La nuit dans les montagnes rocheuses était plus belle que dans n'importe quel territoire. Et pour cause ! Ces grandes montagnes enneigées surplombaient toute l'île et c'était sans nul doute ici que l'on trouvait le point le plus dégagé d'Estrya étant donné que certains des pics passaient au travers des nuages. C'était là que se trouvait Amarante. Au delà des nuages. Au dessus : Immensité étoilée, pure. Au dessous : Vallée entièrement cachée par une mer grise de nuages cotonneux. Spectacle ravissant qu'offrait Maman nature au guérisseur cynique. Le cynique n'est après tout qu'un idéaliste déçu, dirons nous. Ici, il était plus proche des dieux. Mais qu'avait-il bien à faire des dieux, lui, il voulait voir les étoiles. Les étoiles, Elle aimait les regarder avec lui. Et lui, il aimait La regarder lorsqu'elle regardait les étoiles.

Ne vous méprenez pas, Amarante n'était en aucun cas l'un de ces clichés pleurant après un amour perdu. Non, il n'était pas là pour se lamenter, ni même pour prendre un mystérieux air mélancolique qui dirait "je suis trop dark badass, tombez amoureux de moi svp". Non, le loup avait simplement des tendances insomniaques, et ce depuis toujours, ainsi, pour ne pas que ces heures de sommeil perdues soient vaines, il avait pris pour habitude de partir en balade. C'est pourquoi il était là, respirant le calme le plus parfait. Oui, il pensait à Elle, parfois, souvent, mais pas toujours. Et le souvenir de celle qu'il aimait autrefois ne lui inspirait plus que de beaux souvenirs révolus qu'il gardait précieusement dans son coeur. C'était arrivé, voilà tout, et après ? On meurt tous un jour, n'est-ce pas ? Et le corps n'est après tout qu'un amas de cellules vieillissantes vouées à mourir. Il mourrait lui aussi, comme elle, et bien que son coté cartésien lui soufflait qu'il n'y avait pas d'après, il aimait à penser qu'il la retrouverait sans doute dans une réalité parallèle.

La lune était pleine, et de temps en temps, on pouvait entendre quelques loups hurler. C'était une manie de son espèce. Crier à la lune. Sweetreality lui manqua. Mais ici, il avait bien le droit, il était seul après tout.

-S'il te plait, jolie fleur, fais donc en sorte qu'on ne nous dérange pas, ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas retrouvés tous les deux ~ ♪

Le vent souffla. Une perce neige vint s'emmêler dans son poil. Il trouva ça très poétique, ce qui lui arracha un rictus sarcastique.