Depuis que l’hiver avait fait ses valises de neige et quitté les terres d’Estryä, Launysk s’apercevait, au fur et à mesure que les jours passaient, que sa fourrure n’était vraiment pas appropriée pour la belle saison…

« J’ai chauuuuud ! »

Se lamentait-elle à longueur de journée.

C’est pourquoi elle était la plupart du temps dans l’eau, essayant vainement d’évacuer la chaleur, pourtant parfaitement supportable pour ses congénères.
Et alors il ne fallait surtout pas parler d’été, ces quelques mois maudits où la pauvre folle restait cloîtrée dans sa tanière ou immergée jusqu’au cou dans le Ruisseau de la Solitude.

Lors d’une de ses baignades matinales en aval de la Source Cachée, elle commença à délirer et divaguer sur le sujet de la respiration sous-marine –certainement à cause d’une petite insolation ? Bien sûr que non, ces monologues farfelus sont courants chez elle- :

« Et si je prends un os assez long et fin, que je le vide et perce ses extrémités, peut-être que ça peut marcher… "Marcher" ? Un os qui marche ? Ce serait trop zarb quand même. Mais pourquoi j’ai dit "marcher", moi ? Wouuuh la la, saleté de chaleur ! Si seulement je pouvais te massacrer ta… tes… ton… ton air tiens ! Ouais c’est bien ça. »

Puis, contente de sa trouvaille, elle fit une petite cabriole dans l’eau et resta sur le dos. Et oui, rester presque toute la journée dans la rivière, ça fait faire des progrès en natation ! Nynysk pourrait presque participer aux Jeux Olympiques !
Soudain, la belle louve entendit un grand splash un peu plus en amont. Sortant rapidement de l’eau comme un véritable… pingouin –et si vous n’avez jamais vu ce volatile s’éjecter de l’océan pour rejoindre la banquise, Google est votre ami :3-, elle s’ébroua vivement, devenant ainsi une boule de poils. S’aidant de ses griffes, elle brossa son pelage soyeux et brillant, puis elle se faufila entre les broussailles pour arriver à l’endroit de provenait ce fameux bruit.
A travers un buisson, Launysk vit un loup qui devait avoir à peu près le même âge qu’elle, noir gris et rouge avec une touffe de cheveux impressionnante, qui était couché dans l’herbe. D’après son odeur, il était de la tribu des Griffes de la Terre.
Ce dernier détecta enfin son parfum et lança :

- Qui me fait l’honneur de sa présence ?

Tout à coup, une idée saugrenue s’insinua dans l’esprit tortueux de la chasseuse de la meute des Voix de l’Eau –certainement à cause des hormones… ben oui, le printemps, c’est pas que les p’tites fleurs et les papillons :3- :

*Je vais me la jouer "louve fatale" !*

Alors, affichant un petit sourire en coin et faisant des yeux revolvers assombris par de longs cils recourbés, elle sortit de l’ombre d’une démarche digne des plus grands top models, en adoptant l’effet L’Oréal Paris en secouant sa tignasse. Et, bon sang ! Cette femelle avait vraiment un ravageur pouvoir séducteur !

« Salut toi. Je m’appelle Launysk… C’est quoi ton p’tit nom mon mignon ? »

Lança-t-elle de manière charmeuse à l’inconnu.

Le mâle tricolore resta un moment sans réagir, gueule bée, puis il se releva et s’avança vers Launysk en recalant sa mèche, qui lui donnait un petit côté rebelle. Et oui, notre belle folle fait toujours son effet au près de la gente masculine !

- Oh ma belle, mon p'tit nom c'est Daniel, ravi de faire ta connaissance ma jolie. Lui susurra-t-il en attrapant doucement la délicate tête de Nynysk.

Il reposa sa patte au sol, et recala une nouvelle fois sa mèche en longeant ses yeux sombres dans ceux de la chasseuse des Voix de l’Eau :

- Est-ce que l'on vous a déjà dit que vous aviez de jolis yeux, lady ? Lui demanda le dénommé Daniel, un grand sourire charmeur aux lèvres.

Depuis le début de leur conversation, la magnifique louve regardait avec gourmandise son interlocuteur, ses splendides yeux bleus jouant avec la lumière de ce bel après-midi de printemps, mais gardant toujours un éclat de folie. Elle s’assit gracieusement et répondit avec un clin d’œil :

« Oui, on me l’a déjà dit. Mais je ne m’en lasse pas, surtout si c’est un beau loup qui me fait ce compliment. »

Avant que le mâle tricolore ne se rapproche trop, elle se releva, et se mit à tourner autour de lui.

« Alors comme ça, Daniel, on se prélasse au soleil ? Ça te dirait une petite baignade ? Rien que toi… et moi »

Finit-elle en murmurant ses dernières paroles à l’oreille du loup de la meute des Griffes de la Terre.

Launysk ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait irrésistiblement attirée par lui. Les hormones certainement… Néanmoins, la baignade n'était qu'un prétexte pour aller se rafraîchir. Elle ne perd pas le Nord en courant, notre Nynysk !