchoir rocheux, ses yeux violines, et ces plumes couleur de nuit, petit rayon de lune, Alicia, un sourire éclaire tes babines, Alicia petite louve, brin de joie de vivre... Tu laisses retomber tes babines dans une expression neutre, tu t'éclaircis la gorge la regardant en fronçant les sourcils:

-Que fais-tu dehors seule à cet heure-ci? N'est-il pas un imprudent de s'éloigner autant des tanières... Qui sait si un loup n'avait pas attrapé le mal vert, il faudrait le soigner, heureusement ce n'est pas la saison, hein... Tu recherches peut-être l'une des ces plantes d'altitude, c'est ça?

Tu la gratifie d'un sourire bienveillant et inclîne la tête en signe de salut, il serait temps, tu vas passer pour un mal poli si tu oublies ainsi de saluer les loups que tu croises, néanmoins comme cela fait quelques jours que tu as disparu, encore une des ces escapades à la recherche de ton petit rayon de soleil et toujours rien... Ô malicieuse Oshana où as-tu encore disparu... Un sourire las étire tes babines lorsque la nuit tombe et que le ciel s'assombrit, l'astre nocturne trône dans les cieux étoilés, les étoiles, ces petits points brillants et scintillant brillant de milles feu dans tes yeux ambrés... Tu t'ébroues et plonge dans l'eau immergeant de nouveau ton corps, ton esprit canin t'incites à battre des pattes tranquillement pour te déplacer dans le liquide à la teinte opaline, la lune parent l'eau de milles feux pendant que la matière aqueuse sussure des mots doux aux petits cailloux qui dansent au gré du léger déplacement du liquide bleu, cette surface qui ressemble au ciel azuré de la journée, qui lorsque viens la nuit n'est qu'un lointain souvenir dans notre tête... Tu tournes la tête vers Alicia, te laissant flotter en surface.