[Et moi je suis désolée, j'ai fait beaucoup de blabla pour pas grand chose au final D: Ce sera mieux la prochaine fois promis, je me remet juste dans le bain, j'ai du mal !]

You look like you've been for breakfast at the Heartbreak Hotel~♫

Merde. merde. merde. Son poil frissonna. Alors, elle avait quitté l’île, enfin. La demoiselle considéra de ses yeux de sang l'étendue de fleurs gelées où tout avait commencé. Ce lieu où elle s'était droguée pour voir celui qu'elle aimait et où elle s'était ensuite jetée dans la mer, plus ou moins consciente. C'était son pouvoir qui l'avait sauvée, à vrai dire. Le froid de l'eau l'avait fait revenir à elle, elle s'était ensuite entourée d'une bulle d'air qui l'avait maintenue en vie jusqu'à ce qu'elle échoue dans ce lieu, étrange, mais nouveau. Une bénédiction.

Un pas. Deux.

Elle fronça le nez, affichant une moue d'enfant capricieux. Elle connaissait les dangers de cet endroit, et elle n'était pas revenue ici pour jouer les junkies. Au loin, une forme. Wildstorm ? C'était lui, oui ! Beau et propre. Plus une tache de sang sur son magnifique pelage. Elle s'est trompée ! Sur toute la ligne ! Il a survécu ! Et il vient l’accueillir !

- Wildy ! Mon Wildy ! Articula-t-elle, la voix à demi brisée.

Non. Wildstorm est mort, mort et décomposé. Parce qu'il n'y a rien après la mort, rien, tout s'arrête, et c'en est fini, rien de mystique, rien, rien au ciel, rien à la terre, tout est ici et maintenant, ainsi, ici et maintenant, Wildstorm ressemble sans doute à un horrible tas de chairs et d'os bouffé par quelques charognards. Voilà la vérité, pas très reluisante, mais c'était la vérité de Kenya, la vérité qui dans le fond la rassurait le plus. C'est vrai, quoi? Vous trouvez ça apaisant de penser que quelqu'un vous observe et vous juge en permanence, vous ? Ou que tout est déjà écrit ? Brrr.

Elle se protégea des vapeurs toxiques. Ces derniers temps, elle s'était rendue compte de l'utilité de son pouvoir qu'elle n'utilisait jamais autre fois. Ainsi, mademoiselle rouge avança, saine et lucide dans ce territoire de folie pure.

"Mère ?"

Elle sursauta et son poil s'hérissa immédiatement dès qu'elle entendit ce qualificatif qui ne lui avait plus été destiné depuis si longtemps. C'est vrai, elle avait une fille.....wow, quel souvenir flou ! Elle eut un rire nerveux. Sa tête pivota doucement en direction de la voix et elle fut surprise de trouver ici un loup. Ah mais, attendez donc ! Un loup immense ! Et comprenez que la situation était d'autant plus caricaturale si l'on tient compte de la propre taille de Kenya : C’est à dire réellement plus petite que les autres femelles. Elle arqua un sourcil, ironique. Alors ça allait être l'histoire du rat qui sauve le lion ? Rah.

La louve s'approcha, prudente et détailla le loup. Callum...si ses souvenirs d'espionne ne lui faisaient pas défaut...elle ne savait pas plus de choses que ça sur sa personne. Elle roula des yeux. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur sa gueule ? Elle n'avait rien d'altruiste, pas de bol...mais rien de sadique non plus et elle considéra que laisser crever un ennemi comme ça, ce n'était pas très fair-play. De toute façon, qu'est-ce que pouvait vraiment être un ennemi pour elle ? Elle s'était toujours tenue à l'écart des conflits et s'était toujours méfiée des inconnus, qu'ils soient de son coté ou non. C'est un fait, Kenya n'aimait que peu de gens. Et puis, les terres ici sont neutres. Il pourra lui arracher les yeux plus tard, mais pas ici. Ici, ils sont loups. Point.

-Ben mon vieux...Je pensais que les grands garçons se débrouillaient seuls... soupira-t-elle tout en agrandissant autour d'elle sa bulle d'air pur.

La demoiselle à la longue mèche blanche se laissa tomber, assise, et regarda du coin de l’œil ce loup immense qui faisait bien trois fois sa taille. Joli garçon. Non décidément, elle n'était pas sa mère. Pas trop déçu, j'espère ? Elle l'abandonna du regard, le laissant récupérer derrière elle, toujours assise.

Mademoiselle regarda les fleurs, mademoiselle aima la neige, mademoiselle redécouvrit le paysage. C'était beau. Personne ne se rendait jamais compte de ce qui était beau.

La voix grave de Callum fit sursauter la demoiselle, qui, assise devant sa contemplation, l'avait déjà presque oublié. Ou peut-être pensait-elle qu'il ne parlerait pas. Kenya avait des idées bien trop optimistes au sujet de ses congénères : évidemment, qu'il allait parler ! Les usages le voulaient. Il fallait qu'il la remercie, bien qu'elle, elle n'ait pas plus envie que ça d'être remerciée. Et puis, les loups étaient bavards et avaient tendance à parler pour le rien dire, c'était un fait !

Heureusement, le grand mâle n'avait pas un ton agressif. Remarquez, elle n'avait qu'à réduire sa bulle pour le laisser à ses délires jusqu'à ce que mort s'en suive, alors il avait plutôt intérêt à être sympa ! Elle tourna la tête de profil pour pouvoir le voir du coin de l’œil, sans pour autant bouger son corps. Mh? Il était donc bêta ! Et ben merde, elle n'avait pas sauvé n'importe quel loup de la terre ! Gente dame ? Oh, le pauvre garçon semblait ne pas encore avoir conscience d'être en présence d'un affreux gnome grognon. Même moi, j'aurais préféré être la narratrice de quelqu'un de plus gai. Mais passons, Kenya était ce qu'elle était, et le terme gente dame la fit sourire imperceptiblement tant elle s'en considérait opposée.

Il lui demanda son identité. Elle hésita. Pas que son nom puisse lui évoquer quoi que ce soit, seulement, les espions, surtout ennemis, n'étaient jamais vus d'un très bon oeil. Red Queen comprenait qu'il n'était pas super agréable de comprendre que l'on est face à quelqu'un qui vous a peut-être déjà zieuté derrière une fougère. Kenya avait cette tendance à vouloir éviter le conflit. Elle n'était pas une de ces têtes brûlées inconscientes, ainsi, elle esquivait les litiges lorsque c'était possible. A condition qu'on ne la cherche pas trop. Faut pas abuser non plus.

-Kenya, du vent, simple chasseuse. Simple, et précis. Ne me dis pas qu'on ne t'avait jamais prévenu au sujet des dangers de ces fleurs ! Elle se tourna vers lui pour mieux l'observer. Il était vraiment grand, si bien qu'elle prenait la mesure de son propre gabarie, si petit. Elle arqua un sourcil, sourit et ajouta Tu m'as appelé maman. Mais on est tous les deux forcés de constater que même avec la meilleure volonté du monde, j'aurais jamais pu engendrer un géant pareil. Elle rit, un rire clair, sans moquerie.

Ses pattes tremblèrent un peu, elle se laissa aller au sol et étira ses pattes avants en baillant. L'air de rien, l'utilisation constante de son pouvoir lui donnait mal au crane et la fatiguait. Peut-être était-ce ça, peut-être était-ce simplement le fait de se rappeler qu'elle avait bien une fille, quelque part. Elle chassa très vite cette idée et décrocha un grand sourire lumineux. Elle n'allait pas commencer à plomber l'ambiance, rendez-vous compte !