Le calme irradiait de toute part. Le silence semblait envelopper Sann et ce lieu, presque magique, en cette fin de journée. L'astre du jour disparaissait lentement à l'horizon dans un voile orangé, laissant place à la lune. C'était comme si la louve avait quitté cet endroit, si calme et si beau, depuis des siècles.
Son voyage n'avait duré que quelques semaines, mais revenir sur ses terres lui procurait un bonheur immense.
Bientôt, le silence laisserait place aux bruits qui hantent la nuit, aux cauchemars qui troublaient ses nuits, et la lune brillerait de mille feux dans le ciel. Sann leva les yeux vers elle. La lune : elle savait tout, c'était la gardienne de la nuit. Elle éclairait le chemin des loups perdus dans leurs sombres cauchemars, et leur redonnait espoir jusqu'au lever du jour. Sann, tout en observant les reflets d'argent de la lune, se souvint et, doucement, récita :
Chaque jour sans te voir,
Mais seulement savoir,
Que tu es là haut quelque part.
Chaque nuit te voir briller,
Comme une étoile d'acier,
Comme la pointe d'une épée.
Les vers tournaient dans sa tête, mélangés à des souvenirs lointains. Elle ferma les yeux. C'étaient les paroles de sa mère.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le soleil avait disparut, mais Sann avait comme l'impression de se réveiller après un long rêve.