Thanatos leva le museau vers le ciel. Bon sang ! Ça empestait. Il ne parvenait à savoir d'où venait l'odeur, mais c'était purement insupportable.
Il se mit debout, les pattes bien plantées dans la terre humide. Il avait plu, et le ciel grisé semblait annoncer une averse prochaine. Très franchement, le loup s'en fichait. Mais la bout et le froid étaient un mauvais mélange pour une bonne santé, et tomber malade ne le séduisait pas tellement.
Il se trouvait près du territoire de la Terre. Et il lui fallait avouer qu'il mourrait d'envie d'y pénétrer. Ce ne serait pas très moral, mais à quoi bon ? Il était discret, ce Thanatos, alors pourquoi se ferait-il prendre ?
Le lumineux secoua la tête. Ses oreilles claquèrent dans l'air, telles de petits fouets. Il remua une patte avant dans la terre, puis fit quelques pas, franchissant la barrière olfactive qu'étaient les frontières. Il s'imprégna des fragrances qui planaient dans l'air alentour. L'humus trempé, les plantes, la sève des arbres, l'herbe perle de goutte s'accrochant à la courte vie leur étant réservée, et le parfum de la Meute de la Terre. Tout cela formait un mélange entêtant, bien plus agréable que le fumet de dehors.
Sans attendre, il trottina, laissant des traces dans la boue. À chacun de ses pas s'élevait dans le silence un léger bruit de succion. a douceur du matinal té lui caressait le pelage, bien que ses pattes trempées frissonnaient.
Après avoir ainsi trottiné sans vraiment d'autre but que découvrir, il s'arrêta devant un large rivière, dont l'eau se trouvait teintée d'une bien étrange couleur.
Non, ce n'était pas possible !
Il s'approcha un peu plus, restant prudent.
Oui, l'eau était rouge ! Pourpre ! Du sang ?
À cette pensée, son coeur s'emballa. Il recula, craintif. En se retournant, il heurta quelqu'un.

— Aïe !

Et il lança ainsi la pire chose que l'on pouvait crier en terre ennemie. D'autant plus que le loup en face ne semblait... Pas très commode.