En cette nuit de pluie, Alakei avait dormit comme un loir, pour une fois. Ça ne faisait pas de mal, une fois de temps en temps, une bonne nuit de sommeil. Tant mieux, il aurait un peu meilleur mine que les jours derniers. Mais en plus, il avait manger la veille, il a trouvé une proie et en avait bien profité, il était toujours maigre, mais au moins, il avait un peu plus d'énergie en réserve. Il devait partir en mission, et depuis des semaines, c'était la première fois qu'il n'avait pas mal partout en sortant de sa tanière le matin. C'est vrai que ça faisait du bien... Il se dirigea donc vers les terres du feu, y avait un moment qu'il n'y avait plus mis les pattes pour une petite séance d'espionnage. Mais le destin met parfois sur notre route des imprévus, et c'est sans se douter que sa journée allait totalement changer de programmation en cours de route, qu'il se mit en route, le cœur presque léger. Il fit donc route vers la jungle verdoyante, avec l'intention de passer ensuite sur le territoire de la cascade de Pain et de, peut-être, si l'horaire le lui permettait, prolongé sa route dans la forêt perdue... Mais alors qu'il traversait la forêt de sa propre meute, il vit au loin, une louve, en majorité blanche. Une intruse ? Non, cette louve lui semblait familière, il n'aurait su dire pourquoi et d'où, mais il la connaissait. Enfin connaître est un bien grand mot, il l'avait déjà vue parmi le clan, c'était certain. Il décida que sa mission pouvait bien attendre 5 minutes de plus et s'approcha de la louve. Son pas était discret et léger, métier d'espion oblige. Et c'était devenu un réflexe depuis le temps, il ne se rendait même plus compte que c'était toujours extrêmement dur de savoir qu'il arrivait, même si au fond de lui il le savait, ça ne l'empêchait pas que chaque fois qu'un loup de la terre lui faisait le coup du :"Je sais que tu es là !" il sursautait et s'en étonnait... Il n'y faisait pas attention, mais il savait qu'il n'était pas facile repérable à ses pas. Niveau bruit, la discrétion était son quotidien et pour ce qui était de son pelage jaune vif, lors de ses mission d'espionnage, il utilisait son pouvoir. Entre temps, il n'était plus très loin de la louve et il lança un :

—"Bonjour, Alakei, pour vous servir. Quel nom porte une si charmante personne ? "

Oui, c'était bidon comme technique de drague, mais lui son truc, c'était surtout amusé la galerie. Les filles, si une lui plaisait, il ne la laisserait pas filer, c'est clair, mais il ne courrait pas après comme le légendaire ex-alpha Axel... Oui, comme tous le monde, il avait eu vent de ses exploits de nombreuses conquêtes... Non, Al' était du genre plus posé. S'il en trouvait une qui lui convenait, tant mieux, sinon, tant pis... Elle finirait bien par arrivé, il avait le temps...

Le jeune loup était là, tout sourire, attendant qu'elle le regarde et qu'elle lui réponde. Elle tourna la tête vers lui, mais ne le regarda pas. Il tenta de savoir pourquoi et chercha son regard qu'il finit par trouvé vitreux et légèrement opaque. Elle était aveugle, voilà pourquoi elle s'était rabattue sur elle-même lorsqu'il était arrivé... Il n'avait pas d'odeur, elle n'avait donc aucun moyen de savoir s'il était un ami ou un ennemi. Elle lâcha d'une voix rendue sèches par la peur qu'elle se prénommait Kipina. Très joli nom, il lui allait tellement bien... Il la détailla dans tous les sens et la trouva très jolie, tout en simplicité, mais très jolie. Il finit par reprendre la parole et s'excusa :

—"Pardonnez-moi, Kipina, je ne savais pas pour vos yeux. Je viens seulement de le voir. Je suis de votre meute, vous n'avez rien à craindre de moi."

Il ne savait pas trop quoi faire. Elle n'était pas la seule louve aveugle, et d'autres se débrouillaient parfaitement seuls et le prenais très mal lorsqu'on leur demandait s'il voulait de l'aide... Il ne voulait pas la vexer en lui demandant si elle voulait de son aide, mais il ne voulait pas non la laisser dans cet état, seule, ici...Il finit par se lancer, si elle le rambarrait, et bien tant pis, il aurait essayer au moins :

—"Ce n'est pas du tout pour vous offensez, mais est ce que vous voudriez de l'aide ? Pour quoi que ce soit, rentré, chasser, chercher quelque chose que vous auriez perdu... "

Alakei était un peu maladroit pour ce genre de chose, mais il était jeune aussi... Bien que personne ne soit vraiment sur que ça finirait par s'arranger... Il était plein de bonne volonté, mais parfois un peu maladroit pour les mettre en pratique... La louve sembla se détendre lorsque le jeune espion s'identifia. En revanche, elle sembla gênée de lui demander de l'air. Et Alakei comprit pourquoi, lorsqu'elle lui dit qu'elle était en train de chasser, mais qu'elle n'était pas très douée. Bien sur, ce qui était normal, peu de loup aveugle sont doués à la chasse. Mais il comprenait son malaise. En étant aveugle, cela voulait dire qu'elle dépendait des autres. Et qu'elle ne pouvait pas chassé, ce qui voulait dire qu'elle était entretenue par les bonds soins de la meute et qu'ils devaient peut-être en avoir marre. Ou qu'elle-même trouvait cela injuste qu'elle n'ait qu'à attendre sagement que la nourriture lui tombe sous le nez alors que d'autres n'en avait pas pendant plusieurs jours et avaient beaucoup de mal à en trouver ne serait-ce déjà que pour eux... Bref, Alakei comprenait très bien son malaise et il finit par répondre :

—"Ho, je comprends. Très bien, allons chasser. Espérons juste qu'on trouve quelque chose à chasser... "

Il vint près d'elle pour l'aider si besoin était, mais il n'osait pas lui demander si elle voulait de l'aide pour le suivre... Il ne voulait franchement pas la vexé. En même temps, elle n'avait pas l'air d'être quelqu'un qui pique la mouche facilement... Mais bon, il valait mieux se méfier de l'eau qui dort, des fois... Il attendit donc sagement qu'elle se lève pour le suivre, ou lui demande de l'aide, auquel cas il aurait accouru. Sa curiosité vint chatouiller son esprit... Quel rôle pouvait tenir une louve aveugle au sein d'une meute ? Il finit par le demander, avec plus de tact et de respect que la pensée qui lui était venue...

—"Je voulais vous demandez, je ne vous ai jamais vraiment remarquée dans la meute, et je me demandais quel rôle vous y teniez. N'y voyez rien de vexant ou d'insultant... "

Bizarrement, il n'avait, pour une fois, aucune envie d'embêter la louve qui se trouvait devant lui. D'habitude, faire chier le monde était son passe temps, mais il estimait que cette louve devait sûrement déjà assez en baver tous les jours de sa vie, et décida donc de rester gentil et ne de pas lui jouer de mauvais tours...

Le loup jaune décida de ne faire aucune remarque désobligeante ou qui pourrait être mal interprêtée. Il avait décider, bizarrement, de rester correct et courtois. S'il l'avait dit à d'autres de la meute, jamais ils ne l'auraient cru. D'ailleurs si Kinipa avait des amis à qui raconter cela, ils ne la croiraient surement pas. Alakei aimait tellement embêter le monde qui l'entourait, la vie était trop courte pour ne pas s'amuser un peu. Il ne dit rien et ne bougea pas lorsque la louve se leva. Il était là pour l'aider, mais uniquement si elle le lui demanderai. Il n'avait aucune envie de la froisser ou de l'insulter. Car certains infirmes trouvaient insultant qu'on les penses incapables de se débrouiller seuls... D'ailleurs, lorsqu'il lui parlait, elle tournait la tête dans sa direction, et il me remarqua qu'elle était très souvent presque juste. Ils se mirent en marche et il failli, en se retournant vers elle, lui dire qu'elle fonçait sur un arbre, mais avant même qu'il ne puisse ouvrir la gueule, elle le contourna... Il était stupéfait, il ne pouvait pas le cacher... Lui se serait prit l'arbre en pleine proie, sans aucun doute possible... Mais il aurait été encore capable de finir par eclaté de rire tant la chose était stupide. Pour elle, bien sur, il ne l'aurait pas fait, elle avait une excuse imparable... Il fut quelques peu surpris d'apprendre qu'elle était nourrice et il ne put empêcher sa curiosité parfois malsaine de frapper et il demanda donc :

—"Mais vous n'avez pas de problèmes avec ça. Les louveteaux sont connu pour toujours faussé compagnie à leurs nourrices. Vous n'avez pas trop de mal à ne pas les perdre, ou à les suivres ? "

Il marchait toujours, la tête tournée vers la louve, donc vers l'arrière, pour s'assurer qu'elle ne risquait pas de se prendre quelque chose dans la tronche. Il surveillait si bien le chemin de la louve qu'il oublia de surveiller son propre chemin, et c'est donc sans surprise pour nous, mais une énorme pour lui, qu'il se prit les pattes dans une racine monstrueuse et se ramassa la tronche dans l'énorme arbre propriétaire de la fameuse racine, émettant un bref "kai" sous la douleur du choc et il tomba ensuite sur le sol, à moitié assommé et désorienté... Il resta là un instant puis regarda autour de lui pour tenter de comprendre et lorsque ce fut fait, il éclata de rire, bêtement, et tout seul totalement mort de rire sous le comique de la situation. Il surveillait le chemin de l'aveugle et s'était lui qui finissait par se prendre un arbre à force de ne pas regarder devant lui... Il rigola un long moment sans pouvoir se reprendre, se roulant par terre et peinant à reprendre sa respiration...

Il continuait de donc de marcher, attendant la réponse de la louve face à son rang et sa condition d'aveugle. Sa réponse le charma presque, mais très vite il déchanta lorsqu'il se prit l'arbre qui se trouvait devant lui, alors qu'il regardait derrière, la jolie louve qui le suivait... Il fut presque assommé et s'effondra sur le sol. Elle entendit sûrement le "boum" sonore qu'il avait émis en se cognant dans l'arbre puis en tombant sur le sol, à moitié assommé car elle lui demanda d'une voix inquiète :

—"Ça va ?"

S'il allait. Oui, très bien, le jeune loup jaune était mort de rire en fait. Il se roulait par terre et commençait à avoir mal aux côtes à force de rire autant. Du coin d'un œil qu'il parvint à ouvrir une demi-seconde, il vit qu'elle souriait, tant mieux, au moins, elle avait comprit que tout allait bien... Mais ça n'empêchait qu'il n'arrivait plus à se reprendre pour s'arrêter de rire. La louve, patiente, finit par s'assoir en attendant qu'il puisse se calmer. Elle ne semblait pas trop savoir quoi faire, mais en fait, il n'y avait rien à faire, il s'était fait avoir tout seul, comme un bleu et c'est ça qui le faisait tellement rigoler. Après plusieurs minutes de fou rire, il finit enfin par arrivé à se calmer, bien que son souffle resta saccader encore un moment. Il s'assit face à la louve et finit par lui expliquer, enfin, ce qui lui était arrivé :

—"Pardon pour ça, mais en fait, je me suis fais avoir stupidement. On dit tout le temps aux louveteaux qu'ils doivent regarder où ils vont, et bien j'ai un peu oublier cela... Je te regardais toi, pour être sur que tu suivait, et qu'il ne t'arrivait rien, et pour t'écouter aussi, et j'ai pas regarder devant moi. L'arbre qui s'y trouvait m'a vu lui... C'est pour ça que j'ai éclaté de rire, je me suis fait avoir bêtement, parce que je n'était pas attentif... Comble de l'ironie, tu es aveugles, et c'est moi qui me prends un arbre... "

Il rigola encore un petit peu, puis après un moment, il se releva et la poussant doucement du museau dans la direction où il partait il finit par lui dire :

—"Bon, si on allait chercher cette proie qu'on était censé se mettre sous les crocs ? Enfin, si tu es toujours d'accord de faire équipe avec un crétin tel que moi... Au fait, pour ton métier, j'ai adoré ta réponse. Tu as l'air de vraiment aimer ce que tu fais, et c'est le principal je trouve... "

Al' put voir la louve sourire et lui rendit son sourire, par réflexe, car bien sur, elle ne le verrait pas... Lorsqu'il lui demanda si elle était toujours intéressée par une partie de chasse avec lui, elle aquiesa de la tête et se mit en route à sa suite... Pour ce qu'il avait dit sur son métier, elle confirma, elle aimait ce qu'elle faisait. Disant que c'est tout ce qui lui restait et qu'elle s'y accrochait. Comme il l'a comprenait. Depuis qu'il avait perdu sa mère de vue, son métier d'espion était tout ce qui lui restait. La meute, aussi, bien évidemment, mais il s'y trouvait tellement peu souvent que la plupart ne le reconnaissaient même pas, le prenant pour un loup ennemi...

Cette fois-ci, il n'oublia pas de regarder devant lui, Il se plaça à coté d'elle, comme ça, il pouvait surveillé son chemin et celui de la louve aveugle. De temps en temps, leurs épaules se touchaient, leur fourrure, sur les flancs se frôlaient. Le chemin était étroit, il espérait que ça ne dérangerait pas la louve, ce contact. Il finit par reprendre la parole :

—"Je comprends très bien, moi aussi, mon métier, c'est tout ce que j'ai. Je passe tellement peu de temps parmi la meute que parfois, quand je rentre de mission, je dois prouver à des loups de ma propre meute que j'en fais bien partit... C'est inadmissible, je trouve, mais bon, je n'ai pas le choix de me plier aux règles... Mais les loups devraient connaître un peu mieux les loups de leur propre meute, surtout les gardiens des frontières ! Enfin, je n'ai pas vraiment envie de me prendre la tête la-dessus maintenant... "

Soudain, ses oreilles pivotèrent vers un bruit qu'il venait d'entendre au loin. Il avait l'oreille beaucoup plus fine que la plupart des autres loups, son métier lui avait obligé à développer au maximum tous ses sens, l'odorat, la vue, et l'ouïe, essentiellement... Il devant la louve et se plaça devant elle, au trois quart pour qu'elle s'arrête, sans qu'il ait besoin de parler. Il planta son regard dans le siens et activa son pouvoir, pénétrant doucement son esprit, il chuchota dedans :

—"N'aie pas peur, c'est Al', j'utilise mon pouvoir. Ne bouge plus, j'ai entendu un bruit au loin, je vais aller voir ce que c'est. Je reste en lien mental avec toi le plus longtemps possible et si c'est une proie, je l'enverrai vers toi et te ferais signe quand tu pourras lui sauter dessus. Couche toi sur le sol, s'il te plait, je reviens."

Et son épaule quitta le poitrail de la louve qu'il avait stoppé. Il s'élança dans un galop léger et silencieux, comme il le faisait toujours, ses pas étaient toujours très discret, son métier l'y obligeait, encore une fois... Il avait eu raison de venir voir, un tout petit faon était couché sur le sol. Sa mère avait du se faire tuer en allant chercher à manger, car il était très maigre et sâle, ce qui signifiait qu'il n'avait plus sa mère depuis quelques jours, que ce soit pour manger ou pour se faire laver la moindre. Il contourna doucement le faon, sans un bruit et une fois en face de la direction où se trouvait Kipina, il lui sauta dessus. Le petit se leva tant bien que mal et fila dans la direction opposée au danger, mais droit sur Kipina. Al' contacta la louve, toujours en courant derrière  le faon :

—"Tiens toi prête, il arrive droit sur toi. Je te ferais signe quand tu pourras lui sauter dessus. Je suis juste derrière lui, je pourrais t'aider. C'est un faon, maigre, mais un faon."[

Il continua de courir, se retirant de l'esprit de la louve, légèrement. Il évita le plus soigneusement possible, de ne pas parcourir ses souvenirs à elle, ou ses pensées. Mais il devait se concentré sur deux choses, c'était assez dur et fatiguant. Mais tant qu'elle se focaliserait sur la proie, ça irait, normalement. Son but n'était pas de violer sa vie privée et ses pensées, loin de là.... Le faon était juste devant le buisson où était cachée la louve et Al', à bout de force mentale, il hurla dans son esprit un sonore :

—"Maintenant, attaque !"[

Aussitôt il rompit le contact mental avec la louve, ce qui fut un immense soulagement pour son mental. Il devait se calmer avec son pouvoir, bien sur, repousser ses limites lui permettait de s'amélioré, mais il y avait tout de même une certaine limite à ne pas franchir, jamais.