Plic, ploc, plic, ploc...

Le même bruit de fond depuis ce matin... Que dis-je ! Depuis la nuit ! Cette pluie qui s'écoulait, battante ce matin, moins dure en début d'après-midi et en cette fin d'après-midi, ce n'était plus qu'une fine pluie, qui résonnait tout de même sur le sol, les branches nues des arbres dégoûtant. La neige mêlait à cette eau s'était transformée en boue, rendant le terrain beaucoup moins praticable. Autrement dit, pas d'entraînements aujourd'hui, à mon plus grand regret et ma plus grande frustration. J'étais resté au camp à regarder les guerriers, chasseurs et espions allaient et venir toute la journée, le regard recouvert de cette neige transformée en boue. Et moi, j'étais la, la tête reposée mollement sur mes pattes devant la tanière familiale, à observer d'un œil las les va-et-viens des autres. J'avais tellement envie de me dégourdir les pattes ! Mais non, j'étais obligé de rester ici, ordre de ma nourrice. Si j'avais eu un mentor, je serai allé m'entraîner avec lui, mais Lisha était d'un autre clan, et nous ne retrouverions que dans quelques jours. J'avais tellement hâte... Hâte de lui montrer comment j'avais progressé en discrétion ! Ah je m'étais entraîné à son exercice ! À m'en faire mal aux pattes ! J'avais même réussi à surprendre un guerrier ! Enfin, à cet instant, je n'impressionnais personne.

Plic, ploc, plic, ploc...

Une goutte me tomba alors sur la truffe, goutte que je fis rapidement partir d'un mouvement de patte. Le ciel était toujours aussi chargé mais les nuages étaient un peu plus loin. Une prochaine averse était à prévoir. Et même si le soir se rapprochait, il y'avait toujours autant d'activités, autant de loups pleins de boue, et toujours moi à m'ennuyer. Ah foutue pluie ! Quand je pense que j'aurai pu partir courir pour améliorer mon endurance ! Ça me rendait fou, une journée entière d'entraînement gâchée par de l'eau... Une journée entière sans pouvoir se perfectionner, une journée perdue. Je soupirai, las, le regard morne.

Plic, ploc, plic, ploc...

Des pas s'approchèrent de moi. M'attendant à voir arriver ma nourrice ou mon père je fus surpris en reconnaissant l'un des guérisseurs de notre clan. Un vieux loup grincheux qui grondait souvent après les louveteaux et qui se plaignait souvent de ses os fragiles. Il me toisait de sa mine sévère, agitant son museau aux poils blancs signé de son grand âge. Il semblait plutôt agacé ce qui m'étonna mais je me retins bien de faire tout commentaire aux risques de l'attirer son courroux. Levant la tête et me redressant un peu par signe de respect, je déclarai finalement :

"Qu'y a-t-il ?
- J'aurai besoin que quelqu'un aille me chercher des feuilles d'herbe à poux, pour soigner mes articulations.
- Je veux bien mais je n'ai pas le droit de sortir du camp... rétorquai-je embarrassé.
- Je te la donne moi l'autorisation s'il le faut ! Va me chercher ces feuilles ! Tu en trouveras au Ruisseau de la Solitude, cela ressemble à des fougères mais beaucoup plus vif de couleur. Dépêche-toi, mes pattes sont déjà raides."

Je n'eus pas le temps d'objecter quoi que ce soit qu'il se détournait déjà. Je restai quelques instants assis puis soupirai, et me levai, en m'étirant rapidement les pattes. Enfin, cela me permettrait de le dégourdir un peu et de sortir du camp ! D'une démarche légère, je quittai donc les tanières en me dirigeant vers le ruisseau de la solitude en prenant tout mon temps, ce n'était pas la que je pourrai m'entraîner... Laissant les autres au camp, je m'engouffrai donc dans cette neige boueuse, avançant avec difficulté, me tachant très rapidement le pelage, tandis que la pluie continuait à tomber en des gouttes fines.

Plic, ploc, plic, ploc...

Le trajet fut laborieux mais j'arrivais bien vite au Ruisseau. Hélas, il n'y avait aucune des rares plantes qui correspondaient à la description que m'avait fait le vieux guérisseur. Si je rentrais bredouille, j'allais me faire sermonner toute la soirée et les dix prochaines années de ma vie. Voilà pourquoi je persévérais dans ma recherche, longeant le ruisseau en inspectant le sol. Mais, ce ne fut pas l'herbe à poux que je trouvais, mais plutôt l'odeur d'un loup, d'un autre clan, celui du feu. Je me rappelais sans mal l'odeur de Zhuriaa, et celle de cet imbécile de loup noir qui m'avait fait rater ma proie. Reconnaissable entre mille, cendrée. Je me mis à gronder silencieusement, et suivis l'odeur, qui me guida à une grand arbre au tronc très épais. L'intrus devait se trouver de l'autre côté. Me servant des conseils de Lisha pour me déplacer silencieux comme un serpent, je bondis de l'autre côté, en positon de combat, grondant.

"Pars d'ici sale intrus !"

M'attendant à trouver un guerrier surpris, ce fut moi qui l'eut été en découvrant le corps recroquevillé d'une louveteau, de mon âge certainement. D'abord hébété, je papillonnai des yeux, avant de m'approcher et de commencer la secouer pour la réveiller, agacé qu'un intrus ose faire une sieste sur nos terres. Lorsque je me rendis compte qu'elle ne réagissait pas, je commençai légèrement à paniquer. Et si elle était... Morte ? Non, c'était stupide, son pelage se soulevait toujours, par contre il était trempé et froid, comme-ci elle avait plongé dans l'eau. Enfin, il fallait être bien fou pour oser se tremper jusqu'au cou en hiver ! Soudain penaud, je l'observais sans trop quoi faire, elle risquait de mourir si je la laissais ici. Mais d'un autre côté, elle n'avait pas à venir sur nos terres ! Partagé et angoissé, je me mis à faire les cent pas. Mon bon côté me disait de l'aider tandis que ma morale de loup de clan m'ordonnait de la laisser mourir ici.

"Je vais faire quoi moi, tu m'expliques ?!" déclarai-je à haute voix.

La secouer comme un prunier ne servirait à rien, pour la réveiller, il faudrait la réchauffer. Mais je me voyais mal lui servir de couverture ou lui donner des coups de langue comme le ferait une mère à ses petite tout juste nés. Que faire ? Je pouvais bien créer des flammes, sauf qu'elles ne feraient que la refroidir encore plus. Soudain inquiet, je posai finalement mes pattes avant sur son flanc et commençai à la frictionner pour essayer de la réchauffer, me servant de mes ailes pour l'abriter de la pluie fine continuant de tomber. Conscient que j'aimais l'ennemi mais ne pouvant me résigner à laisser mourir un loup de mon âge, je continuais, m'attaquant ensuite au ventre, espérant qu'elle se réveille.

"T'as intérêt d'avoir une bonne excuse pour être ici..." dis-je en ayant un petit sourire.

Plic, ploc, plic, ploc...

Je sentais toujours la pluie qui commençait à détremper mes ailes, et résonnant légèrement sur la membrane grise de mes ailes de chauve-souris. Ça semblait même se renforcer, mais je continuais à frictionner la fourrure de la louve, jusqu'à ce, doucement, elle ouvrit ses paupières tremblotantes, dévoilant des yeux d'un bleu limpide, rappelant la couleur du ciel par une belle journée d'été. Elle était encore faible, cela se voyait dans son regard, mais également reconnaissante, du moins c'est ce que j'avais l'impression de voir à travers ses yeux turquoise. Lorsqu'elle se mît à remuer comme pour se lever, j'enlevai mes pattes de son pelage que j'avais emmêlé, pelage qu'elle prit soin de remettre en place rapidement, avec des gestes lents et peu assurés, certainement dus à sa fatigue. Gardant mes ailes au-dessus d'elle pour éviter que la pluie la refroidisse encore tandis que ma mèche commençait à me coller devant les yeux, j'attendais patiemment qu'elle s'éveille un peu plus, frissonnant légèrement en sentant les gouttes de pluie s'écoulait dans la fourrure de mon dos.

"J'ai froid..."

Elle tremblait de froid, j'eus un pincement au cœur, je ne la connaissais pas, elle était d'un autre clan sur les terres qui plus est, mais elle avait mon âge, je ne pouvais pas la chasser, surtout dans cet état. Je sursautai même légèrement en la voyant marcher. J'eus d'abord l'idée de lui ordonner de rester sur place avant de me dire que cela lui permettrait de se réchauffer, même un tout petit peu. Suivant son pas lent, mes ailles toujours sur elle pour éviter qu'elle ne se mouille plus qu'elle ne l'était déjà, je pus enfin les replacer sur mon dos lorsqu'elle s'arrêta sous un tronc d'arbre mort la protégeant de la pluie. Replaçant mes attributs de chauve-souris en ayant un petit soupir de soulagement, je m'ébrouai à distance respectable d'elle pour éviter de la mouiller, et etirai mes ailes, les garder comme je l'avais fait pour l'abriter m'avait donné mal aux articulations.

"C'est quoi ton nom ? Moi c'est Okana.
- Kagy. Tu ne devrais pas être ici, ça peut être dangereux, surtout si tu avais croisé un guerrier."

Je lui fis tout de même un petit sourire, je ne comptais pas la chasser, elle était trop affaiblie pour cela, mais cela me gênait de devoir garder une louve ennemie sur les terres des voix de l'eau... Je ne pouvais me résigner à la faire partir, sa voix enrouée et le fait qu'elle tremble autant... Je n'étais pas comme ces guerriers cruels qui auraient pu tuer un tout petit louveteau ayant eu le malheur de se perdre sur leurs terres. Okana leva la tête vers moi, ces yeux étaient brillants et rouges, ce qui m'inquiéta encore plus. Je fis un pas vers elle comme pour l'aider même si je ne savais pas trop quoi faire, mais la louve ne semblait plus encline à ce que je l'aide, ses paroles confirmant ma pensée.

"Ça va, ça va ... Je vais bien.
- Tu n'en as pas l'air, tes yeux sont rouges et tu trembles toujours autant, je ne suis pas guérisseur ni même apprenti mais je ne pense pas que cela soit très bon, tu risques de faire une hypothermie..."

Mes constatations ne servaient à rien, j'en étais bien conscient, mais je ne pouvais rien faire, cela m'étonnerait qu'elle se laisse encore frictionner le poil, la seule chose qui pourrait vraiment la réchauffer serait le feu, mais par ce temps, trouver du bois sec serait un vrai miracle, et j'étais incapable de créer le feu. Je fis la moue, ne sachant que faire pour l'aider, rester ici à ne rien faire dans cet endroit humide n'était certainement pas la meilleure des choses à faire. Peut-être que marcher la réchaufferait un peu plus ? Déployant à nouveau mes ailes membraneuses et m'approchant d'elle, je la regardai et lui demandai :

"Tu te sens de marcher ? Ça pourrait te réchauffer."

Je désignai mes ailes que j'avais déjà déployé sur sa tête, l'exposant aux caprices du ciel pour l'abriter et lui fis un petit sourire pour essayer de la rassurer. Elle semblait avoir un fort caractère même en étant ainsi affaiblie.

"Je peux t'abriter, on devrait rejoindre le couvert des arbres pour être protégé de la pluie, il doit bien y avoir un petit bosquet pas très loin..."

J'espérais que mes paroles étaient vraies, même si le territoire des voix de l'eau était pratiquement entièrement constitué de plaines et de vallées, on pouvait, je l'espère, au moins trouver quelques arbres proches... Soudain, une idée germa dans mon esprit, cela pouvait être risqué mais on pouvait toujours essayé. Au nord-ouest d'ici se trouvait la Grande Fleur, entourée d'arbre, on serait à l'abris la-bas, même si le trajet pouvait être un peu long, au moins on serait à l'abris, et sur des terres neutres, donc pas sur les terres de l'eau. J'espérais qu'elle accepterait et qu'elle aurait la force de marcher jusque là-bas.

"Ou on peut aller à la Grande Fleur, c'est à une bonne demi heure d'ici en courant, ça devrait nous prendre trois quart d'heures d'y aller en marchant, c'est loin mais on sera à l'abris et tu pourras te réchauffer sur le trajet... Tu te sens de marcher jusque-là bas ?"

C'était loin, surtout lorsqu'on était fatigué, il fallait l'avouer, et Okana semblait si fragile à cet instant... Je le demandais bien comment elle avait pu ainsi se retrouver tremper et pourquoi elle était venue au Ruisseau de la Solitude par un tel temps. Enfin, moi même j'avais du y aller pour chercher les feuilles d'herbes à poux, que je n'avais d'ailleurs pas trouve. Mais à cet instant, c'était le cadet de mes soucis il fallait l'avouer, je voulais aider cette louve, et aller à la Grande Fleur était pour moi la meilleure chose à faire.

"La longueur du trajet te laissera tout le loisir de m'expliquer ce que tu fais ici et comment tu t'es retrouvée trempée jusqu'aux os par un tel temps." déclarai-je en riant légèrement pour essayer de la distraire.

J'eus un autre sourire encourageant, attendant sa relation, mes ailes toujours sur elle même si mes articulations me faisaient mal.

Je fus quelque peu soulagé lorsque la loupiote affirma pouvoir faire le trajet. J'étais tout de suite moins inquiet, elle était tout de même courageuse ! Elle semblait encore gelée et elle était certainement fatiguée, mais elle se sentait de marcher pendant trois quart d'heures, c'était courageux de sa part. Par contre, elle ne semblait pas prête à me raconter sa venue ici, ce qui me rendit quelque peu perplexe mais je n'objectai rien, me contentant de marcher à ses côtés dans le silence, le seul bruit de fond étant la pluie qui continuait de s'écouler. Gardant les ailes en hauteur pour protéger Okana de la pluie, je marchai près d'elle, me calquant sur son allure la guidant jusqu'à la Grande Fleur. Je n'y avais jamais mis les pieds, le terrain n'était pas des mieux pour s'entraîner, le sol était jonché de racines et les arbres étaient bas, c'est pour cela que je n'y étais jamais allé, ça allait être une première ! Et puis, finalement, Okana se mît à parler :

"En fait, je cherche mon meilleur ami. Il a disparu il y'a cinq jours et je ne le retrouve pas. Je ne peux pas demander d'aide car c'est un ami un peu spécial. Alors je le cherche toute seule, et comme j'ai pas de piste pour le retrouver, je vais n'importe où, au hasard. Je me suis aventurée ici mais à cause des pluies, le terrain ressemble à un vrai marécage. Du coup, je me suis embourbée jusqu'aux épaules, puis je suis tombée dans la boue. J'ai vu le ruisseau et je me suis jetée dedans pour me rincer, sans me douter qu'il était si froid. Puis tu connais la suite. J'ai sûrement fait une hypothermie moyenne et j'ai perdu connaissance. Puis tu m'as trouvée..."

Je hochai la tête, je comprenais mieux pourquoi elle était venue ici, même si elle n'avait pas le droit. Si mon père disparaissait pendant plusieurs jours, j'aurai certainement fait comme elle ! Par contre je n'avais pas trop compris le "ami un peu spécial" il avait une maladie ? Peut-être... Mais je n'allais pas lui poser la question, si elle avait voulu me le dire, elle l'aurait dit tout de suite. Au lieu de ça, je la regardai en souriant un peu et d'une voix légère déclarai :

"On peut dire que tu n'as pas eu une journée de tout repos ! Mais tu retrouveras certainement ton ami, ne t'inquiètes pas."

Je lui souris à nouveau, continuant d'avancer, impatient d'atteindre le couvert des arbres pour être enfin à l'abris. On marcha un long moment, l'avancée étant plus difficile à certains endroits à cause de la neige mêlée à la boue, mon pelage était emmêlé et plein de boue rendant l'avancée plus difficile, mais notre calvaire était bientôt fini, puisque à l'horizon, je pouvais apercevoir la Grande Fleur, entourée d'arbres. L'endroit formait vraiment une frontière avec les terres de ma meute qui ne comptait presque pas d'arbres, juste des plaines et des ruisseaux, mais c'était plutôt pratique pour s'entraîner au combat, comme je le faisais souvent avec Bosco à la Prairie Étoilée. On continuait de s'approcher, les arbres devenaient de plus en plus grands, jusqu'à ce qu'Okana s'exclame à nouveau :

"Dis moi, Kagy ? Tu sais comment y arriver au moins, à la Grande Fleur ?"

Je m'arrêtais d'avancer, observant les arbres serrés. Je n'y étais jamais allé, mais ça ne devait pas être bien compliqué de s'orienter ! Si ? Je m'assis alors, observant les imposants végétaux qui n'étaient plus très loin de nous et me mis à réfléchir, il devait certainement y avoir un chemin qui menait directement à la Grande Fleur. À force d'y aller, un sentier naturel avait du se créer. Enfin, je l'espérais. Me tournant vers Okana, toujours assis et essayant d'avoir une mine confiante, je lui répondis finalement :

"Je n'y suis jamais allé mais il doit certainement avoir un chemin. Et puis, peut-être qu'on trouvera ton ami, il s'est peut être caché quelque part à l'abris des autres."

Je lui offris un sourire confiant et me mis à avancer vers les arbres, désireux d'enfin être un peu abrité par les arbres, mon pelage étant trempé et couvert de boue. Enfin, on atteignit le couvert des arbres, et je pus enfin replier mes arbres, poussant un petit soupir de soulagement alors que je les étirai lentement pour finalement les coller à nouveau contre mon corps, comme je faisais souvent. Je m'ébrouai ensuite essayant d'enlever un peu de cette eau qui gorgeait mon pelage épais. Je regardai ensuite mes pattes en faisant la grimace, elles étaient couvertes de boue ! Mais c'était mieux que je la laisse sécher pour pouvoir la retirer plus facilement, même si cette sensation de saleté était très agréable. Reportant mon attention sur Okana je l'observais quelques secondes, son pelage avait l'air moins humide, elle devait avoir moins froid, ce qui me soulagea quelque peu.

"Tu as moins froid ? On pourrait rester un peu ici si tu veux, on a pas mal marché et pis on est à l'abris de la pluie !"

Je m'allongeai sur le sol recouvert de feuilles, c'était plutôt plaisant de ne pas sentir de la neige sous soi, pour une fois. J'agitai doucement ma queue, essayant de trouver quoi dire. Laissant mon regard vagabonder autour de moi quelques instants, observant les arbres aux troncs sombres, je finis finalement par déclarer :

"Tu voudrais devenir quoi plus tard ? T'as déjà commencé ta formation ?"

C'était peut-être des questions banales mais bon, les conversations commençaient souvent par ça. Et pis, ça permettrait de faire passer le temps, nous pourrions reprendre notre marche un peu plus tard.

Bizarrement, Okana gardait une expression frigide, presque indifférente, comme-ci plus rien ne l'atteignait. Pourtant, elle semblait avoir moins froid, elle devrait tout de même se réjouir... Non ? Enfin, chacun sa façon de réagir après tout, mais je devais avouer que sa réaction me surprenait quelque peu. Je n'objectais par contre rien, préférant garder le silence, après tout, c'était peut-être moi qui interprétait mal son comportement... Enfin cela serait étrange, tout comme ce sourire qu'elle arborait actuellement, son regard azuré braqué sur moi, ce qui me perturba quelque peu. Je fronçais les sourcils, tandis qu'elle s'approchait de moi, on n'aurait même pas dit qu'il y'a encore une heure à peine elle était en pleine hypothermie, à peine capable d'ouvrir les yeux ! On pouvait dire qu'elle récupérait vite, et qu'elle semblait avoir une personnalité assez... Changeante ? Oui, on pouvait dire ça.

"En fait, mon truc c'est la chasse. Mais c'est lassant, très lassant. Moi ce que je préfère, c'est traquer et attendre, tapis dans l'ombre, suivre pendant des jours une proie difficile à avoir, et quand elle est en position de faiblesse, l'achever sans aucune pitié. Mais il n'y a qu'une seule proie qui correspond pour ce type de chasse..."

Lorsque j'avais entendu le début de sa phrase, un petit sourire avait naquit sur mes babines, j'avais ouvert la bouche, m'apprêtant à lui répondre que j'avais la même voie, jusqu'à entendre la suite de sa phrase, qui me perturba. On aurait dit une louve sanguinaire pendant quelques instants, racontant comment achever ses victimes lentement, en les faisant souffrir le plus longtemps possible. C'était vraiment troublant. Mais je gardais toujours le silence, assis, droit comme un piquet, essayant de ne rien laisser paraître, attendant de voir... Et bien je ne sais pas trop, j'attendais, quoi ? Aucune idée, peut-être de voir ce qu'allait faire la loupiote, sa réaction, la suite de sa phrase... La suite qui ne tarda pas à arriver. Elle était très proche de moi, je pouvais presque sentir son souffle chaud à mon oreille, tandis qu'elle susurrait d'une voix sombre :

"Le loup..."

Et sans que je n'ai pu déclarer quoi que ce soit ou ne serait-ce comprendre ce qu'elle venait de me dire, Okana se jeta sur moi, me plaquant au sol sans que je n'ai eu le temps de réagir. Je heurtais le sol avec force ce qui me coupa le souffle et me fit lâcher un petit cri étouffé. Elle était complètement folle cette louve ! Toujours son sourire sur les babines, la loupiote s'approcha de moi, je n'essayais même pas de me débattre, cela ne servirait à rien, Okana faisait la même taille que moi et elle me tenait fermement, ses pattes appuyées sur mes épaules, je n'aurai eu l'air que d'un pauvre idiot à me débatte comme un fou, à m'épuiser pour rien. Au lieu de cela, le regard flamboyant, je l'observais rapprocher ses crocs de mon cou comme pour me retirer la vie, en était-elle capable ? Je l'avais sauvée, pouvait-elle tuer ? J'en doutais fort, mais j'avais tout de même une petite appréhension, au creux de mon estomac et dans la gorge. Une appréhension qui s'envola aussitôt lorsque la louve me relâcha et éclata de rire, visiblement très amusée par sa petite plaisanterie. Je me relevai, le pelage ébouriffé et me donnait un rapide coup de langue pour le remettre en place, avant de reporter mon attention sur Okana qui continuait de s'esclaffer de rire. Je n'étais pas énervé contre elle, même si elle avait un humour plutôt douteux, il en fallait plus pour m'agacer malgré sa plaisanterie de mauvais goût. Enfin, autant lui rendre la monnaie de sa pièce ! Un petit sourire aux babines, et profitant qu'elle continuait de rire, je me jetais sur elle comme elle l'avait fait et la plaquait au sol, mes pattes tenant fermement ses épaules.

"Chacun son tour !" déclarai-je en souriant.

Je comptais la tenir jusqu'à ce qu'elle se débatte mais un étrange bruit pas très loin me fit dresser l'oreille. On aurait le gémissement d'un tout petit louveteau, à peine audible, mais je ne rêvais pas. Tournant la tête, je relâchais la louveteau pour m'avancer un peu, le gémissement se faisant plus sonore. Les oreilles bien droites, je tournais alors la tête vers la loupiote :

"T'as entendu ça ? On dirait un gémissement !"

Le bruit se fit plus fort, et je me décidai à m'engouffrer dans les buissons, cherchant qui pouvait bien produire ce bruit, bondissant a travers le taillis tout en déclarant à Okana :

"Viens grande chasseuse !"

Je me demandais bien qui pouvait bien faire ce bruit et surtout, qu'est ce qu'il avait.

Okana finit par me rejoindre. Marchant doucement, je tendais les oreilles, à l'affût du moindre bruit. Je n'avais pas rêve, j'entendais toujours ce gémissement, pas très difficile à percevoir mais au plus on avançait, au même être le son, ni nous ne nous éloignions du loup ou tout autre chose poussant cette sorte de gémissement, si nous ne nous rapprochions, c'était vraiment étrange. Il semblait avoir toujours la même fréquence, que j'avance de trois pas ou que je recule de quatre. J'étais si absorbé par ce bruit, ce bruit qui me perturbait franchement que je faillis même un moment trébucher sur une racine sortant du sol, ce qui eut pour conséquence de me tirer de cette sorte de rêverie, si l'on pouvait appeler cela ainsi, ou j'étais focalisé sur le gémissement. Nous nous étions tout de même bien enfoncés dans la Grande Fleur, sans toutefois avoir de trace du dit végétal, même si le sol autour de nous était parsemé de fleurs aux énormes pétales qui semblaient dégager une odeur doucereuse. Je n'aimais pas trop cette odeur, sucrée voir trop qui devenait vite écœurante. Les odeurs boisées ou bien celle de la terre humide était bien plus plaisantes à humer. Enfin, selon mon avis.

"Il y a un truc qui cloche Kagy, on ne se rapproche pas du bruit. On marche depuis longtemps pourtant, mais il semble toujours aussi loin. C'est étrange. En plus ce bruit me dit quelque chose.
- J'avais remarqué... C'est étrange."

Même si je ne l'avais pas dit, j'espérais qu'elle allait vite se souvenir de pourquoi elle connaissait ce bruit, et si possible, ce que c'était. Moi qui avait pensé un moment qu'il s'agissait de un louveteau égare... On l'aurait trouvé, depuis le temps que l'on marchait ! Enfin, cela avait permis à mon pelage trempé par la pluie d'un peu sécher, et à Okana de se rétablir.

"On dégage, vite. Il y a un loup pas net dans le coin, ou un truc qui essaie de nous attirer. Tout le monde a faim, surtout les grands, et on est devenu de la bonne chair. Il faut qu'on s'en aille tout de...
- Ohoh... Dis donc, on se connaît ?"

Je n'avais même pas eu le temps de lui répondre, même si sa phrase m'avait troublé. C'est vrai que beaucoup de loups devenaient fous à cause de la famine, jusqu'à en devenir cannibale mais jusqu'à gémir... Enfin je n'avais pas eu le temps de pousser ma réflexion plus loin car une autre voix, beaucoup plus rauque et caverneuse, s'était élevée. Les poils de mon échine s'était hérissé, cette voix ne me disait rien qui vaille. Lentement, je m'étais retourné, c'était un loup, immense, aux pattes qui faisaient trois fois les miennes, il semblait très amaigri mais malgré cela, il restait très imposant. Son regard était sombre et vicieux, instinctivement je rabattais mes oreilles en émettant un petit grondement silencieux.

"Kagy ?"

Je tournais à peine la tête vers Okana, les muscles bandés, prêt à bondir. Lorsqu'elle reprit, hurlant du plus fort qu'elle pût de courir, je reculai, attendant qu'elle vienne avec moi, mais la voilà sur le loup, à lui griffer violemment le museau, ses griffes soudainement immenses, certainement son don. Le loup poussa un long grondement de colère et de douleur mêle ressemblant plus à un râle tandis qu'Okana déguerpissait aussi sec, me dépassant en une fraction de seconde. Quant à moi, je restais la, en position de combat, les ailes déployées comme pour me faire plus menaçant, observant ce loup qui continuait de grogner, du sang dégoûtant de son museau. J'étais comme paralysé, mais lorsque son regard illuminé d'une flamme d'une haine sans nom, je repris mes esprits. Le loup se jeta sur moi mais j'esquivai de côté, c'était le moment de partir. Lui sautant par-dessus et m'aidant de mes ailes pour aller plus vite, je me retrouvais bientôt à l'endroit où Okana m'avait dépassé. Lui jetant un regard, j'eus alors une idée pour le ralentir. Activant mon pouvoir, je créais des flammes entre lui et moi ce qui, je l'espérais, aller le ralentir, avant de déguerpir aussi sec, cavalant comme un dératé.

Je ne sais combien de temps j'ai couru, mais ce que je savais, c'est que j'étais vraiment essoufflé ! Et impossible de retrouver Okana. Le souffle court, j'essayais de reprendre ma respiration, avant de me mettre à crier tant bien que je pus :

"Okana ? Okana !"

J'espérais ne pas attirer l'autre loup en braillant ainsi. La respiration toujours rapide, je me remis à avancer à tâtons, essayant de repérer l'odeur cendrée de la loupiote. Avançant entre les broussailles, sur mes gardes, je n'avais toujours pas trouvé de traces de la louve des Crocs du Feu. Alors que je contournais un énième bosquet, j'aperçus alors un petit chat, gris, au pied d'un arbre. Il m'observant de ses grands yeux, c'était rare d'en voir ! Je m'approchais d'un pas et il recula un peu, ne me quittant pas du regard.

"N'aie pas peur je ne te ferai pas de mal..."

J'avançais encore d'un pas et il recula de deux pas, visiblement, il semblait craintif. J'allais essayer de m'approcher encore jusqu'à ce que l'odeur d'Okana mêlé à celle plus forte d'un loup me parvint. Je tournais la tête, Okana n'était pas loin... Et le loup non plus. Retournant ma tête vers le chat, je ne le vis plus, il avait disparu. Clignant des yeux plusieurs fois, l'odeur de la loupiote du feu me rappela mes priorités et je me mis à la pister, me faufilant sous des buissons jusqu'à arriver sur un sentier ou je ne me risqua pas d'aller immédiatement. Il y'avait le loup, qui semblait observer avec intérêt... Le chat de tout à l'heure. Le pelage gonfle, le petit félin semblait minuscule face à ce loup immense.

"Hmm... Enfin un peu de chair fraîche par ici..."

Alors qu'il approchait ses crocs du chaton, je ne pus me résigner à laisser ce chaton se faire dévorer sous mes yeux. Poussé par je ne sais quelle idée folle, je bondis en-dehors des buissons et me jetai sur le loup, agrippant son pelage emmêlé de mes griffes. Le loup gronda, m'observant de son regard de tueur, avant de se débattre avec force, me faisant valser de tout côté. Je ne tins pas longtemps, je finis par lâcher et à me retrouver par terre. L'imposant canidé se tourna face à moi, tandis que je reprenais mes esprits et me redressai, encore sonné, me plaçant en position de combat, comme je l'avais fait des centaines de fois aux entraînements avec Bosco, la queue haute, les ailes plaquées sur mon corps, les muscles bandés.

"T'approche pas..."

Il ricana, je bloquai ma respiration, mes pensées tournées vers mon père, que j'espérais revoir un jour...

HS:

Le loup noir et imposant continuait de m'observer, son regard sombre allumé d'une lueur gourmande, mêlant sadisme, cruauté et folie. J'étais pétrifié. Que pouvais-je faire face à un loup adulte si imposant ? Les entraînements, ce n'était pas comme de vrais combats, j'étais face à un adversaire vivant, puissant et doté d'une intelligence plus ou moins développée. Ce n'était pas un simple tronc d'arbre contre lequel j'envoyais des coups de griffes, c'était pour de vrai cette fois-ci, et c'était effrayant. Je n'avais jamais prévu de combattre aussi jeune, je m'entraînais beaucoup pour plus tard car il était certain qu'une fois adulte, ou même adolescent, je devrais combattre, souffrir et voir mon pelage parsemé de cicatrices. C'était obligé. Ils étaient rares les loups n'ayant jamais combattu de leur vie, excepté les nourrices et guérisseurs, et encore... Mes muscles étaient pétrifiés, contractés en s'en rompre tandis que mon regard restait braqué sur le loup, qui continuait de me regarder avec gourmandise, un sourire malsain peignant son visage de dément. Qu'attendait-il pour m'attaquer ? Que je me mette à pleurer comme un loupiot tout juste né ? Certainement pas ! J'étais certes effrayé, même terrifié, mais jamais ne me mettrai à pleurer. Fronçant les sourcils, le visage se tordant en une sorte de grimace de détermination, les crocs dévoilés, je me mis à gronder. Je n'étais pas sur de pouvoir esquiver son premier coup, la peur me paralyserait peut-être trop, mais s'il le faut, je mourrais avec honneur, le visage marqué par les stigmates d'un combattant.

Et puis  un bruit de feuille. Étonné, mes oreilles s'agitèrent doucement, mais je continuais de fixer le loup, qui ne semblait n'avoir rien entendu. Et puis, lorsque je vis un éclair de fourrure brune, cavalait sur le loup et bondir dessus, j'ouvrais la bouche en reconnaissant Okana, la gueule grande ouverte. Sous les yeux ébahis, ses crocs de taille normale jusqu'à alors, s'agrandirent sous mes yeux, soudain immenses et brillants, et se plantèrent dans la chaire du loup. Ce dernier poussa un long hurlement rauque et se cambra, le regard fou. Du sang gicla sur le sol, j'en reçus même sur la truffe ce qui, étonnement, m'éveilla. Le loup se recroquevilla, son regard de braise soudain empli d'une certaine douleur. Grondant, je m'approchais de lui et lui griffais avec force la truffe, lui arrachant un autre cri.

"J'espère que tu vas te vider de ton sang et mourir, espèce de chien galeux !"

Je tournai mon regard vers Okana, on pouvait dire qu'elle avait repris du poil de la bête. J'agirai doucement mes oreilles, toute ma peur et ma rage de combat s'était aussitôt dissipée. Je reportai à nouveau mon regard sur le loup qui était beaucoup moins imposant et intimidant à présent. Je fronçai le museau, dégouté par tant de cruauté dans un même corps. Enfin, même si le loup continuait de gémir, il se remettrait bien vite de sa blessure, il fallait partir. Me plaçant face au loup, j'activais mon pouvoir, mes flammes bleus apparaissant, des flammes bleues que je projetais sur les quatre pattes du loup. C'était la première fois que j'allais essayer ça, j'espérais que cela allait fonctionner.

"Je vais essayer de l'immobiliser puis on déguerpît vite d'ici !" déclarai-je à la louve.

Reportant mon attention sur mes flammes, je contractait tout mon corps, le visage tendu à l'extrême, mon regard focalisait sur mon feu bleu. J'en étais capable, je pouvais créer de la glace en refroidissant assez la température, je le savais ! Mais cela semblait tellement fatiguant... Concentré plus que jamais, je fis la grimace, dévoilant à nouveau mes crocs, mes griffes se plantant dans la terre. Je sentis même une goutte de sueur roulait le long de mon museau. Mes flammes gagnèrent en intensité, devenant presque aveuglantes à regarder, tandis que j'entendis un petit bruit de craquement, comme-ci quelque chose de nouveau se former. Lorsque, à travers les flammes, je vis ce qui ressemblait à de la glace, j'accentuais mes flammes, le craquement se répétant, sentant mon souffle court, comme-ci j'avais couru pendant des heures. Et puis, épuisé, je m'affalai sur le sol, mes flammes disparaissant, les pattes soudain raides et lourdes. Mais j'avais réussi. Une couche de glace ni très épaisse ni pas du tout s'était formée autour des quatre pattes du loup, qui semblait à moitié évanoui. Cela ne le retiendrait pas longtemps, juste assez pour que nous puissions nous éloigner assez de lui. Enfin, j'espérais en avoir la force, c'était la première fois que j'arrivais à créer de la glace en refroidissant la température, ça m'avait vidé de mon énergie.

"J'ai réussi... Filons d'ici maintenant."

Essayant de me remettre sur mes pattes, j'y arrivais tant bien que mal mais je vacillai beaucoup. La tête le tourna, et je dus dériver jusqu'au tronc d'arbre le plus proche, fermant les yeux pour essayer de remettre le monde autour de moi droit. J'avais mal à la tête et mes pattes étaient lourdes. Je n'aurai pas pensé que créer cette couche de glace si fine pouvait être si éreintant. Mais il fallait partir. Avançant une patte avec prudence, puis l'autre, j'avançais avec lenteur, sentant tout de même le monde tourner autour de moi. J'avais déjà le souffle court, mais il fallait partir et vite...

Alors que je ne sentais même plus la force de me lever, Okana se colla à mon pelage, comme je l'avais fait avec elle, lorsqu'elle était en hypothermie, tremblante comme une feuille, sauf que cette fois-ci, son pelage était chaud et elle ne tremblait plus, je pouvais m'appuyer sur elle. Je poussai un petit soupir soulagé, ça m'apprendra à vouloir autant utiliser mon don ! Je sentis la tête me tourner et mes pattes flancher encore, je ne pus retenir un petit grognement d'agacement face à ma propre impuissance. Je dus d'ailleurs m'appuyer un peu trop sur la loupiote puisque cette dernière déclara en riant :

"Allez du con, t'es lourd !
- Désolée..."

Je lui offris un petit sourire fatigué et essayai de me maintenir un peu mieux sur mes pattes, essayant de rendre la tâche un peu moins ardue pour Okana. C'était chacun son tour, on pouvait dire... Les pattes tremblantes, j'essayai tout de même de tenir tant bien que mal, avant de jeter un regard au loup, qui restait allongé, complètement chaos, ma glace entourant toujours ses pattes, il était temps que l'on parte, enfin, si nous arrivions à nous orienter... La forêt était épaisse autour de la Grande Fleur, il était difficile de s'orienter, un peu comme dans la Jungle Verdoyante. Cela serait compliqué de trouver la sortie, surtout que ni Okana ni moi, ne connaissions l'endroit... J'avais vraiment eu une mauvaise idée de venir ici, je m'en voulais. Je soupirai, exaspéré contre moi-même.

"Quel imbécile j'ai été de t'avoir amené ici !"

Je baissai les oreilles, dépité, je me demandai bien comment nous allions pouvoir sortir d'ici, tous les arbres se ressemblaient... Je secouai la tête, on finirait peut-être par tomber sur le bon chemin... Ou pas. Il ne fallait pas trop espérer non plus. Je tournai ma tête vers Okana, elle avait bien repris ses forces et moi aussi je sentais mes pattes un tout petit peu moins lourde, mais vraiment un tout petit peu. Je serai un poids mort pour elle mais je ne voulais pas rester ici ! À côté de ce monstre auquel j'avais congelé les pattes en plus... Et puis, soudain, une idée germa dans mon esprit, je souris.

"Tu te sentirais de grimper à un arbre ? On pourrait voir quel chemin prendre comme ça !"

Content de mon idée, je m'assis alors pour soulager un peu la loupiote et me reposer également. Ma tête me tournait un peu, je sentais toujours mes jambes flageolantes, mais cela allait tout de même un peu mieux. Assis en essayant de retrouver mes esprits et de retrouver mon énergie, mes pattes avant repliées, j'attendais de savoir si ma proposition convenait à Okana, qui je l'espérais, allait me répondre rapidement, nous étions toujours à côté du loup noir, et même s'il était encore assommé et maintenu par ma glace pendant un court lapse de temps, il pouvait se réveiller à tout moment...