Je soupirai, bien seul. En cette belle matinée, personne n'était dans les tanières contiguës. Et même dehors, il y avait peu de louveteaux de mon âge. Que des jeunes, dont leur museau ne pouvait s'élever assez haut pour me toucher la tête. Les loups de mon âge s'étaient déjà trouvé un adulte pour leur enseigner leur métier, grâce à leurs parents, ou à leur sociabilité naturelle. Moi, je me cachais, je me faufilais en douce, mais je ne me sentais pas assez prêt pour ça. J'avais bien rencontré l'espion QuickSilver, et être espion m'attirait beaucoup, mais je n'osais pas aller lui demander. J'étais trop faible, trop peureux. Je devais changer ça ! Je ne pouvais pas protéger la meute si j'avais peur d'aller adresser la parole à l'un de mes camarades. Une fois de plus, il fallait partir à l'aventure. Une fois de plus, je me faufilais du camp par ma trouée favorite, qui avait rétréci. Il sera bientôt temps que j'emprunte l'entrée du camp pour sortir.
Je comptais me diriger vers le monument qui est redouté de tout les louveteaux, même les apprentis : les Hautes Pierres. Les rumeurs qui circulaient disaient que les pointes de cette montagne étaient si élevées que la roche touchait les nuages. Et qu'il faisait si froid que tes moustaches se couvraient de glace. Les gouffres étaient si profonds que l'on pouvait tombe pour l'éternité. Il fallait assurément être aussi courageux qu'un guerrier pour oser se promener là bas. Et moi je voulais montrer que je pouvais y arriver.
Première épreuve, le chemin. Les montagnes se voyaient de loin, à l'horizon. Mais bientôt, je me rendis compte que malgré mes pas, la montagne ne se rapprochait pas. D'une petite balade, à sautiller entre les buissons, poursuivre les papillons, je gardais désormais le cap. Je marchais droit vers ma destination, sans me distraire. Ma nuque me faisait mal à force d'admirer les sommets nuageux.
Vint un moment où je ne pouvais plus voir le haut de la montagne. A la place, la pierre était devant moi, et un sentier étroit qui montait très haut. Je sentis la peur me gagner, mais je fis un pas en avant, puis un autre. Je m'engageais sur le sentier. Je tâchais de ne regarder qu'en haut désormais, vers ma destination. Et surtout le chemin, car il y avait plein de fissures.
Malheureusement, mon voyage allait être de courte durée. La route s'arrêtait avec un trou au milieu. Le vent était désormais froid, je grelottais, collé à la pierre. Je m'approchais du bord. Les pierres tombaient sous mes pattes. Un regard timide vers le bas, et je fus submergé par la panique. Le sol était si loin, j'avais grimpé vraiment haut. Terrorisé, je voulus m'enfuir, mais la montagne se sentit perturbée par ce mouvement brusque, et le chemin se brisait tandis que je gémissais, mes pattes tendues vers le haut.