Dans l'île d'Estrya, la famine régnait en maître depuis trop longtemps. Les loups qui la peuplaient avaient tous perdu au moins la moitié de leur poids initial, si ce n'est plus. Tous les clans étaient touchés, sans exeption. Il n'y en avait pas un seul qui avait plus à manger que les autres... Tout le monde était à la même enseigne. Tout le monde crevait de faim... Et pour les espions de chaques meutes, c'était même encore pire, car ils travaillaient encore plus que d'ordinaire, accomplissant plus de kilomètre pour aller à la pêche aux infos dans les autres clans. Et un espion en particulier n'avait pas la grande forme. Au contraire, Alakei, du clan de la Terre était plus maigre que jamais. Il était presque plus léger qu'un louveteau ! On lui voyait les côtes, comme à tous les autres loups, mais pas seulement. On distinguait aussi très nettement les os de ses hanches et de ses épaules, ses omoplates et presque toutes sa colonne vertébrale ressortait sur son dos. Bref, il n'était plus qu'un tas d'os. Presque plus de muscle, il avait bien du mal à avancer... Mais il n'avait pas vraiment le choix. Il devait accomplir ses mission. Et celle du jour consistait à aller espionner le clan de l'air. Ben voyons...

Il ouvrit un œil, dans le fond de sa tanière, la lumière du jour, passant par l'entrée, lui arrivait droit dans les yeux. Il les referma très vite en gémissant et tourna la tête pour les rouvrir, à l'ombre. Il se leva, très difficilement et s'étira, ce qui le fit hurler de douleur... Puis, il se décida à mettre le nez dehors. la montée hors du terrier fut rude, mais pas impossible. Il reste un instant sur l'entrée, le temps de s'adapter à la lumière vive et blanche de ce jour gris... Oui, les nuages gris sombre couvraient tout le ciel... Bref, pas le temps de s'apitoyer sur son sort, il fallait se mettre en route.

Il traversa la plaine sacrée et pénétra dans la jungle verdoyante. Les proies qui peuplaient celle-ci autrefois n'étaient plus là, pour le plus grand malheur du clan de la Terre... Mais alors qu'Alakei marchait tranquillement, de son pas naturellement discret, vu son métier, comble de bonheur, un faon traversa juste devant lui. L'énergie manquait au jeune espion, mais si c'était pour attraper une proie pareille, il n'allait pas jouer les feignasse pleurnicharde. Il se lança à la suite de la proie, sans tenir compte de la douleur qui irradiait tout son corps, sous l'effort demandé. Le faon n'était pas très rapide et totalement déboussolé, apparemment il devait avoir perdu sa mère, il ne savait qu'elle direction prendre. Et c'est dans un sursaut de folie qu'il fit demi-tour pour tenter de revenir sur ses pas. Manque de chance, enfin ça dépend pour qui, Alakei se trouvait juste derrière lui, et il n'eut qu'à ouvrir la gueule et le faon vint loger sa gorge dedans. Chasse plus facile que ça, tu meurs... Le jeune loup attendit que sa proie rende son dernier souffle et entama ensuite un repas bien mérité. Il ne lui fallut pas très longtemps pour engloutir les parties les plus nutritives, et ensuite il se gava le plus possible, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus rien avaler à moins de vomir. Puis il leva le museau et poussa un long hurlement pour signifier qu'il fallait amener les louveteaux de la meute de la terre à l'endroit précis où il se trouvait. Il ne dit pas exactement pourquoi, pour ne pas alerter les autres meutes, et reprit ensuite sa route, en entendant les réponses des nourrices qui suivaient son conseil. Au moins les louveteaux auraient à manger aujourd'hui, c'était le principal. Une bonne petite promenade digestive, c'est ce que fut son trajet à travers la forêt verdoyante... Alors qu'il arrivait près des frontières entres ses terres et celles de l'air, il huma l'air. L'odeur de l'air flottait, mais ce n'était que les marquages réguliers de l'alpha, à force d'être espion, on apparend à reconnaitre toutes les plus petites nuances d'une odeur et ce qu'elles indiquent. Cette odeur indiquait qu'une seule chose, personne à l'horizon pour le moment...

Il entra donc sur les terres, tranquillement, comme si elles étaient les siennes et qu'il les foulaient tous les jours, ce qui était presque le cas en fait. Soudain, alors qu'un mouvement avait attiré son attention d'un coté, il ne remarqua pas la jeune louve qui arrivait de l'autre et ne put donc l'éviter. Elle lui rentra dedans et roula sur le sol, alors que le jaune s'était bien campé sur ses pattes pour ne pas tombé et se retrouver en position de faiblesse. Il ne dit rien et attendit que la jeune louve, parce qu'elle était jeune, c'était certain, se relevé et parle. Il n'eut pas bien longtemps à attendre que déjà elle l'agressait. Il décida de jouer la carte du :"Tu me connais pas, alors que je suis de ta propre meute ?! Et tu dois le respect à tes aînés, par la même occasion !" Et prit donc un air totalement choqué :

—"Apprends, jeune louve, que ces terres sont les miennes autant que les tiennes. Ce n'est pas parce que tu ne m'as jamais vu parmi ta meute que je suis forcément un étranger, je préfère juste la solitude... Et on ne t'a jamais apprit à respecter tes aînés petite mal polie ?!"

Le jeune espion se redressa et se fit plus grand. Il l'a dépassait d'une tête. Il n'avait pas d'odeur ce qui l'avantageait, elle pourrait gober facilement son histoire.

La ruse du jeune espion ne semblait pas avoir fonctionné, car la louve, qui devait être une adolescente, passa près de lui et lui fouetta le visage avec sa queue. Elle avait l'air de se ficher pas mal de ce qu'il venait de dire. Pourtant il n'avait mentit que sur une seule et unique chose. Le fait qu'il ne faisait pas partit de sa meute à elle. Il avait apprit au court de sa vie, que pour mentir, modifier la réalité, juste ce qu'il faut est plus efficace que d'inventer un bobard entier. Car si on dit le plus possible la vérité, c'est plus facile de retenir les quelques petits mensonges, plutôt qu'un énorme dont on ne verrait pas le bout et qu'on finirait sûrement par se mélanger les pinceaux. En bref, il n'avait pas mentit sur grand chose.. Mais étrangement, le petit jeu que jouait la louve sonnait encore plus faux que celui que jouait le loup jaune... Elle baissa les oreilles, rentra la queue entre ses pattes arrières et par ceci, elle se soumettait à lui. Mais son regard brillait faux, tout comme sa voix qui sonnait faux. Le jeune espion savait démasquer ceux qui jouaient avec lui, vu qu'il était passé maître dans l'art de la tromperie et des mensonge. Elle fit semblant de se soumettre, de s'excuser et de le respecter, ce à quoi Al ne répondit rien, la regardant de haut. Elle termina sa petite tirade et immédiatement, elle reprit une posture normale, presque fière et dominante. Ben voyons, une petite rebelle. Elle allait se heurté à un mur, si elle continuait. Puis elle reprit la parole et demanda s'il avait un nom. Elle proposa quelques trucs qui auraient pu le vexer mais il choisit de le prendre sur le ton de la rigolade et répondit :

—"Vieux en tout cas pas. Je ne pas si vieux, crois-moi... Et contrairement à ce que tu penses, je suis très sociable et amical. Je n'ai pas dit que je n'aimais pas les autres, j'ai dis que j'aimais être seul. Ce qui ne veut pas dire que cela m'empêche d'être sympa. Tout le monde m'appelle Al', puisque tu veux tout savoir !"

Il se tassa un peu sur lui même, pour se remettre un peu à sa hauteur. Malgré qu'elle était une ennemie, elle n'avait pas l'air si méchante que cela. Et ça lui plaisait ce petit jeu entre eux... Bien qu'elle soit trop fausse pour pouvoir devenir une espionne un jour. Elle en faisait beaucoup trop...

La jeune louve lui sourit et il lui rendit son sourire, mine de rien. Il n'était pas rabat-joie, lui. Il avait juste voulu s'amuser un peu avec elle, mais sermonner les plus jeunes n'était pas vraiment son passe temps préféré. Soudain, elle le surprit, elle se baissa et se plaça en position de jeu avant de lui demander si elle lui devait réellement le respect, vu qu'apparemment il n'était pas beaucoup plus vieux qu'elle. Elle tentait de le chauffer pour qu'il s'énerve ? Ça ne marcherait pas, Alakei avait plus d'un tour dans son sac. Il lui offrit un magnifique sourire, dévoilant ses magnifiques dents et se mit lui aussi en position de jeu. Il se mit même à sautiller sur place et à dandiner son arrière train lever, pour montré qu'il avait vraiment envie de jouer. Car oui, si Al' était un adulte par l'âge, il ne l'était en tout cas pas par l'esprit mental et joueur qui lui restait. Enfin, il savait être sérieux, mais il n'avait pas perdu son esprit de jeu et de farce en grandissant... Soudain, il planta son regard dans celui, émeraude, de la louve de l'air et activa son pouvoir, pour lui faire croire qu'il était toujours devant elle, a demander le commencement du jeu, pendant que réellement, il tournait autour de la louve. Son pouvoir était parfaitement indétectable dans l'esprit de celui qui se faisait manipuler, il s'était assez entraîner pour y parvenir. Une fois derrière elle, il supprima la vision fictive qu'il avait fait apparaître dans l'esprit de la louve et lui toucha l'arrière de la patte :

—"C'est toi le chat !"

Et il fila aussi vif que l'éclair, sans pour autant aller trop loin. Juste histoire de ne pas être à sa portée trop facilement. Il lui offrit encore une fois un merveilleux sourire. Le jeu lui avait manqué. Il y avait trop longtemps que la famine inquiétait tout le monde et que lui, devait courir partout, sur tous les territoires pour pêcher des infos partout et sur tout le monde...

Alors qu'il s'apprêtait à jouer avec elle, il remarqua la lueur dans son regard. Apparemment, elle avait l'air ravie de pouvoir jouer avec quelqu'un. Et il faut dire qu'en ces temps plus que rudes, le loup jaune était plus que ravi de pouvoir se détendre un peu. Bien sur, si sa meute apprenait qu'il s'était accordé du repos, dans un jeu avec une louve qui n'était pas de son clan, ça chaufferait pour sa fourrure, mais il s'en fichait pour le moment... Alors qu'il influençait la louve avec son pouvoir pour la contourner, il se dit, que vraiment, il était heureux, à cet instant précis. Il réussit son effet, car l'adolescente de l'air sembla totalement décontenancée de le trouver derrière elle. Évidemment, dans son esprit, il était encore devant elle, 2 secondes plus tôt... Pas étonnant qu'elle n'y comprenne rien... Sans lui laisser le temps de comprendre plus, il fila dans les buissons, pour qu'elle ne puisse pas le retoucher immédiatement, ça aurait été très bête de sa part. Mais elle le surprit tout autant, lorsqu'elle déploya des ailes invisibles et s'élança à sa poursuite. Bien sur, il était rapide, mais il avait faim, et il ne pouvait pas distancer des ailes pareilles... Mais il ne s'attendait en tout cas pas à servir de matelas atterrissage à la jeune louve. Elle ne devait pas voler souvent... Sinon, elle n'aurait pas louper à ce point son atterrissage... Elle finit par retrouver l'équilibre et put s'éloigner de lui. Elle resta assez près, mais pas trop. Elle finit par demander, apparemment heureuse :

—"Comment as-tu pu disparaître ainsi ? Et... C'est toi le chat !"

Bien sur qu'elle voulait savoir. Mais peu de loups connaissaient son pouvoir, et il était mieux qu'il en demeure ainsi, il était tout de même un espion... Il sourit à sa dernière réplique et se jeta sur elle. Mais alors qu'il était en train de courir vers elle, une odeur lui parvint à la truffe et il n'était pas le seul à l'avoir sentie... Une proie, pas loin. Que faire... Il ne pouvait pas partager un repas avec une ennemie, un jeu, c'était quelque chose, mais un repas alors que sa meute crevait de faim... Nourrir une ennemie plutôt que sa meute, non, il ne pouvait se le permettre... Alors il fit comme s'il n'avait pas remarquer et sauta tout de même sur la jeune louve pour lui lancer :

—"Chat c'est toi qui y es ! "

Il ne pouvait pas manger avec elle. Et elle lui en proposerait forcément si elle l'attrapait. Et si c'est lui qui attrapait la proie, elle voudrait en avoir, et il n'avait pas envie de s'enfuir comme un voleur. Alors il avait choisit la seule option qui s'offrait à lui, prolongé le jeu et faire fuir la proie. Plus de soucis comme cela. Et pour ne pas se faire griller dans sa manœuvre, il avait fait comme s'il n'avait jamais eu vent de cette odeur et pas remarquer l'attitude de la louve... Il recula un peu et se remit en position de jeu, en attendant qu'elle revienne jouer avec lui.

La jeune louve eu un instant d'hésitation, quand à l'éventualité d'aller chercher cette proie, mais dès qu'Al' lui sauta dessus, elle abandonna la proie pour se remettre au jeu. Elle s'abaissa légèrement, tel le chasseur traquant sa proie et plongea ses prunelles émeraudes dans celles noires de son compagnon de jeu. Les yeux de la jeune louve brillait d'un éclat de défi qui attisa encore plus l'instinct de jeu d'Alakei. Il attendait qu'elle lui saute dessus, pour l'esquiver et la faire courir un peu, pour une fois ça changerait. Elle tentait de se concentré mais ses yeux déviaient souvent vers l'endroit d'où venait l'odeur de la proie. La jeune louve émit un grondement sourd, qui n'était, néanmoins pas une marque de haine, mais un avertissement quand à ce qui attendait le loup jaune si elle l'attrapait, toujours dans le cadre du jeu, bien entendu. Enfin, il l'espérait, car il n'avait vraiment aucune envie de se battre, surtout pas contre une femelle. Elle déploya ses ailes invisible et bondit sur le jeune espion jaune vif. Ses ailes claquèrent lui donnant plus d'élan, il avait connu plus discret comme loup qui volait... Mais bon. Elle attérit à quelques centimètre du loup jaune qui bondit plus loin avant même qu'elle attérisse ricanant parce qu'il lui avait échappé. Mais il déchanta bien vite, lorsqu'il remarqua qu'elle était tombée et ne parvenait plus à se relever. Elle s'était blessée... Elle grogna, apparement agacée et l'espion ne sut pas vraiment quoi faire. Il l'aurait bien aidée, mais leur différente appartenance à une meute l'en empêchait, c'était la guerre, son clan crevait de faim, il ne pouvait pas aider une ennemie... Elle tenta de se relever, alors qu'Al' hésitait sur ce qu'il devait faire... Il n'était pas quelqu'un de méchant et ne l'avait jamais été. Mais plus que tout, il était fidèle à sa meute et à son alpha... Que faire. La laisser dans cet état n'était pas son genre, mais trahir sa meute non plus... La louve retomba et pesta en constatant que sa patte refusait de la soutenir :

—"Fais ch*er !"

Elle laissa déverser un flot de jurons. Alakei s'approcha d'elle et suivant son instinct de gentil loup, il l'attrapa par la peau du cou, doucement, sans lui faire de mal et tira vers le haut pour la remettre sur ses pattes, puis il se plaça à coté d'elle, du coté de sa patte blessée, pour qu'elle puisse s'appuyer contre lui. Et lui intima d'avancer. Ils étaient trop à découvert, que ce soit parce qu'elle soit blessée, et donc une proie facile, ou parce qu'il ne faisait pas partit de cette meute et que si un loup de sa meute passait par là, il pouvait le voir facilement. Il la conduisit à l'abri, dans un fourré et la laissa se recoucher sur le sol. Il avait passé beaucoup de temps dans les territoires ennemis, et avait finit par reconnaître et arriver à copier les différentes façon d'hurler et d'aboyer de chaque meute. Alors contre toute attente, il leva le museau en l'air et hurla un appel à l'aide à la meute de l'air, comme s'il était un membre de la meute à part entière. La meute envoirait rapidement quelqu'un pour voir qui se trouvait en difficulté et elle serait entre de bonnes pattes. Puis il se mit à renifler autour de lui, il avait quelques notions de guérisseur, il trouva ce qu'il cherchait, une plante atténuant, un peu, les effets de la douleurs, il en mâchouilla les feuilles qu'il finit par recracher sur la patte de la louve et enfin il prit la parole :

—"Ceci t'aidera à avoir moins mal. Des membres de ta meute vont arriver, reste ici les attendre. Moi, je dois partir, sinon ça va être ma fête. Je te souhaite bonne chance, on se reverra sûrement, jolie jeune louve ! Adieu !"

Et rapide comme l'éclair il fila hors de vue de la louve. En réalité, il se cacha dans un buisson, il n'avait pas d'odeur, les autres ne le repérerait donc pas. Il voulait s'assuré qu'elle soit saine et sauve avant de partir. Il savait qu'il venait de commettre une erreur fatale envers son clan et que si ses supérieurs l'apprenaient, il en subirait les conséquences mais au moins, niveau conscience, il était tranquille. S'il l'avait laissé mourir, ça l'aurait hanté pendant des mois, voir des années. Il attendit donc sagement dans son buisson que les loups de l'air arrive pour venir chercher leur blessée.