Aion se promenait dans les bois afin de chercher de la nourriture. Il avait faim, et cela le rendait encore pire que d'habitude. Ne trouvant pas son bonheur parmi les lapins et autres bêbêtes, il se dirigeait maintenant vers le ruisseau, espérant y trouver du bon poisson.
Alors qu'il n'était pas encore sorti de la forêt, il vit le spectacle le plus hilarant de sa vie: une louve complètement trempée, qui essayait d'attraper un poisson qui se trouvait trois mètres plus loin que l'endroit où elle plongeait la patte. Mais elle avait deux pattes gauches, ou elle n'avait jamais péché?
Alors qu'il allait vraiment éclaté de rire, il la vit lourdement tomber au sol. Ha, le spectacle était fini. Il attendit un peu pour voir si elle allait recommencer, mais comme elle restait allongée là sans bouger, il s'approcha d'elle. Il la vit alors de près et eu un chic: elle paraissait vraiment très mal nourrie et en très piteux état. En fait, c'est pas qu'elle savait pas pêcher, c'est tout simplement qu'elle savait pas attraper de nourriture.
Dans l'un de ses très rares élans de pitié, Aion attrapa un poisson qu'il déposa à côté de la louve, et qu'il tua directement au sol. Mais celle ci pris peur, et tenta de s'enfuir dans la forêt. Elle devais être vraiment malade, pour ne pas réussir à aller plus loin que l'orée des bois, en y tombant presque.
Aion la rejoint et jeta une seconde fois le poisson à côté d'elle. Cette fois, si elle ne le prenait pas, il le mangeait. Lui aussi avais faim!

-Si tu ne le mange pas, tu n'arriveras même pas à te relever.

Ce rapprochement lui avais permis de sentir son odeur. Elle était encore toute mouillée, alors ce n'était pas très facile, mais il parvenait quand même à déterminer qu'elle n'avait pas d'odeur particulière, et devait donc être une solitaire. Mais pourquoi donc irait-il aider une solitaire? Enfin bon, en ce moment, il faisait beaucoup de trucs trop gentils qui lui ressemblait pas. La vie en clan ne le réussissait pas, selon lui.

Aion regarda la louve manger son poisson. Elle le léchouillait avant de le grigontter petit bout par perit bout. C'en était presque mignon. Quand elle eu finit, il la vit se diriger à pas lents et mesurés vers la rivière, s'assoir sur un rocher et poser ses deux étranges queues dans l'eau.
Euh...ça devenait bizarre, là.
Puis d'un coup, elle fit une grimace et repartit vers la rive, de laquelle Aion s'était rapproché. Quand elle passa près de lui, il remarqua que deux poissons lui mordaient une queue. D'ailleurs, l'un d'eux lâcha prise et tomba à côté de lui. La louve se retourna pour voir, et continua sa route, en lui laissant le poisson. Sûrement en retour de celui qu'Aion lui avait donné plus tôt.
La voyant s'éloigner, il se retourna d'un bond vers elle et s'approcha un peu.

-Pourquoi es-tu venue ici? Il y a des terrains de chasse aux terres neutres. Pourquoi venir à ceux de la tribu de l'eau?

Il espérait qu'elle s'arrêterait pour lui répondre avant de s'en aller encore plus loin dans la forêt. Il est vrai que cette question l'intriguait, mais en fait il aimait tout simplement parler aux louves, sans les tyranniser comme il le faisait avec les louveteaux. Les femmes, il les respectaient.

-Premièrement, loup, je ne suis aucunement venue ici par plaisir, encore moins pour voler de la nourriture à l'Eau. Et crois moi, 1 poissons en moins ne tue personne surtout dans la saison des pêches... Tant fait pas! Donnes-moi trois heure et je serais loin derrière la frontière quelque part en train de me perdre sur un autre territoire...T'auras même pas besoin de me tuer ou me botter le cul pour partir.

Houla, on se calme. Il n'avait pas voulu paraître méchant, pas besoin de prendre la mouche direct!
Il la vit alors tenter de créer un nuage de brouillard, qui n'avait apparemment pas beaucoup l'air de vouloir se créer. Faute de pouvoir s'enfuir, alors elle se coucha dans une flaque de boue, changeant le blanc laiteux de son ventre en un marron caca des plus affreux.

-Je savais que j'aurais pas dû retourner à la maison!

Maison? Quelle maison? Elle avait habitée ici? Ça devait être avant son arrivée dans la meute, alors, car il ne l'avait jamais connue. Si elle est revenue, elle doit se sentir nostalgique, peut être. Ou elle aime juste le poisson. Enfin, c'est pas juste en l'aimant qu'on arrive à l'attraper.
Aion se rapprocha un peu et s'assis pas trop près d'elle. Il ne parla pas agressivement, ni ne parut pressé. Il ne voulait pas lui faire encore peur une seconde, troisième ou quatrième fois. Enfin peu importe le nombre, vu qu'elle avait eu peur de lui à chaque fois. Elle croyait quand même pas qu'il allait la tuer.

-Tu ne m'as pas répondu. Pourquoi venir ici, plutôt que de chasser sur tes territoires? Tu risques une mauvaise rencontre. Un autre que moi ne t'aurais pas donné de poisson.

-J'en sais rien, ok? J'ai un instinct de merde en ce qui concerne les directions et encore moins pour suivre les odeurs. Çà me surprendrais même pas si j'avais passé ici au moins 15 fois avant de me rendre compte qu'il y avait une rivière dans le coin. Et pourtant je pêchait ici tous les jours quand j'étais encore dans l'Eau!
-Et puis...je me fiche bien de crever ici, Je risque de causer ma propre perte alors pourquoi être vigilante? Les solitaires ont pas de maison, de territoires, de vie. Ils se cherchent dans un monde où rien est en leur faveur. Je suis venue ici en suivant un nuage, si tu es si intéressé à le savoir. Et puis j'en voulais pas de ton poisson. Je peut m'occuper de mon propre sort sans le reste du monde. J'étais bien parti pour m'en attraper un, tu trouvais pas?

Euh... la elle venait de dire qu'elle avait une mémoire de me*de, un sens d'orientation de me*de, et aucune volonté de vivre. Ha, et au passage, elle avait signalée qu'elle avait aussi une vie de me*de. Franchement, on pouvait pas faire pire.
Aion la vit alors se lever assez difficilement, aller se laver de la boue dans l'eau de la rivière, puis commencer à partir de l'autre côté de la rive. Il la rejoignit alors en quelques bonds, puis marcha à ses côtés. Vu sa difficulté à avancer, il n'avait pas besoin d'aller très vite. Et puis, elle n'allait pas s'enfuir si facilement. Lui, il voulait parler. Et draguer un peu au passage, pourquoi pas.

-Alors comme ça, tu faisait parti de l'eau. C'est un clan sympathique. Un peu snob, mais tout les clans le sont. Enfin bon, pourquoi es-tu devenue solitaire? J'imagine assez bien que ce n'est pas pour la vie de luxe. Ha, et au fait, non, tu n'étais pas du tout bien partie pour en attraper un, ils se moquaient presque de toi.

Il avait parler sérieusement, sauf la phrase sur le poisson, qu'il avait dit en riant. Franchement, s'il n'était pas passé, elle restait sur le carreau. On pouvait dire ... qu'il lui avait sauvé la vie.

-Oui, je viens de l'eau. Sympa, çà dépends pour qui...Et je suis ce que je suis parce que je le désirais et que j'étais due à me faire botter le derrière de toute façon...Je suis bien seule tout de même. Pas de chiots qui te réveille la nuit, pas de couple bécotteux, pas d'ordres, on va où on veux quand ont veux, la belle vie quoi!
-Quand on sait manger autre que du poisson et des branches mortes qu'il y a dans les bois et suffisamment vite pour sauver sa peau du moins....

Ha, bon, elle préférait être seule. Par moment, Aion aussi aimerait bien être seul, mais il finirait fou sans personne autour de lui! Non, impossible, la vie en clan lui était préférable. Puis il repensa à ce qu'elle avait dit en dernier... Ha, pas si bien que ça en fait, la vie en solo. Elle mangeait pas très bien, et apparemment pas tout le temps.
Puis il la vit d'un coup grimper à un arbre comme un écureuil. Euh... Elle est au courant qu'elle est un loup, ou elle est déboussolée au point de l'avoir oublié? Enfin bref, toujours est-il qu'elle se coucha sur une branche et regarda Aion d'un air triomphale, du genre "Là, tu m'auras pas!".
Lui, il n'avait de toute façon pas l'intention de grimper là-haut. Il laissait les arbres aux écureuils et aux oiseaux. A ce moment, il entendit justement un écureuil approcher. Ce petit imprudent était descendu à terre ramasser des noisettes, qui avaient dues tomber il y a quelques jours. Il en profita pour l'électrocuter, le tuant, et alla le chercher tranquillement. Il revint près de l'arbre dans lequel la louve était montée, et il déposa l'écureuil sur la branche la plus haute qu'il atteignait en se tenant droit sur le tronc d'arbre. Puis, il se coucha à terre, gardant juste la tête relevée.

-Si tu le veux, faut descendre le chercher, moi je ne monte pas là-haut. Si tu ne le veux pas, c'est dommage, ça fera de la viande pour le prochain charognard qui passera dans le coin.
Tu sais, tu n'es pas obligée de me fuir comme ça. Je ne compte pas t'attaquer. Je ne me bat contre les femmes, ça fait pas 'gentleman'.

-Ce qui est dommage est le fait que tous les imbéciles du monde crois que la nourriture m'est essentiel. Si je refuse c'est parce que ce pauvre est mort pour rien. Ensuite,le tueur se sent insulté par son offrande inutile...voilà pourquoi Brume m'a bannie. L'orgueil, la fierté, le gaspillage. Je suis incapable de tuer car on m'a appris différemment. Je suis différente de toi sur tout les aspects. Je en mange pas de gibier car je n’aime pas tuer et voir les autres tuer pour moi. Je mange le minimum avec du poisson déjà mort ou frais dont je me sent toujours mal à l'aise de manger. Ce petit méritait mieux, il n'a même pas de chair sur les os!
-Je me fiche que tu veuille m'attaquer ou pas, c'est ce que je suis. Inapprochable, froide, faible, peureuse. Femme ou pas, tu peux tuer. Gentleman ou pas, tu peux sacrifier pour les autres sans voir les conséquences. Depuis que je suis solitaire, je vie comme une proie. Si tu veux quelque chose de moi, tâche de ne pas tuer dans ma figure...

Ha, apparemment, cette louve n'aimait pas tuer... Dommage, Aion lui il aimait bien. Enfin, pas tuer n'importe qui, mais les petites proies, il adorait les tuer. C'est pour ça, qu'il aimait être chasseur.
Il vit alors la louve descendre de l'arbre d'un bond, récupérer l'écureuil et l'enterrer un peu plus loin. Et pourquoi pas un éloge funéraire, tant qu'on y est? Manquerai plus que ça.... Enfin, après ça elle s'éloigna en boitant et en gémissant de douleur. Comme quoi, le bond de l'arbre, c'était pas une si bonne idée que ça!
Aion s'approcha de la louve, la rattrapant facilement, et marcha près d'elle. Il s'efforçait de rester au même pas qu'elle, afin de pouvoir la rattraper si elle tombait. Il prit alors un air sérieux, et parla à la louve.

-Alors, que vas-tu faire maintenant? Partir la queue entre les jambes, et continuer à vagabonder sur les territoires, fuyant tous les loups s'approchants de toi? Tu as dis avoir été bannie car tu ne voulais pas tuer de proies.... C'est assez honorable, et en même temps très idiot. Pourquoi ne pas aller trouver le loup qui t'as banni et lui faire payer maintenant? Pourquoi attendre? Plus tu attend, plus tu t'affaibli et l'autre se renforce.

°Et franchement, vu l'état dans lequel tu es maintenant, à ce rythme tu es morte à la fin de la semaine° Pensa-t-il.

Je la vis alors tomber, sans même finir sa phrase. Elle couina, et commença à pleurer. En cet instant, je lui trouva une certaine ressemblance avec les petits louveteaux qui chialaient au moindre bobo. C'en était assez pathétique.

Et maintenant, peu contente d'être à terre, elle se releva, et resta ainsi sans bouger pendant un moment. Euh... elle avait beuguée? Et puis, après avoir tourné la tête dans ma direction, elle recula d'un coup, et tomba les fesses en premier après avoir trébuché sur une branche. Apparemment, voir ma tête lui avait fait un sacré choc. Je n'étais pas si horrible que ça, quand même?

Enfin bon, on a qu'une tête et on fait avec. Et d'ailleurs, ce commentaire à moi-même me fit repenser à ce que la louve avait dit un peu plus tôt. Euh..... Elle connaissait un loup qui ressemble à un écureuil? Nan mais parce que moi, si je ressemblais à un écureuil, je serais parti me cacher depuis longtemps. Mais, c'était peut-être pas le genre de commentaire à sortir devant cette louve. Elle était pas trop du genre à les apprécier, surtout depuis qu'elle paraissait avoir la tête dans les vapes. Tiens, en parlant de ça, elle était toujours par terre.

Tout en disant ces mots, je m'approcha doucement d'elle. Inutile d'allait vite, elle allait encore prendre peur, et là elle risquait de s'enfuir en courant, de pas voir une racine, et de finir la tête la première éclatée contre un tronc d'arbre. Bon, c'était vraiment le pire des cas, mais vaut mieux prévoir, hein! On sait jamais!

Je m'approchais doucement d'elle, m'attendant à tout instant à la voir déguerpir dès que je serais trop près, comme elle le faisait depuis le début. Ça en devenait assez agaçant, il faut le dire. En général, quand quelqu'un propose de vous aider, on ne le fuit pas. C'est la moindre des politesses. Enfin bon, elle avait pas l'air de fuir, cette fois. Effectivement, je ne mis pas longtemps à remarquer qu'elle était plus morte que vive. Quel état déplorable. Elle faisait presque pitié. Presque, elle était trop imprévisible pour qu'on est le temps de s'apitoyer sur son sort. Mais je ne pouvais pas non plus la laisser là, au milieu du territoire de l'eau. Le prochain loup qui passera la chassera à coup de crocs et de griffes. Et il serait bien capable de la tuer. Non, vraiment, il valait mieux la ramener à l'extérieur de nos terres.
Je me positionna à côté d'elle, passa ma tête sous son coup, et en deux temps trois mouvements je la mis sur mon dos. Elle gémit un peu, prononça deux trois mots absolument incompréhensibles, gigota quelques secondes, et ne bougea plus. On pourrait la croire morte, si ce n'est le léger souffle qui ébouriffait les poils de mon oreille.
Je n'avais fais qu'une dizaine de mètres qu'elle gigota à nouveau. Et cette fois, elle parla assez compréhensiblement. Ce qu'elle disait n'avait absolument aucun sens, mais au moins elle avait l'air réveillée. Et ces paroles avaient apparemment un sens pour elle. Tant mieux, car moi j'avais rien compris.

- Dis…toi. Tu sais….il est où? Le corbeau. Blanc. Blanc, blanc, blanc! Hahaha…. Tu sais il est où? C’est mon ange, vois-tu. Mon gardien. Il est où? DIS MOI QUE TU LE SAIS! Je t’en prie!!! Dis-le moi!

Elle nageait en plein délire ou je rêve? Elle riait, puis elle pleurait, puis elle recommencée à rire. Il faut être au moins fou, pour changer d'humeur comme ça. Finalement, elle s'est décidée pour les pleurs. Alors va pour les larmes. Et la fourrure trempée qui va avec, bien sûr. Et comme si ça ne suffisait pas, je sentis un filet de liquide chaud plus consistant que ses larmes. Et voila qu'elle saignait, maintenant! Non mais franchement, qu'est-ce qui m'a pris de vouloir l'aider? Elle ne me causait que des soucis depuis le début!
Je retourna près du ruisseau, et la déposa près du cours d'eau. Je lui balança alors une bonne rasade d'eau sur la figure, histoire de bien la réveiller, puis fis trempette à mon tour puis nettoyer mon dos. Une fois ressortis, je me secoua, l'éclaboussant encore, et m'assit à côté d'elle.

-Faudrait rester éveillée, maintenant. Tu ne peux pas t'évanouir toutes les trente secondes, c'est pas très conseillé si tu veux survivre en terres ennemies. Un autre que moi en aurait sûrement profité pour te tuer. Je sais pas c'est quoi ton corbeau, ni pourquoi tu tiens tant à le trouver. Hé, tu m'écoutes! Retombe pas dans les pommes!

Je voulais bien être gentil, mais il y avait des limites! Exaspéré, je fini par grogner et je lui tourna le dos, m'étendant au soleil pour laisser ma fourrure sécher.

Je m'étais tranquillement allongé au soleil, quand la louve commença à me crier dessus. Je l'avais aidé, et comment elle me remercier? En m'envoyant chier! Ben elle n'avait qu'à aller au diable! J'en avais fini avec elle. J'ai toujours moyennement respecter les femelles, mais celle-ci était trop ... bizarre... pour que j'arive à la considérer comme telle. Pendant que je rebrousser le poil de mes pattes à grands coups de langue pour le faire sêcher plus rapidement, j'entendit la louve recommencer à parler:

- Bon ben…Merci. Euhm….De m’avoir tenue compagnie le temps que je reprends ce qui me reste de ma sanité??! Mais....Ouais! J’ai des trucs à faire, des oiseaux à suivirent, un dieu à trouver….Alors…

Je rêve ou elle venait de me remercier? Ha ben en fait, elle était un peu normale quand même. Mais ce qu'elle avait dit était si bizarre ... que je la reconsidéra tout de suite comme complètement folle. 'sanité'... ça existait ce mot? 'Des dieux à trouver'... elle est vraiment seule dans sa tête cette louve? Parce que là, il y a de quoi se poser des questions.

- Alors… Ciao!

Ha, elle partait. Elle avait d'ailleurs commencé à s'éloigner quand je repris assez mes esprits pour lui répondre:

-Derien. Et tâche de ne pas te perdre, je n'aimerais pas avoir à ramasser tes morceaux.

Elle était si tête en l'air, si fragile, si facile à s'évanouir, que je douta grandement qu'elle parvienne à sortir de mes terres en un seul morceau, et sans faire de mauvaise rencontre. Ce doute transperçait grandement dans ma voix, car même moi je l'entendait. Mais il y avait aussi autre chose... je mis un temps à l'identifier, mais je fini par reconnaître ce sentiment: de l'inquiétude. J'étais inquiet? De quoi? De son sort? Alors là, je m'en fichais totalement! Mais qu'elle crève, ça fera plus de bouffe pour les autres!
Je grogna en me rallongeant totalement, posa la tête sur mes pattes, et ferma les yeux dans le but de dormir. Mais qu'elle parte, je m'en foutait!

Je commençais à m'enfoncer dans un doux sommeil, bercé par les clapotis de la rivière, qui apaisaient mes pensées. Je n'étais plus concentré que sur ce bruit, la tête vide de tout autre chose. Peut-être que si j'y avais  fais attention, j'aurais vu le louve se tromper de direction. Peut-être aussi l'aurais-je entendue se déplacer sans vraiment s'éloigner de son point de départ. Peut-être aurais-je pu lui crier qu'elle tournait en rond: elle m'aurait sûrement entendue. Et peut-être l'aurais-je entendue revenir vers moi. Mais non. Je dormais presque, et ces choses-là m'échappèrent. Pas très très professionnel, tout ça. M'enfin bon, après tout, je suis sur mon territoire, et la louve solitaire rentrait chez. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Je du vite déchanter. Certes, la louve rentrait, mais apparemment elle ne savait pas par où rentrer. Je mis un moment un moment à m'apercevoir de sa présence. Sa phrase acheva de me réveiller totalement. J'avais du contrarier le dieu des loups dans une autre vie, car tout le monde se faisait un point d'honneur à me déranger durant mes siestes. A croire qu'ils ne dormaient jamais. Enfin bon, maintenant que je suis réveillé, autant me lever. Je pris le temps de m'étirer, de bailler un grand coup et de me réhydrater la gorge. Je me retourna enfin vers la louve qui s'était encore perdue. Elle devait le faire exprès, c'est pas possible d'être nigaud à ce point. Mais apparemment si: elle était partie vers le premier coin de lumière qu'elle avait vue. Normal qu'elle soit revenue ici, alors: il n'y a pas d'arbres au dessus de la rivière, c'est la coin le plus ensoleillé à des mètres à la ronde. Même un louveteau sait ça!

-Ben, visiblement, pas vers ce coin de lumière, dis-je sur un ton moqueur.

Quoi? Moi, pas coopératif? Non mais, et puis quoi encore? Je l'avais ramassée, amenée ici, et remise sur pattes, quand même! Après un temps d'hésitation, je me dirigea finalement vers la direction opposée à celle qu'elle avait prise. Elle voulait sortir? Très bien! Hors de question qu'une étrangère continue de se promener librement dans mon territoire. Elle risquait de croiser un autre loup, et mon odeur traînait autour d'elle maintenant. J'ai pas envie d'avoir des problèmes à cause d'une paumée. Je ne pris même pas la peine de la regarder: elle me suit, elle sort, elle me suis pas, tant pis, elle reste bloquée à la rivière. Je marcha tout de suite d'un bon pas, m'enfonçant toujours plus dans la forêt, et évitant agilement les différentes branches basses et racines qui auraient pus ébouriffer mon poil.