SCRAAAAATCH « KYAAAAAH !! »
Depuis l'aube, la foudre s'abattait sans relâche sur les terres de l'Eau, avec un impressionnant acharnement, sans qu'aucune goutte d'eau ne tombe. Et depuis l'aube, Launysk était victime d'une trouille sans nom, à cause de ces foutus éclairs.
Celui qui venait d'illuminer le ciel bourré de nuages noirs avait particulièrement surpris la belle folle, qui s'était recroquevillée sous le coup de la peur. Ses yeux bleus balayant le plafond du monde d'un air méfiant, elle lança, dans un élan de courage :
« Espèce de saleté d'éclair à la noix ! Tu vas te calmer tout de suite, pigé ? Ça suffit maintenant, y en a marre à la fin, on a capté que t'étais en crise ! Alors calmos pepitos, hein ! »
Voyant que tout semblait redevenir tranquille, elle continua sa route, un petit sourire satisfait dessiné sur ses babines. Comme quoi, il suffisait de demander.
Dès que l'automne avait fait tomber les premières feuilles, un climat digne de l'apocalypse s'était installé sur les terres d'Estryä. Tornades, tremblements de terre, incendies, orages... La totale. La louve du Nord n'était pourtant pas très inquiète : elle se demandait simplement qui tenait les manettes, et si cette personne n'avait pas un peu trop forcé sur les fruits fermentés.
Elle avait perdu beaucoup de poids. Cependant, elle paraissait moins décharnée que ses congénères, sa fourrure bien fournie et miraculeusement impeccable cachant la misère de ses os saillants.
Le gibier s'étant carapaté vers des contrées moins hostiles, Launysk s'ennuyait comme un rat mort. En ce moment, elle passait le temps en sautant dans les flaques d'eau. La grande éclate.
Juste lorsqu'elle retomba dans la boue, une lumière vive déchira le ciel, accompagnée d'un craquement sourd. Son poil se hérissa de la croupe jusqu'à la nuque, elle dérapa dans la vase et partit en hurlant, comme si elle avait le diable aux trousses.
« AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! »
Après s'être relativement calmée, elle remarqua non loin d'elle une masse sombre étendue sur le sol. Elle s'approcha en trottinant, et découvrit qu'il s'agissait d'une autre femelle de sa meute, qu'elle ne connaissait que vaguement.
Grooooooo... La chasseuse bleue se tapota la panse, et lança à sa camarade, d'un ton rassurant :
« T'inquiète, c'est pas le tonnerre, c'est juste mon ventre ! »