C'était le matin. Un matin comme un autre en cette dure saison, froid, grisonnant, et pourtant, Amaryllis était de très bonne humeur. Une humeur joyeuse, taquine, elle avait envie de faire comme avant, d'embêter son petit monde sans réelle raison. Et il pourrait y avoir toutes les guerres du monde que cela ne changerait rien ! Elle avait cette idée en tête depuis qu'elle s'était levée, le sourire aux babines, le regard plus lumineux que jamais. Pourquoi ? Elle ne le savait pas, l'adolescente avait juste envie de jouer avec les autres encore plus que d'ordinaire, comme avant, et qu'importe les critiques.

Elle s'était levée sous le vent froid et les nuages gris du ciel la mine encore ensoleillée, baillant à s'en décrocher la mâchoire. Pendant de longues minutes, elle s'était étirée, prenant bien soin de ne pas se faire mal avec sa patte encore fragile après son entorse tout en regardant les loups s'eveillaient peu à peu. Rien d'extraordinaire, elle faisait cela chaque matin, observant les autres commençaient déjà à chasser, combattre, chercher, s'entraîner, pendant qu'elle allait royalement se faire ch*er où irait se promener quelque part, sur les terres du vent ou non. Mais aujourd'hui, elle était de meilleure humeur, elle observait avec un œil neuf les apprentis, guerriers, espions, chasseurs, un œil amusé, elle avait envie de jouer. Mais pas avec son clan. Non. Il lui fallait une autre proie si on peut dire, plus simple, d'un autre clan, pour ne pas qu'elle est encore à subir les remontrances de tous. La voilà donc, alors que le soleil était à peine levée, quittant la Clairière de Lumière pour vagabonder un peu partout, jusqu'à trouver une âme errante qui pourrait la distraire.

Ses pas la guidèrent vers le Lac d'Argent, un très beau paysage, Amaryllis y allait souvent pour chanter ou juste pour se reposer. Elle comptait faire comme d'ordinaire, jusqu'à ce qu'un odeur étrangère la fit s'arrêter d'avancer. Un loup. Ennemi. Sur ses terres. Elle sourit, la dernière fois que cela avait été le cas, elle avait rencontré Alakei, le gentil loup jaune, qui l'avait également soigne... L'adolescente gronda silencieusement en repensant à cela, cette humiliation qu'elle avait ressenti, et fit disparaître ses pensées désagréables d'un mouvement de queue. De plus, cette louve n'était pas du clan de la terre  comme Alakei, même si le loup jaune n'avait aucune odeur, celle que la jeune louve humait à l'instant ne ressemblait pas à l'idée qu'elle se faisait de ce clan. C'était plus humide... Comme les Voix de l'Eau.

"Qui va là ?"

Un sourire amusé étira les babines de la louve, elle avait toujours trouvé amusant les loups qui n'étaient pas sur leurs terres et qui osaient demander qui les observaient. C'était juste stupide. Amaryllis s'approcha un peu plus, jusqu'à apercevoir l'intrus, ou plutôt l'intruse, de part sa silhouette fine. C'était une louve, qui devait avoir à peu près son âge. Puis, elle s'extirpa des buissons en créant le plus de bruit possible avant de s'asseoir, dos à la louve, le regard fier et méprisant et se tenant bien droite. D'une voix sifflante, l'adolescente déclara :

"À ton avis... Qui peut bien se promener ici, sur les terres de la meute des hurlements de l'air ? Peut-être Stalker le Dieu du feu, ça paraît tout à fait plausible !"

Elle se releva et contourna la louve pour se trouver face à elle, le regard amusé, la méprisant du regard. Amaryllis s'assit ensuite, pour prendre une mine étonnée et fronça ses sourcils pour se mettre à réfléchir, les oreilles s'agitant, feignant de chercher une réelle réponse à sa question d'avant, se foutant ouvertement de la louve. La jeune louve grise fit onduler sa queue épaisse et se mît à pousser un petit "Hmm..." Feignant de réfléchir.

"Je suis sûre que l'on ne trouvera jamais de loups des hurlements du vent sur les terres des hurlements ! C'est complètement illogique !"

Elle prenait une voix aiguë, nasillarde, se moquant ouvertement de cette adolescente qu'elle ne connaissait absolument pas mais qui lui inspirait de l'amusement de part sa question stupide. En une fraction de seconde, Amaryllis avait jugé cette louve, l'avait classé dans "imbéciles" et profitait donc de cela pour l'embêter comme le faisait avant. Retrouvant son air naturel, un sourire narquois et le regard brillant de sarcasmes, elle jaugea du regard l'adolescente, affichant clairement qu'elle se prenait supérieure. D'un mouvement de tête, l'adolescente remit sa mèche verte en place, ondulant sa queue grise.

"T'en as d'autres des questions à la c*n ?" dit-elle en s'étirant nonchalamment.

Elle se mît à rire. Amaryllis arqua un sourcil, perplexe tandis que son sourire s'effaçait pour adopter une mine neutre et légèrement méprisante. L'adolescente fit claquer sa langue tout en fouettant l'air avec sa queue épaisse. Cette louve n'avait pas l'air très maligne. En même temps, il ne fallait pas s'attendre à rencontrer un génie sur cette île... La jeune louve huma l'air, l'odeur de la louve se mêlait à celle du lac, elle était sans doute des voix de l'eau. La jeune louve grise dressa ses oreilles en se rendant compte de cela, elle n'avait encore jamais rencontré personne de cette tribu. Ah si, Tala, mais cette louve était tellement... Invisible qu'Amaryllis s'en souvenait à peine. Elle qui était toujours à se plaindre, c'était ce genre de louve qui exaspérait vraiment l'adolescente des hurlements de vent. Enfin, cette jeune louve au pelage vert semblait plutôt différente. Même si le petit sourire stupide qui peingnait son visage ne la rendait guère sympathique, Amaryllis s'autorisa un petit ricanement quand son interlocutrice déclara :

"En fait, oui. Comment c'est d'être un dieu ?
- Chiant, et ça doit rendre très c*n, un peu comme tes questions en fait."

Se poser des questions comme ça... Il ne devait y avoir que les gens qui s'ennuient réellement dans la vie pour se poser ce genre de questions. Pourquoi existons-nous ? Qui y'a-t-il après la mort ? Ou comment se prendre la tête pour rien. Ça agaçait aussi Amaryllis ce genre de choses, comme les loups qui s'excusaient pour rien. En fait, il y'avait beaucoup de loups des voix de l'eau qui l'exaspéraient... Affichant un sourire amusé, ce sourire s'élargit ours que la louve déclara elle-même que sa question était stupide avant d'émettre un petit rire. Oh moins elle était lucide, on pouvait au moins lui accorder cette qualité.  

"Qui es-tu ? Hormis une louve du vent bien entendu."

Amaryllis poussa un petit soupir d'exaspération en roulant des yeux, montrant clairement que cette louve et ses questions sans intérêt l'ennuyait beaucoup. L'adolescente au pelage gris s'étira nonchalamment, mettant plusieurs minutes avant de répondre à l'autre louve, étirant chacune de ses pattes avec attention, et remettant sa mèche vert bien en place comme elle avait l'habitude de le faire. La jeune louve s'allongea alors, sa queue épaisse s'agitant doucement tandis qu'elle savourait la brise fraîche sur son pelage. Elle observait la louve, son regard brillant, un sourire narquois sur ses babines, affichant clairement qu'elle se croyait supérieure à l'autre louve. Elle attendit encore quelques instants, avant de finalement répondre, d'une voix légère, lente et mesurée.

"Je ne dévoile pas mon identité au premier venu. Je ne sais pas ce que vous avez à tous vouloir sympathiser avec les loups d'eau très clans ! Je devrais même t'arracher la fourrure pour être ici mais tu as en face de toi une flemmarde de première ordre. Dis moi donc merci. Mais puisque tu tiens tant à vouloir me qualifier, appelle-moi Charly. Ton nom à toi m'importe peu."

Son regard se plissa légèrement et ses oreilles se rabattirent sur son crâne. Un léger sourire sur ses babines flottant, comme d'ordinaire, elle s'abaissa un peu vers le sol, comme un chasseur en face de sa proie. Son sourire s'élargit, elle avait l'impression d'être en face d'un ridicule petit oiseau vert et elle se pourlécha les babines à cette image attrayante. Elle n'aimait pas chasser, juste avoir une proie entre ses griffes. Devoir la traquer était bien trop fatiguant pour elle. Au moins, l'adolescente était sûre de ne pas vouloir devenir chasseuse. Se redressant un peu et adoptant une voix sifflante, Amaryllis poursuivit :

"Par contre j'aimerai bien savoir ce que tu fais ici. À mon avis c'est pas pour philosopher au bord de l'eau. T'as deux solutions, sois tu trouves un moyen rapide de remonter dans mon estime pour que je te laisse rester ici sois tu déguerpis bien vite avant que je te griffe ton petit arrière train."

Elle lui offrit un sourire mêlant innocence et sarcasme, désireuse de voir si elle allait encore rire ou poser des questions stupides.