Faire face au passé

L’automne était arrivé, les forêts avaient perdues leurs belles couleurs. Les feuilles devenaient oranges pour finalement venir s’écraser sur le sol, après avoir passé trois quart de l’année à grandir, pousser et rendre la forêt plus belle. Les dernières feuilles tombaient lentement, et la brise les emportait loin devant, les emmenant loin de leur arbre, qui allait devoir se débrouiller seul pour survivre comme chaque année, avant l’Hiver. Bosco lui, était occupé à regarder discrètement les louveteaux jouer, il voulait voir s’ils testaient leurs propres limites, ou s’ils s’arrêtaient seulement lorsque cela devenait trop difficile. Bien souvent, il fronçait les sourcils, décidément, la nouvelle génération n’était pas bien débrouillarde, ils avaient besoin de revoir leurs manières. « Hempf, ils devraient avoir une vraie éducation ! Ah ! S’ils avaient eu oncle Watty comme moi lorsque j’étais gosse, ça ne se passerai pas comme ça ! » Pensait-il. Sur cette pensée, il partit dans ses pensées, loin de tous. Qu’il était beau, le temps avant. Malheureusement Bosco n’en avait pas assez profité, il n’avait pas assez profité des moments qu’il devait passer avec son oncle Waterblade, qu’il considérait au début, comme un envahisseur.

Puis Bosco se vit partir dans des rêves. Il se voyait, entouré de sa mère et de Waterblade. Ils avaient l’air d’être heureux encore, à ce temps-là.
Le guerrier des Voix de l’Eau secoua son museau pour revenir à lui-même. Voilà un petit moment qu’il n’avait pas rêvé de sa famille. A vrai dire, il y pensait moins. Le passage à l’âge adulte lui avait fait passer son deuil, et, maintenant il pouvait se retrouver seul dans sa tanière, Kyuhei n’était plus avec lui. Il posa son regard sur les trois louveteaux qui s’étaient visiblement retourné vers le guerrier. Ils le regardaient, tous. Bosco leur lança un regard méprisant, mais avec un petit sourire. Devaient-ils bien le prendre, ou non ? Et, en un temps-mouvement, le mâle aux pupilles vertes se dressa sur ses quatre pattes, et s’en alla.

Il était retourné dans sa tanière. Sur le chemin, il avait croisé quelques autres loups, à qui il envoyait un léger sourire, pour essayer de paraître gentil, et cela avait l’air de marcher. En entrant dans sa tanière, il soupira, fermant les yeux quelques secondes. Au moins ici, il pouvait être tranquille. Il ouvrit les yeux, ceux-ci se portant sur la fiole. Cette fiole, le cadeau de son oncle. Il l’avait reçu lorsque celui-ci était mort, Bosco s’était promit de ne pas l’utiliser lorsque tout allait encore mal, il s’était promit de l’utiliser uniquement lorsqu’il se sentirait assez fort pour pouvoir les revoir à nouveau. Il ferma les yeux à nouveau, réfléchissant quelques secondes, puis il rouvrit les yeux. Il se sentait prêt.

Il se dressa sur ses pattes, quittant la position assise qu’il avait prise, et s’avança lentement vers cette fiole, sans la quitter des yeux. Devait-il vraiment le faire ? Oui, il se sentait prêt. Et même si au jour d’aujourd’hui, Leah n’était plus là pour lui confirmer ses doutes, il se sentait lui-même prêt, et assez fort pour ne pas retomber dans la déprime. Il l’a saisi donc de ses crocs, et s’en alla rapidement vers les territoires neutres.

Il dut traverser tout le territoire des Voix de l’Eau, en passant par la Prairie Etoilée, le Ruisseau de la Solitude, pour finalement arriver à la grande fleur. Il pensait qu’il s’agissait du meilleur endroit pour espérer revoir les êtres les plus chers à ses yeux. Bosco voulait arriver à la grande fleur, il en prit du temps, avant d’arriver à trouver son bonheur. Il n’avait pas manqué de trébucher une fois, ou deux même. A vrai dire, il avait un peu hâte, et un peu peur en même temps. Qu’allait-il arriver ? C’est ça qui lui faisait peur.

Bien sûr, il a fini par y arriver, il s’arrêta un instant, le temps de prendre son calme. Il aurait préféré venir ici en Eté, les fleurs y étaient beaucoup plus belles, mais soit ! C’était trop long d’attendre encore. Il déposa sa fiole au sol, avant de la regarder lentement. Il ferma les yeux, soufflant, pensant, le cœur battant. Bientôt, il allait peut-être revoir ceux qu’il aimait tant ! Une boule au ventre se formait en lui, il avait le cœur battant. Le guerrier soupira une dernière fois, pour rouvrit les yeux, les posant sur la fiole qu’il avait emporté avec lui depuis le territoire des Voix de l’Eau.

- «  Bon… Il faut bien commencer un jour… »

Puis, le jeune mâle saisit la fiole, en retira le bouchon, puis bu le liquide qui se trouvait à l’intérieur. « Je veux revoir Brume et Waterblade, je veux revoir Brume et Waterblade, je veux revoir Brume et Waterblade » se dit-il à lui-même.

Faire face au passé

Il avait les yeux fermés. La brise passait dans son pelage, le soulevant légèrement, tel la crinière d'un lion. Oh, que l'attente fut longue. Presque interminable, pendant un moment, il crut que cela n'était qu'une vacherie, qu'un mythe, qu'un mensonge. Faire revenir les morts pendant un laps de temps! Pf, bien sûr que ce n'est qu'un mythe, qui peut revenir de la mort? Hein qui? Bosco soupirait. Le doute était en lui, emplissant son corps secondes après secondes. Il avait toujours les yeux fermés, il avait peur. Il y croyait tellement, tellement... Cela ne pouvait être faux, non pas possible...

Les minutes étaient interminables, il n'en pouvait plus. Bosco ne se doutait en rien que la louve au pelage violet, la louve aux yeux mauve, cette Alpha, l'Alpha des Voix de l'Eau, l'Alpha qu'était sa mère, se trouvait juste derrière lui. Il n'avait rien entendu. En fait, il tremblait encore. Le vent, c'était tout ce qu'il entendait, le vent... Ce vent qui lui passait dans les oreilles, ce vent qui avait emporté Oncle Watty, ce vent qui avait porté au loin ses dernières paroles. Ce maudit vent, qui emporte tout sur son passage. Ce vent qui siffle, d'un point à ce qu'on flippe au plus profond de nous même.

Pourtant, il y a eu cette voix. Cette voix que Bosco eut failli loupé. Du moins, il pensait qu'il ne s'agissait que le fruit de son imagination, ou les murmures de ce vent, sifflant au loin. Pourtant non, cette voix paraissait bien réelle. Le mâle brun ouvrit lentement les yeux. Cette voix rauque. Il la connaissait. N'était-ce qu'un mirage? Non, il fallait tenter le coup.

Bosco pivota lentement sur ses pattes. Boum, il a raté un battement de cœur. Etait-ce bien Brume? Sa mère? Devant lui? Et Waterblade? Non loin d'elle? OUI ce l'était! Et voici que la larme qui poussait ses paupières pour sortir, mais qu'il voulait garder en lui, eut bientôt plus de force. Et celle-ci coula sur ses joues. Oh, qu'ils étaient beaux. Ils n'avaient pas changé.

Que dire? Il ne savait pas comment réagir face à cette scène. Oh, sa queue remuait toute seule, sans qu'il ne puisse la retenir.

« Eh bien je suppose qu'elle ne doit plus l'être autant qu'avant... » dit-il sans vraiment savoir quoi répondre...

Puis, oubliant toutes bonnes manières, il se jeta sur ses parents, sautant d'abord sur la louve violette, afin de la pousser vers le mâle bleu. Et soudain, il crut oublier le temps, oublier ou il était, et ce qu'il était. Il n'avait jamais été aussi heureux depuis un long moment.

« Que c'est bon de vous revoir putain! Que c'est bon!»