Éclipse chassait, profitant de l'entrainement de Yùma. Elle avait déjà attrapé deux lapins, normalement se serait suffisant mais elle préférait en prendre un troisième : sa fille aurait faim après son entrainement. Elle se remit en chasse mais les proies se faisaient rares en hiver. Elle continua sa traque. Éclipse adorait chasser, ça lui permettait de se détendre, de penser à autre chose, elle adorait quand l’adrénaline envahissait ses veines, l'emplissant d'une énergie nouvelle et se retirant en la plongeant dans une paix réparatrice. Elle hume l'air, cherche, et trouve! Elle se faufile, se rapproche, maintenant elle le vois, il est en train de fouiller la terre, surement à la recherche d'une racine. Elle attend le bon moment, surtout ne pas se presser, ça pourrait tout faire rater! Elle se prépare, s’apprête à bondir, elle roule les épaules, retrousse les crocs,... et CRAAAAAAAAAAAC l'orage éclate, faisant fuir le lapin. La louve bleu nuit retient un hurlement rageur, bien vite remplacé par l'angoisse : où était Yùma? Est-elle en sécurité? Éclipse espérait de tout cœur que sa fille n'aurait pas le temps de faire une catastrophe irrécupérable pendant la crise qui surviendrait certainement pendant l'orage.

Éclipse se mit à courir, ses pattes puissantes martelaient le sol avec force, ses deux lapins se balançaient dans sa geule.  Elle s'était beaucoup éloignée durant sa traque. Elle s'en voulait maintenant : elle s'en voulait de ne pas avoir pris garde au temps avant de partir, elle s'en voulait de s'être autant éloignée, de ne pouvoir rien faire à part courir pour aider sa fille, de ne même pas savoir si elle était encore à son entrainement où si elle était déjà rentrée, elle s'en voulait de manquer à son principal devoir de mère. Un autre éclair déchira le ciel, bientôt suivi du grondement caractéristique du tonnerre. La pluie tombait, de plus en plus forte et Éclipse accéléra encore, poussant encore plus fort sur ses pattes musclées de chasseuse, sollicitant tout les muscles de son anatomie, son corps tendu vers l'avant dans un seul et même but : retrouver Yùma avant qu'il lui arrive un malheur. L'orage s'intensifie encore puis s'éloigne. Un dernier grondement retenti au loin puis plus rien, le roulement du tonnerre est remplacé par le martèlement de la pluie sur le sol, forment un rideau devant les yeux de la chasseuse. Elle ne vois rien, son pelage remplis d'eau la ralenti et les rafales de vent, de plus en plus froid, lui fouette le visage. Elle lâche un soupir de soulagement : rien de grave n'a pus arriver à Yùma en un orage si court mais elle ne ralenti pas pour autant : elle est surement dans un gros état de fragilité, comme après la plupart des orages.

Bientôt la pluie se transforma en grêle, s'abattant sur la louve bleu marine. Mais elle accélère encore, elle est bientôt arrivée. Elle saute au-dessus d'un tronc dans un saut souple, prend un dernier virage à toute vitesse et s'arrête juste à l'entrée de sa tanière. Elle attend quelques secondes, le temps de récupérer et de se calmer : elle ne voulait pas affoler sa fille en entrant dans la tanière avec un air catastrophé, surtout si elle est encore sous le choc.

Ensuite, elle entra dans sa tanière et attendit à l'entrée en clignant des yeux le temps de s'habituer à l'obscurité. Yùma était allongée sur sa couchette, la tête posée sur ses pattes, avec un air éprouvé et fatigué. La louve bleu nuit pausa ses deux lapins dans un coin, s'ébroua longuement jusqu'à ce que toute l'eau ait évacué son pelage. Puis elle s'approcha doucement de sa fille, s'allongea contre elle et d'une voix très douce, demanda :

-Yùma?

désolée pour le long retard... :/:

Yûma se frotta doucement contre Éclipse, ce qui fit sourire la maman : elle adorait quand sa fille faisait ça car cela créait un lien entre elles deux, enfin non, ce lien existait à tout moment, cela accentuait, rendait perceptible le lien mère-fille qui les unissaient depuis la naissance, d'habitude presque invisible mais tellement évident dans les moments intimes comme celui-ci.
La louve bleue pressa son museau dans le pelage blanc et humide de l'adolescente, une question lui brûlait les lèvres mais elle se retint, elle finirait par se confier d'elle-même. Après un long silence, Yûma prit enfin la parole :

- Pourquoi je ne suis pas moi même quand l'orage gronde ?...

Encore ces questions, toujours... Ces questions qu'Éclipse redoutait et attendait à la fois : elle les redoutait parce qu'elle ne savait pas toujours comment y répondre avec les bons mots, mais qu'elle attendait parce que ces questions faisaient du bien à sa fille et parce qu'il était normal que Yûma s'interroge. La chasseuse se blottit autour de la jeune louve, déposa sa tête contre la tête blanche de Yûma et murmura d'une voix douce, apaisante :

-Je pense que c'est parce que lors du moment le plus dur de ta vie, la mort de papa, qui t'as à la fois fait peur et rendue triste, l'orage grondait et illuminait le ciel de sa lumière puissante et dévastatrice, faisant trembler la terre entière, même les arbres les plus anciens, et que tu as associé l'orage à tes peurs et tes tristesses,...

Éclipse fit une pose et lécha doucement sa fille avant de continuer d'une voix légèrement tremblante :

-Tu étais tellement jeune, beaucoup trop jeune pour une pareille épreuve... Je pense que depuis la terreur de tout ce qui te terrifie te submerge pendant ces heures où la terre elle-même ne contrôle plus tout. Cela fait de toi une louve différente, unique, mais qui a, comme tout le monde, ses failles. Ce n'est pas négatif, avoir des failles est normal et la différence peu parfois même être une qualité...

Éclipse se tourna sur le dos :

-Mais au fond, le plus important c'est ce que toi tu en penses...