Au clan, depuis quelques temps, ça braillait, ça braillait, et ça braillait sans cesse! Entre les morpions sur-protégés par les nourrices et les loups en constante recherche de nourriture, j'avais plus personne à embêter, moi! Pff, franchement, vous y croyez vous, passer une journée entière sans même taper un petit loupiot? Mais quel ennui! En plus, j'étais de corvée de chasse. Et pas qu'un peu: je passais ma journée à faire des aller retours entre le camps et différents terrains, pour ne ramener au final que quelques maigres prises, à peines suffisantes pour la moitié d'entre nous. Moi, j'avais proposé que chacun se débrouille, ainsi chacun sa merde: tu chasses, tu manges, tu chasses pas, tu crèves. Point barre. Ce serait si simple! Mais allez savoir pourquoi, au moment où je l'ai dis, j'ai bien failli finir complètement dépoilé! Ils sont fous, ces loups!
Enfin bref, puisque je n'ai pas droit à une minute de répit ici, je vais pas me gêner pour me reposer pendant ma chasse. Je suis donc parti vers la prairie étoilée, dans l'optique de profiter du soleil de l'après midi pour faire bronzette, et pourquoi pas dormir. Apparemment, la chance était au rendez-vous: quand je suis arrivé, la prairie était déserte, pas un chat, pas une odeur qui trahirait la présence d'un autre loup, et surtout, pas un nuage pour gâcher ma sieste. C'était juste parfait. Et gare au premier qui me dérangerait, il le regretterait très amèrement!
Je ne mis pas tellement longtemps à m'endormir: le temps d'aplanir quelques herbes, de me rouler en boule et de me détendre, et l'affaire était réglée. Si quelqu'un avait été présent à ce moment là, il aurait certainement pu discerner quelques petits ronflements traîtres qui s'échappaient docilement de ma gueule entrouverte. Mais personne n'était présent, alors personne ne m'entendrait, et personne ne pourrait rapporter à l'alpha que je dormais pendant ma cession de chasse. Qui durait d'ailleurs 24h/24, alors selon toute logique, je ne pouvais JAMAIS dormir, ce qui était aussi illogique que louvement impossible. Donc, j'était dans mon droit. Voila.
Après avoir réglé ce petit problème de conscience passager, en prenant note de ne jamais recommencer ce genre de dérapages indignent de moi, je m'endormis d'un sommeil sans rêves, totalement coupé du monde extérieur.
Je dormais d'ailleurs si bien, que je ne sentis pas l'odeur d'un loup s'approchant, pas plus que les bruits feutrés de ses pattes aux coussinets agiles ne laisser entendre. Je restais là, couché au milieu de la prairie, parmi les herbes, à la merci du premier intrus qui s'approcherait.

Je dormais du sommeil du jus... de l'innoce... je dormais, quand un coup dans mes côtes me réveilla en sursaut. Enfin, pas immédiatement: j'étais tellement endormis que je mis bien une bonne dizaine de secondes avant de comprendre que j'avais reçu un coup dans les côtes et que je sursautais. Réaction tout à fait inutile, d'ailleurs. Si ce loup avait été un ennemi, je serais déjà mort. C'était un coup dur à ma fierté de mâle chasseur accompli, mais il fallait reconnaître les choses comme elles sont. Je dormais au milieu d'un champs sans protections. Pas super efficace comme technique de survie en temps de guerre. Mais il était inutile de ruminer tout ça: je venais de sentir l'odeur de mon clan. Ouf... Sauvé pour l'instant. Je ne risquai plus de finir en charpie. Maintenant, je n'avais plus qu'à balancer quelques insultes bien senties, et je pourrais de nouveau m'endormir!

-Désolé ....  

La voix de la louve me stoppa net. Je commençais à replier mes pattes avants pour me relever, quand je la reconnu: celle de Snowstorm, l'ancienne alpha! Elle était bien connue dans le clan: alpha peu compétente, Brume avait finie par gagner un combat contre elle avant de prendre les rênes de la meute. Depuis, la louve ne rêvait que de reprendre sa place. Elle faisait partie de mon top 10 des louves les plus exaspérantes, d'ailleurs. Et top 5 des mieux foutues, oui, aussi. Mais là n'est pas la question.
Je repris mon mouvement là où je l'avais arrêté, et continua à me relever. Je lui fis face, et là, toutes les remarques insultantes que j'avais en tête se bousculèrent pour être la première à sortir. C'est fou comme la méchanceté peut être impatiente. Et si diversifiée, aussi. Il m'arrivait parfois qu'une pensée très malsaine me fasse rougir, tellement je la trouvais osée et odieuse à la fois.

-Hé, la tête de hareng, faudrait apprendre à marcher! Et à prendre un bain aussi, ça pu le poisson ici!

Bon, c'était une louve, je ne pouvais pas non plus être trop odieux. Il faut être galant avec les femelles, sinon on finit seul. Alors, je suis resté assez poli devant elle. Ben quoi, c'est pas poli peut être? Ça aurait pu être bien pire, je vous signale! Alors qu'elle s'estime heureuse! Je me suis retourné d'un bloc, je me suis recouché, à nouveau roulé en boule, j'ai posé ma tête sur mes pattes, battu le sol de la queue dans sa direction pour l'éloigner comme s'il s'agissait d'un moustique, puis j'ai de nouveau cherché à m'endormir. Faudrait pas non plus abuser! Depuis quand on réveille un loup en train de dormir alors qu'il est en pleine fleur de l'âge, hein?

-Hey ! Entre nous deux, c'est toi qui ressemble le plus à un poisson tête de thon, et je ne pue pas autant le poisson!

Cette femelle est désespérante. D'abord, je lui fait l'insigne honneur de ne pas l'étriper sur place, ensuite je lui parle gentiment, enfin pas trop méchamment, mais mieux que d'habitude quoi, et enfin je ne lui tiens même pas rigueur du fait qu'elle venait de me réveiller en pleine sieste. Elle ne voulait pas la lune non plus pendant qu'on y est? Après tout ça, non seulement elle ne me remerciée pas, mais en plus elle continuait à me déranger, en portant à mon propos des insultes absolument odieuses! Ça commence à bien faire!
Je me suis relevé d'un coup, ne portant aucune attention au fait que je risquai de la bousculer. J'ai collé ma truffe à la sienne, et je lui ai lancé un regard assassin, accompagné des mots suivants:

-Écoutes-moi bien, la tête de Hareng! Si tu souhaites rentrer en un seul morceau ce soir, je te conseilles de retirer tout de suite ce que tu viens de dire! JE-NE-SUIS-PAS-UN-POISSON!!

J'avais presque crié les derniers mots, chacun appuyé d'un pression sur son museau, comme si cela pouvait servir à quelque chose, à part avoir l'air con. Très con. Enfin bref, toujours est-il que je me retrouvais avec l'odeur de la louve en plein dans les narines. Mon pauvre odorat sensible envoyait à mon cerveau des messages de senteurs marines que j'ignorais complètement. Pas que je ne supportais pas cette odeur, en tant que membre du clan de l'eau, il est normal de sentir un peu l'eau, mais chez elle, cette fragance était si évidente, si prononcée, si ... si tout, qu'elle en devenait insupportable.
Je réprima à grand mal mon envie de faire quelques pas en arrière. Ce fut à ce moment que je me rendis compte qu'en fait j'étais plus grand qu'elle. Alors, autant éloigner mon pauvre nez... Je releva le museau, me redressa de tout mon buste, et plaça ma tête bien au dessus de la sienne, de façon à lui faire comprendre que je lui suis supérieur en tout, et qu'elle devait se coucher devant moi. Manquerait plus qu'un louveteau vienne me donner des autres, et je crois bien que j'aurais toucher le fond! Depuis quand les femelles se prennent-elles pour plus fortes que les mâles? C'est du jamais vu!

Cette femelle avit du répondant! Pas de doute, on reconnaissait l'ex-alpha tyrannique dans ses manières. Elle continuait à être plus petite que moi, pourtant elle avait une présence, une espèce de ... truc, qui la rendait plus imposante. Et qui commençais à m'effrayer. Un petit peu.

- C'est a toi de m'écouter: si tu penses que je vais m'excuser pour avoir dit ce que je pensais, ce n'est pas sous prétexte que t'es un mâle ( j’allais rajouter : et pas mal ! ), que je dois faire ce que tu souhaites.
- Juste parce que tu es un mâle tu crois être supérieur a moi!

Oui, c'est vrai, en tant que mâle, je me pense supérieur aux femelles. Mais de toute façon, c'est vrai, non? Les mâles ont toujours été supérieurs aux autres, il n'y a pas de raisons que ça change! Bon, apparemment, celle là n'était pas vraiment d'accord. Et elle était pas non plus du genre à qui on apprend la vie. Inutile d'essayer de lui faire comprendre, donc. Dans ces cas-là, mieux vaut les ignorer.
Je fis demi tour sans la regarder, faisant claquer ma queue contre son museau. Je commença par m'éloigner de quelques pas, puis je m'arrêta. Une idée venait de me traverser l'esprit: cette louve impétueuse n'est pas du genre à se faire marcher dessus sans réduire l'insolent en charpie. Pourquoi étais-je encore en un seul morceau? Aucune idée...

-Dis moi, le hareng. Dis-je sans me retourner. Depuis quand te laisses-tu insulter? Est-ce depuis ta décadence, lorsque tu as été rétrogradée, ou alors es-tu plus faible que tu le laisse entendre, et seul ton rang d'alpha te donnait le courage de ne pas te laisser marcher dessus?

J'étais peut-être allé un peu loin, mais c'est une question que beaucoup se posent: maintenant qu'elle n'est plus alpha, est-elle plus sage, ou continue-t-elle à se prendre pour la reine des loups?

Elle mit un certain temps, mais elle finit par se calmer. Elle avait encore les yeux rouges d'avoir tant pleurer. Depuis quand les étoiles font pleurer? Aucune idée. En tout cas, ses yeux ressortaient beaucoup sur sa fourrure blanche. Cela la rendait plus.... Non, rien du tout! Ça la rendait rien su tout!! Ho, ça suffit maintenant, avec ces pensées bizarres! On est pas là pour ça! Alors le cœur, tu la met en veilleuse! Bien. Snowstorm était assez apaisée, maintenant. Je n'avais pourtant pas envie de me lever. C'est vrai que j'avais un joli point de vue d'ici... NON! Les yeux en l'air, allez! Et je t'avais de la mettre en veilleuse, le cœur et tes pensées bizarres! Comme si je pouvais finir avec une femelle pareille... Même si c'était envisageable, ce qui ne l'est pas, elle paraît trop fragile. J'ai pas envie de passer ma vie à apaiser la femelle qui partagera ma tanière. J'ai pas que ça à faire, moi.

-Tu m'as vue pleurer, je dois être pitoyable à tes yeux, désolée de t'avoir fait voir ça... Je... je te remercie, la chose que tu m'as fais au front m'a calmé.

Bon, la crise de larmes était passée, je pouvais ma lever maintenant. ... Me lever, j'ai dis! Allons, les pattes s'y mettaient aussi, maintenant! Comme si le cœur HS ne suffisait pas, voila que mes pattes restaient couchées à côté de Snowstorm. OK, message reçu, je reste ici! Si je meurs affamé et déshydraté, on pourra dire que c'est parce que mes pattes et mon cœur voulaient rester avec cette louve! Bon, je vais faire quoi moi maintenant?

-Hum.

Hum? HUM? J'avais rien de mieux en stock? Apparemment, ma réplique me parue assez stupide pour que mes pattes reprennent vie. Je me leva d'un coup, faisant un bon de plusieurs centimètres, et resta debout, dos à la louve encore allongée à terre. Ha, de nouveau en panne, les pattes. Pffff... Au moins, je n'étais plus collée à elle. J'exagérais un peu, certes, mais nous étions si proches que mes poils s'électrisés sous l'effet de mon pouvoir que je ne contrôlais plus.
Ça aller être le défiler un par un, si je continuais comme ça. Je vais finir par être un légume incapable de cligner des yeux. En parlant d'yeux... Devinez vers où mon regard se tournait? Eh oui, vers Snowstorm. Ça en devenait risible, tellement je ne contrôlais plus. Il fallait vite désamorcer la bombe, ou ça allait m'exploser à la gueule.

-Ouais, bon, ça y est, tu vas mieux, tu peux rentrer maintenant.

Je fut assez fière du ton sec que j'avais employé. J'avais crains que ma voix ne me trahisse, mais apparemment, ça, je le contrôlais encore. Ouf... Tout n'est pas perdu...

Alors que je pensais être enfin débarrassé de cette louve, voila qu'elle venait s'asseoir à côté de moi! Je vais finir par croire qu'elle le fait exprès!

-Je ... franchement, je n'en n'est aucune envie, je ne peux pas rentrer au camps avec ces yeux rouges, je vais rester là, tu veux bien rester avec moi ?

Et voila, on y était. Maintenant je devais jouer à la nounou. Comme si j'avais que ça à faire. ... Ben en fait, si j'avais que ça à faire. Et crotte. Comment je pouvais refuser? Idée, idée, idée... Pourquoi ça vient pas? En plus, elle restait éloignée de moi comme si j'étais un pestiféré. Elle voulait que je reste, mais n'osait pas me toucher. Faudrait savoir.

-Mmm... C'est pas comme si j'avais autre chose à faire.

Je restais stoïque. Mais je ne pu empêcher une bulle de plaisir d'éclater dans mon cerveau. Ça y est, lui aussi je le perdais. Mais si je perdais mon cerveau, que me restait-il? Tout, plutôt que de devoir me l'avouer! Non, non, non, non!!! Et pourtant... Comme on le dit si bien, on ne peut lutter contre soi même. Je n'avais pas envie de quitter Snowstorm. Je voulais rester au près d'elle. Risible, non? Absolument impensable...
Me l'avouer me fit un bien insoupçonné. Si j'avais su, je me serais confessé plus tôt! Toujours est-il que maintenant, je ne pouvais pas partir juste comme ça, et la laisser au beau milieu de la prairie. Je resta un moment sans bouger, juste en regardant les étoiles se déplacer lentement, et en sentant le vent dans ma fourrure. En parlant de ça... Je m'étais imperceptiblement rapproché d'elle, juste assez pour que nos poils se touchent, de la même façon que lorsque nous étions couchés. Mais ça ne veut rien dire! Je commençais juste à avoir un peu froid, c'est tout!

- Tu ne ressemble pas vraiment a un hareng ou a quelque poisson qui soit, tu est plutôt un mélange du ciel dans la journée, du ciel dans la nuit et de la lune, ces trois couleurs le bleu, le noir et le blanc sont sur sont pelage pardon tu doit me prendre pour une idiote désolé.

J'en eu le souffle coupé. C'était si... gentil! Je crois que c'est la première personne qui me disait ce genre de choses sur mon pelage. J'avais eu beaucoup de comparaisons avec toutes sortes de poissons, mais jamais avec les astres... C'était si gentil, et si beau. Même si j'ai un peu de mal à voir où elle voit le ciel jour, le ciel nuit, et la lune. C'était juste du bleu du noir et du blanc, pas de quoi en faire tout un plat, non plus.

-Hum... ben... euh.... merci....

Et voila, elle qui pensait être idiote, elle devait se sentir intelligente à côté de moi, maintenant! Mais quel idiot! Allez, un truc gentil... aller... Pourquoi il y a rien qui vient? Je fis une moue de dépit, poussa un petit gémissement, me maudis pour cela, puis me retourna vers Snowstorm. Un instant, nos regard se croisèrent, et j'y vu une profondeur qui me coupa le souffle.

-Tes yeux sont magnifiques

Je dis cette phrase sans réfléchir, et me rendit compte seulement après coup que j'avais parlé. Et que j'étais en apné, aussi! je pris une inspiration, et recommença à respirer lentement. Je ne devais plus perdre la tête! Je me secoua la tête, cherchant à en faire partir les idées qui y germaient. Ça suffit, maintenant! On se calme! C'est qu'une louve normale, pas de quoi en faire tout un plat!

-Eux ... désolé je n'est pas vraiment l'habitude qu'on me complimente mais... merci ...

Ha bon? Elle devait pourtant attirer beaucoup de mâles. Son caractère devait beaucoup jouer contre elle, alors. Il faut dire qu'elle n'avait pas une super réputation à la base, mais en plus elle ne faisait rien pour la démentir. Un temps passa, laissant tout le loisir au vent qui se levait ébouriffer nos fourrures. Cela me rafraîchit grandement, et me fis du bien. Je regarda Snowstorm du coin de l’œil, vis qu'elle avait le museau pointé vers le ciel, et fis de même. Les étoiles ressortaient étrangement, ici. Elle parraîssait si proches, qu'on pouvait avoir l'impression de les toucher en tendant les pattes vers le cile. Oui, je sais, je dis des trucs idiots, et alors? Et ça y est, ça recommence. Voila que je re-perds la boule, moi.

Le ciel est magnifique non ?

Mes oreilles remuèrent légèrement lorsqu'elle parla. Je ne l'avais pas vu se tourner vers moi, ni re-pointer son museau vers le ciel. Mes oreilles seules affirmèrent que ses paroles m'avaient pris par surprise. Absorbé par la contemplation des points lumineux, j'en avais presque oublié sa présence. Oui, les étoiles sont magnifiques. Quand je tourna la tête vers elle, je vis le reflet des astres dans ses pupilles. Pourquoi lever la tête, quand de si belles choses se trouvent juste devant soi?
Je fis soudain un écart, me releva et lui tourna le dos. Que m'arrive-t-il? Que se passe-t-il? Hors de question pour moi de m'attacher à une femelle! Et puis quoi encore?

-Pardon

Et sur ce, je commença à m'éloigner d'elle. Il fallait que je mette de la distance entre nous, ou sinon j'allais finir par m'attacher à elle. Toute ma vie, je m'étais éloigné à chaque fois qu'une personne commençait à prendre de l'importance. Je n'allais pas rompre tout ce travail aujourd'hui!

Pardon... Non, je ne m'excusais pas envers elle. Pas seulement, envers elle. Je me pardonnais à moi-même aussi. Ou du moins, j'espérais pouvoir me pardonner. Alors pourquoi j'ai dis cela? Oui, pourquoi.... Peut-être m'excusai-je de ressentir quelque chose pour elle, peut-être m'excusais-je de ne pas vouloir rendre ces sentiments réels, peut-être m'excusais-je de les laisser paraître et de disparaître... J'avais trop de raisons de lui demander son pardon. Mais pourquoi me le demandais-je à moi-même? Ça, c'est facile: je souhaitais simplement me pardonner de ma lâcheté. Oui, pour la première fois de ma vie, je me suis montré lâche, lâche de comprendre ce sentiment qui grandissait en moi, lâche de le voir s'exprimer, lâche de la voir ressentir le même. Oui, je suis lâche, et je me déteste pour cela. Comment pourrais-je la regarder en face, me regarder en face, si je ne parvenais même pas à accepter ma lâcheté?

-Aion ... Non rien ...

Trois mots, trois petits mots qui eurent le pouvoir de m'arrêter. Arriverais-je à repartir, ou ferais-je demi-tour pour revenir vers elle? Qu'écouterais-je? Ma raison, qui me dis que ces sentiments nouveaux me ralentiront, ou mon cœur, qui me promet des sentiments si puissants? Peut-être devrais-je simplement rester là, à attendre qu'elle vienne, ou qu'elle s'en aille. Ainsi, n'aurais-je pas à prendre une décision qui, dans tout les cas, brisera quelque chose en moi.

- Pourquoi tu t'excuse ? Tu t'excuse de quoi ? ...

La voila, la question fatidique. Pourquoi me la posait-elle? Voulait-elle mettre à jour mes sentiments, ou voulait-elle juste me faire réaliser que je n'étais rien pour elle? Peut-être serais-ce mieux ainsi: je pourrais me dire que ce fût de sa faut, et non de la mienne. Je pourrais me faire croire qu'elle m'avait poussé à ressentir des choses pour mieux me détruire ensuite. Mais non, elle n'est pas comme ça. Ou ne voulais-je juste pas la voir comme elle est? Peut-être est-ce moi qui la fait paraître mieux qu'elle ne l'est réellement? Peut-être mon cœur trompe-t-il mes yeux aussi sûrement que ma raison essai de détruire mes sentiments? A moins que je ne me cherche juste une excuse, afin de lui donner la faute, pour me sentir mieux. Oui, ce doit être ça. Mais cela me rendrait trop lâche pour que j'ose seulement me regarder en face. Non, je ne pouvais rejeter ma faute sur elle.
Toujours immobile, je me retourna pour lui faire face. Je chercha son regard, et quand nos yeux se firent face, je le lui dis.

-Pardonne-moi de t'aimer.

Je le regardait, un sentiment profond était en moi, je ne connaissait pas sa raison pour être en moi, la raison qu'il existe est-elle existentielle a ma vie ? A mes sentiment ? Ce sentiment que je doit cesser de cacher pour Aion doit-il se dévoilé maintenant ? Doit-il dire a Aion se que j'ai ressenti dés que j'ai sentis sa fourrure contre la mienne ? Doit-il dévoilé que moi Snowstorm peut tombez amoureuse ? peut ressentir ses sentiments ? Moi qui d'habitude ne ressent aucune émotions, moi qui d'habitude prend les mâles pour des moins que rien :

-Pardonne-moi de t'aimer.

Je devins rouge, voila pourquoi j'aimait Aion, s'était le seul loup qui pouvait me faire rougir ... Le seul qui pouvait faire battre mon cœur aussi vite, je m'approcha de lui, je m'assis a coté de lui et par un reflexe posa ma tête sur son dos :

-Ce n'est pas une raison suffisante a mon gout pour t'excuser, je te remercie de m'avoir fait connaitre se sentiments .

Je levait ma tête de son dos et regarda Aion dans ces yeux ... se loup s'était excuser de m'aimer ? Alors que ce sentiment m'avait toujours était racontait par les autres, je ne l'avait ressentit pour personne et personne ne l'avait ressentis pour moi, une larme coula de ma joue surement a cause de l'émotion, je ne me connaissait aussi sentimentale, je tourna la tête et murmura un :

-Désolé ...

"Pardonne-moi de t'aimer". Quatre mots. Quatre petits mots que j'avais eu tant de mal à dire, et qui étaient pourtant si simples. Je ne pus soutenir son regard, je baissa la tête. Et alors que je m'apprêtais à courrir me cacher quelque part au fond d'un trou, je sentis sa tête se poser en douceur sur mon dos. Je na l'avais pas fais fuir... Comment? Pourquoi?

-Ce n'est pas une raison suffisante a mon gout pour t'excuser, je te remercie de m'avoir fait connaitre ce sentiment.

Je commença alors à tourner la tête vers elle. Nos yeux se rencontrèrent à nouveau, et j'y vu des étoiles plus brillantes que la voie lactée, des mondes plus beaux que ceux de mes rêves les plus fous. Et je su que je ne pourrais plus penser à une autre louve. Non, seulement à elle. Snowstorm venait de me voler mon coeur, et jamais je ne le récupèrerais.
Elle tourna alors la tête au moment où je vis une larme briller, et ma vue se troubla à son tour deurant un court instant. Etait-ce ça, l'amour? Etre condamné à devenir aveugle lorsque l'on ne pouvait voir celle pour qui notre coeur continuait à battre?

-Désolé...

Ha. Elle aussi. S'excusait-elle pour une raison identique, ou alors s'excusait-elle de m'avoir fait croire à quelque chose de plus grand que ce à quoi j'ai toujours rêvé? Peut-être les deux, peut-être aucun. Il n'y a, comme on dit, qu'une seule façon de le savoir. Je me contorsiona et tourna sur mes pattes pour me mettre face à elle. Je lui lécha alors la joue, faisant s'envoler les vestiges d'une larme solitaire.

-Pourquoi t'excuses-tu? De ta beauté? De mes sentiments? Ou des tiens peut-être? Mais sache que quelque soit la raison, je ne pourrais m'empêcher de penser à toi chaque jour, de vouloir t'avoir près de moi dès que je te vois, de laisser mon coeur s'emballer lorsque je sentirais ton odeur, de voir ton visage parmi les étoiles. Alors dis-moi, de quoi t'excuses-tu?

- Je m'excuse car je n'es pas l'habitude de ressentir se sentiment pour qui conque, tout le monde autour de moi se mettez en couple sauf moi.
-Moi aussi je ne peut m’empêcher de penser a toi ...

Voila, elle venait de le dire... Mes sentiments ne sont pas à sens uniques! Enfin... est-ce si bien? Peut-être aurait-il mieux valut qu'elle ne ressente pas la même chose, ainsi ça aurait été plus facile de partir. Peut-être, oui, peut-être... Mais pourquoi moi? Pourquoi étais-je amoureux? Pourquoi maintenant, pourquoi elle, pourquoi, pourquoi, pourquoi????? Je ne veux pas devenir un vieux loup gâteux comme tous ces pères de famille, un loup dont les enfant deviendrait un point faible permanent, évident, et trop peu facile à protéger. En plus, si j'aime une louve, plus question de passer mes nerfs sur les autres: elle serait capable de m'en vouloir! Holala, je ne vois que des problèmes à une vie de couple... Non, vraiment, ce n'est pas possible, il faut de suite arrêter ça!
Mais, en même temps... Enfin me poser, arrêter ces escapades solitaires, partager un repas et une tanière, avoir quelqu'un auprès de qui me blottir, l'air heureux qu'on tous ces loups qui retournent vers leur femme... Peut-être est-ce la vie que je recherche, après tout. Peut-être est-ce pour moi un moyen de me rapprocher enfin des autres, d'abolir ces barrières depuis si longtemps érigées, de faire fondre la carapace qui enveloppe mon coeur... Peut-être est-ce le moment de changer. Changer pour le mieux.
Je pris une grande inspiration, me remis debout, fis glisser ma tête de sa joue jusqu'au creux de sa nuque, et resta là un moment, sans rien dire, sans rien faire, juste je respirais son odeur. Puis, d'une voix douce, je lui dis:

-Je veux vivre avec toi. Je veux partager mon repas, ma tanière, ma nuit, mes songes et mes pensées avec toi. Je veux partager ma vie avec toi. Snowstorm, accepterais-tu de partager ces choses-la avec moi?

Nous étions enlacés l'un sur l'autre, et quand je respirais son odeur, c'était comme si les senteurs du paradis descendaient du ciel pour venir se nicher sur son pelage. J'avais envie de décrocher la lune et de la lui offrir. Durant tout le temps que dura notre étreinte, je me perdis dans mes pensées, et ce contact me ramena, bien malgré moi, à des pensées et des souvenir peu heureux...

Pathétique, non? Moi qui m'étais promis de ne jamais ressentir ça pour une louve... Mais dans un sens, je me consolais en me disant que non, je n'était pas tombé amoureux d'une louve, je n'avais pas rompu cette promesse tacite: je venais juste de tomber sous le charme d'un ange. C'est beau ce que je pense, non? Alors pourquoi ne le dis-je jamais? Je ne sais pas... Je me suis toujours comporté si égoïstement envers les louves: manipulateur diabolique, maître tyrannique, je les avaient tous fait. Et pourtant, j'en avais si besoin, de cette douce chaleur, de ce contact si chaud... Pourquoi n'avais-je donc jamais été capable de l'accepter? Peut-être à cause d'Elle... Oui, ça doit être de Sa faute, c'est forcément ça! Elle était toujours si horrible, si imbu d'Elle-même, si désireuse de me voir mort... Et moi, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de donner ce caractère à toutes les louves que je rencontrais. Mais je comprend, maintenant. Ho oui, je comprend à quel point j'ai eu tort durant toutes ces années...

Sorti de mes pensées, je revins au présent. Maintenant, tout ce qui comptait, c'était Snowstorm, et personne d'autre! Alors, oublions le passé, et allons de l'avant! Je pris une dernière grande inspiration, ancrant son odeur dans ma mémoire, puis je me sépara d'elle. Je la regarda dans les yeux, et me fis une fois de plus la remarque qu'on voyait le ciel de la nuit briller dans ses yeux. Je frotta mon museau au sien, fis demi-tour, mis la queue en panache, et commença à me diriger vers le camps. Après quelques pas, je stoppa, la regarda en biais, lui fis un magnifique sourire enjôleur, et l'attendis. Il était temps que nous rentrions, la nuit ne sera plus très longue, et nous ne pouvons pas prendre nos fonctions demain matin sans avoir dormi. Mais une nuit à deux, même courte, est bien plus belle qu'une nuit seul. Et c'est tout ce qui compte.