Une brise légère balaya son pelage, encore plus froide que d'ordinaire, vous transperçant jusqu'aux os. Ce froid s'infiltra en elle, onde glaciale la faisant frissonner, étrange mélange de froid et... De malaise ? Elle était peu habituée à ressentir ça, cette impression que l'on vous observe, vous épie... Cette impression renforcée par le brouillard entourant l'endroit, nappe blanche et épaisse suffocante, vous donnant cette impression qu'à chaque pas, peut se trouver quelque chose ou quelqu'un prêt à se jeter pour vous. Mais, il n'y avait rien. Vraiment rien. Juste ce silence, cette petite brise froide et elle, avançant sans but. Pas un pépiement d'oiseau, pas un craquement de brindille, rien, le calme plat et oppressant.

Amaryllis avait toujours voulu visiter le cimetière interdit, ce lieu froid et lugubre, bourre de légendes plus sinistrés les unes que les autres. Pourquoi ? Pour braver cet interdit dans le nom, et peut-être croisé un esprit d'un ancien guerrier ayant vu mort, pleurs et sang, pouvoir converser avec lui, et l'embêter. Juste un peu. Un tout petit peu. Mais à cet instant, il n'y avait pas âme qui vive, juste elle, perdue dans cet endroit lugubre,cave. Cette impression d'être observée... L'adolescente ne l'avouerait jamais, mais elle avait peur, très légèrement. Son ventre était noué et même si son cœur battait doucement, au moindre bruit ou chose suspect, elle savait qu'il risquerait de s'échapper de sa cage thoracique. Et puis, Amaryllis n'avait pas vraiment de dons offensifs, son chant était un pouvoir curatif et ses ailes... Un don... Amusant ? En tout cas, elle se voyait mal attaquer un esprit à coup d'aile. Non, c'était stupide.

Et puis, une ombre, petite, mais toute proche. Elle discernait une silhouette à travers la brume, légèrement plus petite qu'un renard. Une longue queue ondulante, qu'est ce que c'était. A pas-de-loup, c'est le cas de le dire, l'adolescente s'approcha, doucement, prenant soin de ne pas faire craquer une branche par mégarde. Et, enfin, elle découvrit de quoi il s'agissait. Un chat, au poil gris, seul au milieu de ce cimetière. Que faisait-il ici ? Il ne devait certainement pas avoir les mêmes objectifs que l'adolescente... Et seul ainsi, un loup affale l'aurait certainement déjà tué. Mais l'idée d'avaler cette boule de poils répugnaient Amaryllis. Même si la guerre affamait tout le monde, elle n'était pas désespérée au point de toucher ça... Amaryllis s'approcha, s'assit en face du félin, et d'une voix légère s'exclama :


L'adolescente rit de sa propre plaisanterie avant de s'abaisser légèrement, en position de jeux, la queue battante. Les yeux légèrement plissés, brillant d'un éclat malicieux, elle comptait s'amuser un peu. À défaut de trouver un loup, autant embêter un chaton. L'adolescente ne faisait même plus attention au décor, heureuse d'avoir trouvé un moyen de se divertir. Malgré la guerre, les jours précédents avaient été cléments, les chasseurs avaient trouvé gibier et l'adolescente s'était un peu remplumée. Son pelage était plus brillant et ses os beaucoup moins voyants. Elle ne voyait pas une ombre plus grande, proche, ressemblant à un loup... Un esprit ? Peut être... Mais l'adolescente ne le voyait pas.

Un grand coup de vent froid balaya les feuilles mortes qui gisaient au sol, emporta brindilles et autres débris au loin. Un brouillard épais tapissait le Cimetière, glacial. Les pierres tombales étaient éclairées faiblement par la lune, et créaient ainsi d'immenses ombres. Okana était assise sur une tombe, scrutant de ses yeux bleu pur les environs. En bas, adossé à la tombe, Jyk prenait une pose de caïd tandis que son amie le regardait avec un sourire moqueur. Quel louveteau aurait eu l'idée de venir dans un cimetière lugubre et froid par les temps qui courait ? Okana bien sûr. Elle sauta de sa pierre tombale, et commença à déambuler à travers les rangées de tombes. Jyk la suivit en trottinant. Il sursautait au moindre bruit suspect, et la troisième fois qu'il poussa un miaulement apeuré, Okana se retourna et le stoppa avec sa patte.

-Sois tu arrêtes tes couinements, sois tu reste là et tu m'attends.

Le chaton observa les alentours, et pencha la tête pour voir l'endroit vers où Okana se dirigeait.

- Je rester ici que je crois.
- Je crois que je vais rester ici. Le corrigea-t-elle

Okana se détourna tandis que Jyk maugréa. Le chaton la regarda s'éloigner vers la partie la plus sombre du cimetière avec une moue étonnée. Cette louve était folle à lier... Okana marcha quelques minutes, et entra dans la partie où la lune avait déserté et avait emporté sa douce lumière avec elle. La louvette se fichait clairement du noir, elle voulait juste trouver quelque chose à rapporter aux tanières pour un défi. Elle poussa un couinement quand un objet pointu piqua sa patte. Elle le saisit pour mieux le voir. C'était un petit os pointu. Okana baissa les yeux, dégoûtée. Il y avait là un reste d'une vielle carcasse d'on elle ignorait l'origine. Les os étaient éparpillés un peu partout, comme si le tueur avait décider d’exhiber son crime à la vue de tous. Okana regarda le spectacle complètement ahurie...

Jyk ne broncha pas quand une rafale glacée secoua ses poils gris. Il repéra un peu trop tard qu'une silhouette s'approchait dangereusement de lui. Il resta assis, regardant avec ses yeux bleu clair la louve grise qui l'approchait...

"Qu'est ce qu'une boule de poils comme toi fais ici seule... Tu te promènes ? Tu prends l'air ?"

Un peu plus loin dans le cimetière, Okana se baladait, un grand sourire déformant son visage. Entre ses crocs, il y avait ...... Un os. Oui oui, un des os de la carcasse. La louvette n'avait pas hésiter à le prendre alors qu'il appartenait sûrement à un loup. Au fond elle se fichait pas mal de qui était le propriétaire défunt de ce stupide os. Quand elle aperçu Jyk, une louve grise était en train de la narguer. Elle se baissa pour jouer, ou bien pour le provoquer.

- Tu fais quoi là ? Fit Jyk avec une grimace dégoûtée.

Okana faillit éclater de rire. Son chaton avait ses phrases favorites, et celle là en fessait partie. Lui apprendre à parler avait été une tâche bien compliquée, mais il commençait à maitriser. La louve devait être drôlement surprise d'entendre un chat s'exprimer. Okana s'approcha, et fut étonnée que la grise ne la remarque pas. Finalement elle était à quelques mètres d'elle, sur son côté droit. Elle posa son os derrière une tombe avant de prendre la parole.

- Je me le demande aussi ! A quoi tu joues là ?

Elle appela Jyk des yeux, et le chaton courut vers elle, grimpa sur son épaule avec agilité. Okana dévisagea la louve grise avec un sourire mesquin. Son préféré...

Le chaton gris s'était tourné vers elle, elle qui était toujours abaissée, la queue bien levée, comme un louveteau qu'elle n'était plus censée être mais bon... Personne ne pouvait juger son caractère et ses actions, elle pouvait très bien être aussi naïve qu'un nouveau né mais plus sage et attentionné que le plus vieux loup de la tribu. Juste qu'elle n'avait pas envi, d'être ce loup, calme. Amaryllis est une trublion, une fouteuse de m*rde si on préfère. Elle aimait voir de nouvelles choses, découvrir de nouvelles personnes et de nouvelles terres. Et même si elle ne connaissait pas grand chose, elle aurait été étonné de savoir que les adultes avaient déjà entendu un chat parler, comme elle venait de l'entendre. Une grimace avait déformé le museau du félin qui s'était alors écrié :


Amaryllis l'avait regarde, étonné, avant de prendre une mine indifférente, comme-ci elle se fichait royalement que ce chaton parle ou pas, même si intérieurement, cela piquait grandement sa curiosité. Un chat ne comprenait pas le langage des loups, à moins que quelqu'un lui est initié... Étrange, très étrange... Mais amusant. L'adolescente reprit sa posture ordinaire, avant de se mettre à bailler bruyamment, dévoilant ses crocs pas réellement impressionnants.


Une louve, ou plutôt une loupiote apparut. Le pelage hésitant entre le gris et le marron, une mèche épaisse barrant la moitié de son visage et des yeux d'un bleu perçant. Une louve, tout ce qu'il y'a de plus banal. Les senteurs alentour apprirent à Amaryllis qu'il s'agissait d'une louve des crocs du feu, "une sanguine". Elle aimait bien les membres des crocs du feu impulsifs, faciles à embêter et à enrager, des jouets parfaits. Mais cette petite femelle ne semblait pas comme ses congénères. Alors le chaton doté de parole s'était approché de elle rapidement, il s'était installé sur son épaule, l'inconnue observait l'adolescente. Ou plutôt la dévisager, un sourire léger, mesquin sur ses babines. Une petite maligne ? Elles étaient deux. Le regard brillant, la louve des voix de l'air s'assit, bien en face de la loupiote. Elle n'était pas très grande mais tout de même plus que cette étrangère. Elle fit onduler sa queue épaisse et remit sa mèche verte en place, avant de détailler cette petite louve, ses yeux émeraudes brillant de malice. Ses babines s'étirèrent en un sourire malicieux, ressemblant au celui de l'autre. D'une voix exagérée, elle s'exclama :


Elle rit, sans trop savoir pourquoi, le regard lumineux, les yeux légèrement plissés, elle bailla à nouveau. Un vent froid s'infiltra alors à nouveau dans sa fourrure, lui rappelant l'endroit ou elle se trouvait : un cimetière, rempli d'ossements. La grimace qui déforma ses traits ne resta qu'une fraction de secondes, pas question de laisser paraître ne serait-ce qu'une infime gène. Reportant son attention sur la loupiote, elle demanda d'une voix invitant à la discussion :


Elle ne voulait pas tout de suite se moquer, comme elle avait l'habitude de le faire. Pourquoi ne. Pas la jouer plus... Subtile ? Oui, c'était tout aussi bien, et plus satisfaisant. Amaryllis tourna la tête, fredonnant doucement une mélodie, comme elle avait l'habitude de le faire, joyeuse chansonnette bien paradoxale avec l'endroit : une brume épaisse, un froid sournois, des tombes à pertes de vues. À sa mort, l'adolescente se disait qu'elle n'aimerait pas trop être enterrée ici, indissociable des autres tombes. Mais être un esprit pouvait s'avérer amusant aussi, perturber les vivants pourraient être amusant...


Les mots s'échappèrent sans qu'elle ne le veuille, mais elle ne regrettait pas vraiment d'avoir demande cela. Il ne fallait jamais regretter ses actes et paroles. Plongeant son regard émeraude dans les yeux azurés de la louve, elle attendit, patiemment, une réponse.

La louve grise s'assit, commença à détailler Okana. Elle fit de même. C'était une louve un peu plus âgée qu'elle et un peu plus grande aussi. Elle avait des yeux vert perçants, de la même couleur que le bout de sa mèche et des marques étranges sur son museau. Son pelage était gris clair avec de nombreuses parties blanches. Elle avait l'air d'avoir le même genre de mauvais caractère que Okana, ce qui lui plut particulièrement.

"Jouer ? On pourrait employer divertir, je préfère ce mot, moins familier, plus plaisant à prononcer. Tu as la' air de savoir ce qu'est le jeu n'est ce pas petite louve ? Un sourire comme le tien ne trompe pas. Je sais reconnaître une joueuse quand j'en vois une."

Elle rit, et Okana se contenta de sourire. Elle ne comprenais pas trop la cause de cet éclat de rire, mais elle ne s'en préoccupait pas non plus. Un vent glacé secoua la mèche blanche d'Okana, tandis que Jyk frissonnait.

"Qu'est ce qu'une jeune louve des sanguins fait elle ici ? Une promenade digestive ? L'endroit est peut être mal choisi enfin, je suis mal placée pour parler après tout."

Les sanguins ? Qu'elle étrange façon de nommer les loups du feu. Elle haussa un sourcil tandis que Jyk l'interrogeait du regard.

- Pour le beau paysage, bien entendu !

Le chaton éclata de rire, et Okana lui sourit.

- Et moi pour la chaleur et le soleil !

Les deux amis rirent un instant, oubliant l'endroit lugubre où ils se trouvaient. D'un côté, Okana se fichait de ce cimetière, mais pas Jyk. Il n'avait pas vraiment peur, mais cet endroit n'était pas rassurant.

"Que souhaites-tu à ta mort ? Toi ?"

Okana et Jyk tournèrent vers elle des yeux étonnés. La louvette détestait ce sujet par dessus tout les autres et son chaton le savait parfaitement. Sa mère et son frère jumeau étaient morts tragiquement, de ce fait, elle ne voulait pas parler de ça. Elle fusilla la louve du regard, alors que son chaton se blottissait dans son cou.

- La mort m'a déjà joué beaucoup trop de mauvais tours. Je ne suis pas encore une vieille, et je me moque de la mort. Je ne souhaite pas mourir, tout simplement. Je ne pose même pas de questions à ce sujet.

Jyk lui fit un sourire doux, réconfortant. Elle lui renvoya son sourire et fixa la louve avec un regard mauvais.

- Quel est ton nom ? Je suis Okana, et mon ami se nomme Jyk.

Les deux compères rirent de bon coeur, complices, étrange et presque impossible amitié entre un loup et un chat. Touchant. Amaryllis esquissa un petit sourire, aimant bien l'ironie de la loupiote. La brume était toujours aussi épaisse et une autre brise froide balaya de nouveau les poils de l'adolescente. Grande chaleur, en effet, et sublime paysage d'un cimetière fleuri de tombes. Amaryllis s'ébroua, comme pour chasser vainement le froid qui l'habitait puis, s'étira. Elle surprit alors le regard noir que lui jetait la louvette lorsqu'elle avait posé sa seconde question. Etrange... l'adolescente arqua un sourcil mais ne le releva pas, ses paroles en diraient bien plus longs...


Amaryllis prit une mine blasée, son masque d'indifférence ne laissant paraître aucunes émotions. Elle ne pouvait comprendre un tel passé, ayant toujours eu une vie paisible. Elle ne voulait pas comprendre ces loups, elle ne voulait pas souffrir, mais elle ne plaisantait pas sur les malheurs des autres. On avait beau la qualifier de petite m*rdeuse sans foi ni loi, elle avait ses limites, la mort en faisait parti. Elle vit le chaton sourire à son amie, comme pour la réconforter, alors que cette dernière continuait à fusiller du regard la louve de l'air tout en demandant :


L'adolescente inclina légèrement sa tête grise, comme pour la saluer. Le regard lumineux, elle esquissa un très léger sourire, sa mèche verte cachant un de ses yeux de la couleur identique. Elle la remit aussitôt à sa place. Amaryllis se leva pour s'approcher d'une démarche souple d'Okana. Tout en observant la loupiote, elle jetait un coup d'oeil aux alentours, préférant garder un oeil sur ce qui l'entourait, on ne sait jamais, les dieux existent bien, pourquoi pas les fantômes... La jeune louve des hurlements de l'air s'arrêta alors, pour enfin répondre :


Elle ne dévoilait que rarement son prénom dés la première fois. Elle préférait d'abord apprendre à connaître le loup en face d'elle avant de savoir si elle pouvait lui donner son nom, qui pour elle, est très important. Un prénom définit une personne, ce qu'elle est, ses envies, ses qualités et ses faiblesses, elle résume un être, balancer son nom au premier venu, c'était comme se dévoiler entièrement. Chose qu'Amaryllis détestait. Enfin, apparemment, elle était une des seules à penser cela. Et puis, cela ne semblait pas être la préoccupation de son interlocutrice, qui semblait plus agacée par la dernière question de la louve grise qu'autre chose. Amaryllis sourit, même si la loupiote semblait assez rusée, elle restait une membre des crocs du feu, impulsive et réagissant au quart de tour, comme le reste de son clan.


Amaryllis lui offrit un sourire rayonnant, riant même légèrement. Elle fit onduler sa queue épaisse avant de se coucher, allongeant ses pattes fines et soupirant d'aise en s'étirant. Il était rare de pouvoir discuter avec un membre d'une autre meute en ces temps de guerre, et c'était plutôt plaisant... surtout quand on a le ventre plein. Ramenant ses pattes sous sa tête légèrement pensée, un sourire en coin et sa mèche barrant la moitié de son visage, l'adolescente demanda :


Elle lui adressa un clin d'oeil en attendant, sa queue balayant le sol.

La louve s'inclina pour la saluer, ce qui redonna le sourire à Okana.

"Appelle-moi Charly pour l'instant."

Pour l'instant ? Charly n'était donc pas son vrai prénom ? Cette louve était bien étrange. Elle lui sourit, Okana fit de même.

"Je ne t'en veux pas de me détester sans me connaître, on ne choisit pas d'être née chez les sanguins. Pardonne-moi de t'avoir offensée, mais dis-toi que je n'aurais pu savoir que tu t'étais autant de fois confrontée à la mort, je ne te connais pas... Okana."

La louvette ne répondit rien, désabusée, choquée même.

"Mais oublions cela ! Parle moi plutôt de toi, pour que j'évite de faire d'autres erreurs qui risqueraient de te froisser... que fais-tu ici ? Une loupiote comme toi, seule dans un cimetière, enfin pas tout à fait,elle jeta un regard au chaton, sans nourrice, c'est étrange... tu dois lui donner du fil à retordre à cette pauvre louve."

Okana eut un rire mesquin. Cette louve n'y voyait clairement rien. La louvette bailla, dévoilant sa belle dentition bien blanche, et se posa contre la tombe. Jyk descendit de son épaule, s'assit près de Charly avec un sourire naïf.

- Je suis pas née dans le clan du feu, je ne suis même pas une sanguine pure ! J'ai une déjà une longue histoire derrière moi, mais je crois que tu ne veux pas entendre ma triste vie d'avant. Enfin bref, je vis chez les "sanguins", mais je ne vois pas vraiment ce que je fais là. Les nourrisses tentent depuis longtemps de me tenir calme et sage, mais elle sont incapable de me garder cinq minutes. Je ne dors quasi jamais dans ma tanière, car ma sœur y est et je la déteste. Je me démerde toute seule toute, et je passe le plus clair de mon temps avec Jyk.

Elle fit une pause pour reprendre son souffle, puis continua.

- Je vais ou je veux quand je veux, et ce n'est pas ce cimetière qui me fait peur. A vrai dire, il n'y a pas grand chose qui me fasse peur...

Elle termina sa phrase avec un petit rire.

Okana se mît à rire en entendant les paroles de la louve avant de bailler et de s'adosser à une des nombreuses tombes recouverte de mousse qui jonchait ce cimetière. Le chaton, lui, s'approcha innocemment d'Amaryllis, un touchant sourire relevant légèrement ses moustaches. L'adolescente sourit, amusée par ce petit chaton.


Amaryllis ricana en l'entendant. Si jeune ! Même elle n'était pas ainsi lorsqu'elle tenait à peine sur ses quatre pattes, elle avait empiré, peut être que ce serait l'inverse pour la loupiote, elle s'assagirait avec le temps... Et elle ferait un peu comme bon lui semble. Mais Okana ne semblait pas avoir eu une enfance très paisible, contrairement à la louve grise. Les mots "triste" "détester" "longue histoire" démontrait de cette histoire tout sauf paisible. Mais bon, Amaryllis n'était pas et ne serait pas le bureau des pleurs, elle ne l'avouerait pas mais écouter quelqu'un se plaindre la mettait mal à l'aise, heureusement que cette petite louve semblait avoir un caractère bien explosif.


Elle sourit, amusée par la loupiote, et son inhabituel compagnon. Elle adressa d'ailleurs à ce dernier un coup d'œil, avant de lui chatouiller le museau du bout de la queue, histoire de le taquiner un peu. Il était rare qu'elle rencontre quelqu'un de plus jeune qu'elle. Généralement, les louveteaux restaient auprès de leur angoissée de nourrice, trop affamé et trop jeune pour se promener librement. Croiser quelqu'un partageant son jeune âge, même si elle était légèrement plus vieille, faisait bien plaisir. Amaryllis ruolz sur le dos, voyant désormais le monde à l'envers, le ciel formé de tombes et Okana semblant marcher la tête en bas. L'adolescent ria doucement, amusée par sa propre réaction enfantine. Elle se redressa ensuite, se levant pour s'ébrouer, quelques brindilles s'étant entremêlées dans ses poils tombant sur le sol.


Elle s'arrêta, s'étant légèrement emportée, et remit sa mèche à sa place pour se redonner consistance. Elle inspira une bouffée d'air frais, laissant le froid s'infiltrait encore en elle, ne pouvant réellement lutter quand gonflant son pelage épais. Prenant une petite inspiration, elle continua, observant le paysage sans vraiment le regarder :


Sa voix s'était durcie, ses traits également. Amaryllis était en colère contre les divinités, se croyant assez puissantes pour les manipuler eux, leurs sujets, les mener à faire la guerre sans raison valable, elle ne voulait pas rentrer dans ce système. Elle crache sur les règles et emm*rde les Dieux, comme elle l'a si bien dit...

"Quelle rebelle !"

Okana acquiesça. Elle n'avait jamais voulu, après les deux drames et la fuite que lui imposait sa sœur, finir dans un clan où l'on voulait à tout pris la garder prisonnière. A ce moment là, c'était Soar, son ainée, qui aurait dû l'aider à se remettre, lui accorder du temps et l'amour d'une grande soeur. Okana avait eu bon le chercher, elle n'avait jamais trouvé qu'une louve qui ne souhaitait pas avoir un louveteau sur le dos. Elle avait rencontré Jyk à la Cascade de Pain, quelques semaines après son arrivée. Il était petit et rondouillard, ce qui lui donnait déjà un côté amusant. Il savait à peine marcher et tombait toute les dix secondes. Le chaton s’émerveillait devant tout ce qu'il voyait, et Okana n'eut pas envie de le laisser tout seul, comme sa sœur l'avait fait avec elle. Voilà comment la vie de la louvette avait soudainement basculée, avec l'arrivée de ce compagnon plutôt inattendu.
Charly appréciait Jyk, cela se voyait. Elle lui chatouillait le museau avec sa queue et le chaton éternuait de façon adorable. Elle se roula par terre, sous l'oeil étonné d'Okana.

"Même si je n'ai certainement pas eu la même enfance que toi, il est amusant de rencontrer quelqu'un avec autant de points communs que soi même ! Même si je n'ai pas de petit compagnon, j'échappais comme toi à mes nourrices, lorsque j'en avais encore une. Maintenant j'essaie de me trouver une vocation. J'ai pas envie de rentrer dans ce système fermé ou tous les loups ne sont que des automates à la solde d'un tout puissant. J'veux pas perdre ma liberté. J'crache sur les règles et j'emm*rde les Dieux !"

Jyk fit un immense sourire à Okana, puis prit la parole avec joie. Les loups avec qui il avait eu le droit de parler pour l'instant n'avait jamais été très gentil avec lui, et il s'était prit d'affection pour Charly.

- Okana et moi, on fait ce que il est toujours interdit !

La louvette aimait tellement quand il fessait des fautes de langage, elle trouvait ça mignon tout plein. Elle corrigeait malgré tout le chaton à chaque fois.

- On fait toujours ce qui est interdit.

La louve remit sa mèche en place avant de continuer.

"J'profite de cette liberté pour me balader ici, parce qu'il fait chaud et que le paysage est magnifique ! elle jeta un coup d'œil a Okana en souriant, c'est peut être le seul endroit ici ou on ressent pas les maux de la guerre, cette foutue guerre... Je sais pas si tu partages mon avis, mais je pense sérieusement que ces dieux sont de véritables enf*irés."


Okana regarda le ciel en fessant la moue.

- J'avoue que, cette guerre me fait chier au plus profond de mon c*l. Si j'avais le pouvoir d'arrêter tout cette m*rde, je le ferait sans hésiter, et Jyk aussi ! Pas vrai ?

Le chaton croisa les pattes et fit semblant de bouder.

- Oui ! Moi les copains d'Okana y veulent me manger tous ! Et même qu'une fois, y en a un qui m'a avalé le cul ! S’indigna t-il

Okana éclata de rire, ayant complètement oublié l'épisode "du loup qui mangeait Jyk à moitié" qui remontait à quelques jours.

- Oh oui ! Il se promenait, et un loup affamé à tenté de l'attraper. Jyk à couru, mais le loup l'a rattrapé vite fait, et hop ! Il l'a attraper par derrière, et a entreprit de la gober, fesses les premières. Ahaha ! C'était hilarant !

- Parle pour toi ! gronda Jyk. J'ai faillit y passer !

Finalement, le rire des deux amis se mêlèrent. Bien que Jyk avait faillit se faire avaler, il devait avouer que cette histoire était tordante.

Amaryllis sourit, elle ne savait pas qui d'Okana ou de Jyk était le plus amusant. Entre la naïveté du chaton et l'insolence de la loupiote, il y'avait de quoi bien s'amuser, et il formait un bon duo. L'adolescente, elle, n'avait jamais eu de vrais amis, et elle n'y était pas pour rien. Les autres la trouvaient trop chiante, elle s'attirait trop d'ennuis, était trop prétentieuse... mais elle ne se souciait guère de n'avoir personne sur qui comptait, elle pouvait déjà se fier à elle-même, c'était plutôt pas mal. Le cours de ses pensées fut interrompu par Okana, qui répondait à sa seconde phrase :


Amaryllis balança doucement sa tête de haut en bas, visiblement, elle n'était pas la seule à partager cette avis, cette guerre ne menait à rien et ne servait à rien. Les dieux devaient tellement se faire ch*er qu'ils avaient tout simplement décidé de faire s'entretuer les pauvres loups vivant sur Estryä.


Le chaton fit la moue, ce qui fit rire Amaryllis. Les loups pouvaient devenir de vraies bêtes sauvages, en temps de famine, retournant à l'état primitif, jusqu'à oublier de penser, ne plus se rappeler si le loup en face est un ami... ou même un fils. C'était peut-être ça, que voulait les Dieux, que les loups redeviennent stupides et cruels, pour être sur qu'aucun d'entre eux ne les dépasse un jour.


Les deux amis rirent de bon coeur, faisant sourire Amaryllis. Etrange amitié, mais impossible à détruire. Okana avait peut-être tout compris après tout, les loups sont stupides, elle avait fini par s'enticher d'un chaton, et elle avait peut-être bien raison.


L'adolescente secoua la tête, faisant retomber sa mèche verte sur ses yeux. Elle bailla avant de s'étirer à nouveau, comme-ci elle sortait d'une longue sieste. Faisant onduler sa queue, elle déclara à nouveau :


Son regard émeraude brilla de malice et de défi. Un sourire en coin aux babines, elle s'abaissa légèrement, comme en position de jeux. Elle l'a taquiné bien entendu, si la loupiote avait vraiment peur, elle n'aurait pas posé une patte dans ce cimetière, elle voulait juste voir sa réaction.

"Et on se demande pourquoi on est aussi prétentieux à se croire au-dessus des autres... s'exclama Charly, je préfère être détestée de tous plutôt que de perdre la capacité de penser, c'est ce qui nous défini après tout."

Okana fit oui de la tête, pouffa en voyant Jyk, qui n'avait pas comprit grand chose à ce que Charly venait de dire. La louve s'étira, secoua la queue.

"Enfin, on ne peut rien y faire si les autres sont des imbéciles, on peut seulement s'en amuser, et c'est déjà pas mal. Passons, que dirais-tu d'explorer un peu l'endroit ? J'aimerai bien savoir si les légendes de cet endroit sont vraies ! Les dieux existent bien, pourquoi pas les fantômes... à moins que tu aies peur bien entendu !"

Okana éclata de rire.

- Moi ? Peur ? C'est à moi ou à Jyk que tu t'adresses ?
- Hé c'est même pas vrai moi j'ai peur jamais ! S'indigna t-il

Okana lui frotta les poils de la tête, et le chaton croisa les patte en boudant.

- C'est cela ! Dit-t-elle en se tournant vers la louve grise. J'accepte volontière ! Mais je te préviens, j'ai déjà fais un tour, et il n'y a que des carcasses pourries ici. J'ai pas vu un seul fantôme. Mais bon, qui sait !

Elle ramassa son os près de la tombe et héla Jyk.

- Allez monte sur mon dos, le félin !

Le petit chat courut, sauta avec souplesse et atterrit sur l'épaule de son amie. Elle lui donna l'os, et le tint sans poser de questions. Okana se mit en marche, et le chaton tenait en parfait équilibre sur sa petite épaule, à force de toujours se balader ainsi. Okana ne comprenait pas pourquoi les loups avaient peur des fantômes. C'est vrai quoi ! "Ils sont translucides, ils ne peuvent même pas nous toucher" Pensa t-elle. Certains loups étaient vraiment pire que cons. Elle déambula à travers les tombes, cherchant des yeux un fantôme. Elle ne vu que des tombes, du brouillard et des vieux os pourris.

- Pouah ya jamais personne qui lave ici ?! C'est dégueulasse ! Déclara t-elle en buttant contre une pile de débris animale. Et ! Jyk regarde !!!

Okana sautilla en voyant un chat miteux pointer son museau au dessus d'une pierre tombale. Le chaton poussa un miaulement adorable, et l'affreux chat de gouttière lui répondit par un espèce de grognement rauque.

- Il a dit que on était une bande de pouilleux... Déclara Jyk, énervé.

Il poussa un deuxième miaulement, plus agressif. Okana lui jeta un regard interrogatif.

- Tu lui as dis quoi ?
- Qu'il ne devait pas s'inquiéter, que l'hiver arriverait bientôt et qu'il pourrait se regarder dans la glace.
- Vieux con ! Gueula Okana

Jyk s'empressa de traduire, et les deux amis éclatèrent de rire en voyant le vieux chat miteux hérisser les poils...

La jeune louve s'esclaffa de rire en entendant la phrase de l'adolescent des hurlements du vent.


La mind boudeuse, il croisa ses petites pattes, signe de son indignation. Amaryllis sourit, amusée par ces chamailleries qui s'estomperaient certainement d'ici peu. Puis, Okana se tourna vers l'adolescente à la mèche tout en disant :


La louve grise haussa les épaules, elle était sûre qu'il pouvait y avoir quelque chose dans ce cimetière, la loupiote n'avait pas eu de chances, tout simplement. La louve des crocs du feu disparaisse alors quelques secondes derrière une tombe pour en revenir avec un petit os blanc entre les crocs. Elle proposa ensuite à son compagnon de s'installer sur son épaule, ce qu'il fit avec vivacité semblant habitué. Pourtant, il avait l'air d'être en équilibre précaire sur l'épaule d'Okana, mais il tenait, ayant visiblement l'habitude. Un fois le félin installé, la loupiote partit aussitôt en exploration, marchant sans se presser à travers les tombes. Amaryllis ne la suivit pas. Elle prit un autre chemin à travers les tombes, presque opposé à celui qu'avait pris Okana et Jyk.

Toutes les tombes se ressemblaient, mal entretenues, couvertes de mousse et de lichen sales. De-ci et de-la, on pouvait apercevoir quelques ossements, certains venant de rongeurs, d'autres plus gros étant certainement les restes d'un loup. Les poils de l'adolescente se hérissèrent, surtout de froid mais aussi de dégoût, qui avait envie de passer sa mort dans cet endroit sale et putride ? Amaryllis préférait cent fois mourir dans un endroit calme et de toute beauté plutôt qu'ici ! Et puis, la louve grise entendit un feulement, rauque et agressif, avait-elle déjà rejoint Okana et le chaton ? Non, il ne pouvait pas pousser un tel feulement. Décidant de trouver la source de ce bruit, elle avança se fiant à son ouïe. Finalement, derrière une nappe de brume, elle découvrit un vieux chat, installé sur l'une des pierres tombales. Le dos courbé et son pelage sale et emmêlé hérissé, il ne semblait pas avoir remarqué la présence d'Amaryllis, trop occupé à feuler sur Okana et Jyk, présents de l'autre côté de la tombe.


Étonnée, Amaryllis s'approcha discrètement du félin agressif, pour le tirer par la queue et l'attraper sans lui faire mal par la peau du cou. Son odeur putride fit grimacer l'adolescente tandis que le vieux chat se débattait comme un fou à coups de griffes et de pattes. Ne pouvant supporter plus longtemps son odeur, la louve le jeta sans trop de puissance plus loin avant de tirer la langue et de froncer le museau.


Se donnant quelques coups de langue sur le poitrail pour faire partir légèrement la désagréable odeur, elle contourna finalement la tombe pour rejoindre Okana et Jyk. S'asseyant près d'eux, elle se mît à contempler la pierre abîmée par l'âge, soudain très silencieuse. Elle fronça légèrement les sourcils, tout ne réfléchissant, avant de s'exclamer d'une voix suspicieuse :


Aussitôt, elle s'approcha à nouveau de la tombe pour l'inspecter, la débarrassant de son lichen et de sa mousse dans l'espoir de trouver un symbole, ou même un bouton cache que sais-je...

Charly débarrassa la tombe du chat miteux, et le jetant un peu plus loin.

"Il pue la charogne ! J'ai intérêt à faire une grande toilette si je ne veux pas que son odeur me colle aux poils lorsque je rentrerais !"

Okana rejoignit la louve grise en trottinant, alors que Jyk raffermissait sa prise sur son épaule pour ne pas tomber. Les trois compagnons contemplèrent la tombe où c'était trouvé le chat, intrigués...

"C'est quand même étrange que ce chat soit aussi agressif, surtout quand on s'approche de cette pierre. Ça cache quelque chose..."

Charly gratta la mousse qui se trouvait sur la tombe, pour pouvoir distinguer la pierre. Un signe étrange apparu, et Okana s'avança pour mieux le voir. Il ressemblait à une fleur, mais avec seulement trois pétales dirigées vers le haut, et toutes attachées à un cercle noir. La jeune louve mit un moment à reconnaitre ce signe, qu'elle avait pourtant admiré de nombreuses fois. Elle passa une patte tremblante sur le signe, complètement abasourdie. Elle s'empressa de retirer les autres résidus sur la pierre. Pas d'autre inscription, juste ce signe sur la pierre. Elle ne trouvait pas les mots pour exprimer ce qu'elle voyait. Jyk avança la tête pour voir aussi, et il jeta àOkana un regard perplexe.

- Heu, Kana, tu as pas un collier qui ressemble a ça ? (Kana c'est son surnom)
- Si ...
- Qu'est ce qu'il y a...

Pas de réponse.

- C'est pas celui de Analy ?... Dit t-il, angoissé
- Si ...

Jyk ravala sa salive, les yeux étonnés. Okana fixait le signe, la bouche légèrement ouverte. Le chaton sauta de l'épaule de son amie, courut vers la tombe d'à côté. Il arracha la mousse. Pas de signe. Il répéta l'action d'autres pierres tombales, et il ne décela rien. Okana détourna enfin les yeux du signe, passa une patte sur ses yeux, et tomba assise. Jyk revint près d'elle.

- C'est pas possible Okana, ça n'a aucun rapport avec lui...

Tout ça la dépassait complètement. Mais que fessait donc cette inscription là ? Le pendentif était dans sa cachette, elle ne l'avait pas souvent sur elle car elle ne voulait pas qu'on lui vole, ni le perdre. Elle ne comprenait rien, vraiment rien. Jyk remonta sur son épaule mais elle ne sentit rien, ses yeux étaient figé sur le signe...

La loupiote rejoignit Amaryllis, observant sa découverte. Il s'agissait d'une sorte de fleur, à trois pétales, taillée dans la pierre même. Il était impossible de la voir si on laissait la mousse qui la recouvrait. Et même à découvert, ce symbole était plutôt petit, très discret se fondant dans le roc. Okana l'effleura du bout de la patte, son membre tremblant pour une mystérieuse raison. L'adolescent lui jeta un regard étonné, elle semblait perturbé, ce qui plongea la louve des hurlements de l'air dans l'incompréhension, l'agaçant légèrement.


Le chaton lui posa une autre question mais sa compagne ne lui répondit pas. Perdue dans ses pensées, elle semblait réfléchir à tel point que de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles. Jyk lui posa alors une seconde question, parlant d'un certain "Analy"... Amaryllis ne comprenait pas grand chose. Qui était Analy ? Pourquoi Okana possédait-elle un collier au même signe que la pierre ? Fronçant les sourcils, Amaryllis préféra se taire, attendant la suite des événements. Le chaton s'éloigne alors, arrachant la mousse et le lichen de plusieurs tombes alentour, cherchant certainement un autre symbole, en vain. L'adolescent les observait, presque devenue invisible, comme-ci elle était à part.


La loupiote ne répondit pas. Elle était toujours absorbée par ses pensées, hébétée, comme emportée dans un autre monde. Le visage sans émotion, Amaryllis s'approcha d'Okana, d'une démarche souple et assurée, et, se penchant, elle lui murmura au creux de l'oreille :


Elle ne voulait aucunement la taquiner à cet instant, ce n'était ni le lieu, ni le moment et ce n'était pas un contexte dans lequel on pouvait plaisanter. Amaryllis releva la tête, observant le ciel sombre, laissant le vent s'engouffrer dans son pelage la faisant frissonner, ne bougeant plus pour laisser la brume les entourait. Elle inspira une grande bouffée de cet air, avant de se mettre chantonner, une petite mélodie, légère, comme elle faisait souvent, souvenir d'enfance, qu'elle ne pouvait oublier, toutes ces chansons qu'elle avait apprises, ancrées dans sa mémoire, même si souvent elle n'en comprenait pas les paroles ou le sens, elle aimait les chanter. La mélodie qu'elle fredonnait à l'instant racontait une histoire d'amour interdite, dégoulinant de niaiserie, mais elle adorait l'air, et la chantait souvent. Continuant de chanter, elle posa le bout de sa queue sur le pelage d'Okana, pour activer son pouvoir. Elle ne l'utilisait pas souvent, ou seulement pour elle même, lorsqu'elle était blessée. Ce don qu'elle avait d'apaiser les souffrances en quelques notes de musique. Enfin, elle s'arrêta, pour se placer en face de la petite louve.


Elle n'avait jamais connu le malheur, mais détestait voir des personnes malheureuses ou tristes lorsque ce n'était pas de sa faute. Amaryllis administra une petite pichenette sur l'oreille de la loupiote, du bout de sa queue, espérant une peu la réveiller.

Charly se pencha à l'oreille de la louvette.

"Ce loup, que je ne connais pas, fait parti de ton passé n'est ce pas ?"

Elle se contenta de hocher lentement la tête. La louve grise entonna un chant doux, et quand elle posa sa queue sur le pelage d'Okana, elle se sentit encore plus mal qu'avant. Cette musique combattait le démon qui grandissait en elle depuis la mort de son frère et de sa mère. Ce démon qui se servait de ces mauvais souvenirs pour attrister les plus beaux. Le chant s’amplifia, mais uniquement dans son esprit. Soudain elle se sentit mieux, car son démon intérieur arrêtait de combattre, laissait la place à cette jolie mélodie.

"Ça sert à rien de ressasser le passé. Je sais pas ce que t'as vécu et je veux pas le savoir, mais même si ce symbole te rappelle quelque chose de douloureux, oublie le."

Oublier. Fallait-il vraiment oublier pour guérir ? Suffisait-il d'effacer les mauvais moments de sa mémoires et de les remplacer ? Peut être que certains loups étaient capables de faire ce genre de choses, mais pas elle. Car au delà des souffrances causée par la mort, elle ne pouvait pas oublier les moment de bonheur qui avait aussi jalonné son passé. Des brides de souvenirs se faufilèrent dans son esprit.

"C'est magnifique Analy. Pourquoi tu me le donnes ?"
"Parce c'est ton anniversaire demain et que je ne pourrais pas être là !"
"Je pensais que tu avais oublier ..."
"Moi ? J'oublie jamais rien !"

Elle secoua la tête, sortit de la transe dans laquelle elle était plongée. Elle se tourna vers la louve grise, ces yeux bleus remplis d'orage.

- Peut être que pour toi, cela ne sert à rien, mais ça c'est parce que ton passé ressemble à un champs de fleurs. Je ne veux pas oublier, parce que au delà des horreurs il y a aussi les bons moments. Ce symbole, c'est toute une partie de mon ancienne vie, c'est tout ces instants merveilleux que je ne peux pas effacer. Tu sais quoi ? Je vais te dire qui m'a donné ce pendentif, même si tu ne veux pas l'entendre, parce qu'on ne parle pas quand on ne sais pas. Cette personne ne fait pas partie de mon passé, parce que j'y pense chaque jour, parce qu'elle est toujours à mes côtés. Analy est mon frère jumeau...

Elle respira profondément. Elle n'avait pas envie de pleurer, juste de dire ce qui devait être dit.

- Il est mort. Il n'avait rien fait à personne mais cela n'a rien changé. Il est mort quand même. C'est lui qui m'a offert ce collier. On ne parle pas quand on ne sais pas, c'est tout.

Jyk lui offrit son plus beau sourire, et elle lui rendit. De dos elle continua.

- Il n'est pas enterré ici, j'en suis certaine. La présence de ce symbole m'intrigue donc.

Le chaton n'avait presque jamais l'occasion d'entendre parler de ce frère disparu, mais il savait que ce sujet irritait Okana au plus haut point en temps normal. Pas ici. Cette attitude lui parut étrange. La réponse à sa question tomba quelques secondes plus tard.

- Ah oui aussi. Ton pouvoir m'agace profondément, je n'arrive plus à m'énerver et je suis pas crédible. Soit, ne me fais plus ce coup là car on peut toujours trouver pire que soit.

Jyk sautilla joyeusement.

- Ouais même que Okana elle matte les grands !
- Allez n'exagère pas, juste certains ! Ricana-t-elle

Elle sourit, comme rien ne s'était passé. Pourtant dans sa tête affluait des dizaines de nouvelles question sans réponses...

- C'est quoi ton vrai prénom ? Tu sais presque tout de moi, et je ne connais même pas ton prénom. C'est un peu inéquitable !

La loupiote ne sembla affectée par son don que quelques brèves secondes. Ses yeux azurés semblèrent s'assombrir, alors qu'elle commençait à expliquer son passé, en profitant pour réprimander l'adolescente au passage ce qui l'agaça quelque peu. Elle n'aimait pas se faire sermonner par les adultes alors par un louve... Ça avait le don de l'exaspérer. Mais elle laissa la petite louve finir de parler, l'écoutant le visage neutre.


Amaryllis plongea ses yeux verts dans les yeux bleus de la petite louve. Elle arqua un sourcil, la mine blasée. Le méritait-elle réellement ? L'adolescente des hurlements de l'air fit claquer ses mâchoires, le regard plus sombre, puis, souriant, déclara comme pour elle même :


Elle ricana légèrement, soudain comme dans son monde. Elle savait parfaitement que sa vie avait toujours été ennuyeuse, plate et sans problème. C'était peut être ça, qui lui avait donne envie d'embêter son monde, pour essayer d'avoir un vie plus amusante. Enfin, même si il ne s'agissait que de caprices de son côté... Amaryllis reporta son attention sur la petite louve, la mine sombre. Elle remit sa mèche verte à sa place avant de lui répondre.


Elle observa quelques instants la brume, inspirant une grande bouffée. Elle était chiante, à tarder autant à dire son nom, mais pour une fois, elle ne le faisait pas vraiment exprès.


Elle lui offrit un petit sourire avant de s'allonger.


Elle s'étira puis s'ébroua, ne sachant que dire.

La louve expliqua a Okana qu'elle n'aimait pas qu'on la réprimande, et blablabla. Elle n'écoutait absolument rien, plongée dans un monde étrange qui n'appartenait qu'a elle.

"Charly n'est peut être pas mon vrai nom, mais c'est tout comme. Mais tu as raison, je connais tes malheurs même si je ne te les avais pas demandé, alors, tu mérites peut être de connaître ce nom ? Ça peut paraître prétentieux de tenir autant à quelques lettres au point de ne pas vouloir les dévoiler directement... Mais c'est comme ça."

Elle haussa les épaules. Okana se fichait pas mal du prénom au fond, cela l'intriguait simplement. Elle sentit que Jyk trépignait d'impatience, alors que la louve grise tardait à répondre à sa question.

"Je m'appelle Amaryllis, tu peux choisir de m'appeler ainsi comme de continuer à dire Charly, je suis habituée aux deux."

Elle se coucha, lui offrant son sourire.

"Quant à ma vie, elle n'est pas palpitante comme tu as pu le deviner, je n'ai donc pas grand chose à te dire. J'en agace beaucoup et ils sont peu ceux qu'ils me connaissent vraiment. Je n'ai pas grand chose à te dire."

Okana éclata d'un rire frais et doux.

- J'adore aussi faire chier tout le monde, c'est un bon passe temps. La tribu trouve que je suis une vraie plaie, alors que tout le monde adore ma soeur !

Elle se coucha à son tour, regardant le ciel dépourvu d'étoiles.

- On se fou complètement de mon sort et ça m'arrange bien. Je vais devenir chasseuse, et si cela ne me plait pas, je ferais tout pour être bannie ou devenir solitaire.

Sans jeter un regard à Amaryllis, elle continua.

- Et toi tu n'as même pas une petite idée de ce que tu aimerais devenir ? Avec ton don tu pourrais devenir guérisseuse ! Ah oui a propos de ça, je suis désolée pour tout à l'heure, je n'aime pas trop qu'on utilise un pouvoir sur moi, j'ai l'impression de ne plus rien contrôler !

Jyk se roula en boule contre son flanc, ronronna bruyamment puis s'endormit en quelques secondes. Okana lui donna un coup de langue entre les oreilles et fit un sourire attendrit...

Lorsque l'adolescente des hurlements de l'air eut terminé son monologue, Okana éclata d'un rire franc et joyeux, plein de gaieté et ressemblant fortement à ce que la loupiote montrait de sa personnalité : espiègle et enjouée.


Elle avait déclaré cela avec légèreté. Amaryllis l'écoutait, un sourire en coin aux babines, le regard brillant. Okana semblait très différente de sa sœur, que l'adolescente ne connaissait absolument pas. En fait, Amaryllis ne connaissait pas grand monde mise à part les membres de son clan, et encore... Sa nourrice, lorsqu'elle en avait encore une, savait tellement à quel point elle pouvait être peste et impossible à attraper qu'elle lui interdisait pratiquement tout le temps de sortir du camps des hurlements du vent. Enfin, officiellement, la loupiote qu'elle était auparavant trouvée toujours un moyen d'échapper à la surveillance de sa nourrice et à vagabonder sur les terres du vent.


Amaryllis dressa les oreilles, en observant la loupiote qui s'etait elle aussi allongée. Solitaire ? La louve grise n'avait jamais envisagé cette possibilité, et elle ne savait pas vraiment si cela l'intéressait. Même si elle aimerait avoir plus de libertés, être un solitaire crasseux et pouilleux ne la tentait guère.


Amaryllis esquissa un léger sourire, avant de rouler sur le dos. Jyk, qui n'avait pas encore parlé, finit par s'assoupir, ronronnant bruyamment, pelotonné sur lui même.


Elle se redressa, avant de bailler et de jeter un coup d'œil alentour. Elle n'avait aucune idée de l'heure qu'il était et s'en fichait pas mal, même si elle savait pertinemment qu'elle se ferait tirer les oreilles en rentrant.

"On me dit souvent que je devrai faire guérisseuse, mais je sais pas trop. J'pense pas que la façon de penser colle avec ce rôle tu vois ce que je veux dire ? Aider les autres alors que je fais tout pour les emmerder... Pas terrible, elle esquissa un sourire puis continua d'une voix enjouée, comment pourrai-je refuser les excuses de la grande Okana ! J'peux comprendre, mais j'voulais pas assister à une scène de pleurs, ça me met mal à l'aise, j'pensais que ça t'apaiserais."

Okana acquiesça d'un hochement de tête, et caressa le dos du bout de la queue. Comment pouvait-il s'endormir au milieu d'un cimetière ? La louvette se contenta de sourire à cette pensée.

"Maintenant que la séquence émotion est passée, tu veux faire quoi ?"

La jeune louve fixa Jyk un instant, puis se leva. En sentant que la louve s'était levée, le chaton avait d'abord grommelé parce qu'il avait froid, puis avait cherché avec sa patte la présence de son amie, mais n'y trouva qu'un sol glacé. Okana le poussa du bout du museau, mais Jyk se roula en boule en ronchonnant.

-Je vais aller mettre Jyk en sécurité pour qu'il puisse dormir, puis on ira débusquer les fantômes toi et moi.

Elle attrapa Jyk par la peau du cou, mais il ne broncha pas. La louvette se dirigea vers l'arbre le plus proche, grimpa sur une tombe et plaça le chat sur la première branche. A moitié endormit, il grimpa au sommet du tronc et se coucha sur une branche. Okana sauta au sol, et retourna à l'endroit où elle avait laissée Amaryllis quelques minutes plus tôt. Elle pensa à son frère, et un instant, elle sentit qu'il s'était glissé à ses côtés. Okana croyait aux fantômes plus que n'importe qui. Elle aurait tellement aimé que l’ectoplasme de son frère soit vraiment à ses côtés.

-Bon, il y a sûrement un endroit où se cachent tout ces maudits fantômes...

Elle fit une moue perplexe, passa une patte dans sa mèche blanche.

-J'imagine qu'il y a un monument ou un truc dans le genre au centre du cimetière. On va d'abord voir par là ? Dit-elle en désignant la partie qui s'enfonçait dans le noir et la brume avec un sourire étrange.

Avant de se mettre en route, elle jeta un coup d’œil discret sur la tombe voisine de celle où le signe était inscrit. Il était noté en italique Hamaka. Sûrement le nom du loup ou de la louve qui était enterrée là. Elle allait dégoter le fantôme de ce ou cette louve, et elle aurait les réponse à ses questions...

Spoiler:

HS:

Okana fixa son petit compagnon quelques fractions de secondes avant de se relever, faisant maugréer le chaton qui continuait à somnoler, recroqueviller sur lui même, minuscule boule de poils. Amaryllis le contempla quelques secondes, il semblait si fragile ainsi, heureusement que la loupiote l'avait recueilli, il n'aurait pas tenu longtemps seul, livre dans cette île emplie de loups ronges par la faim et la folie. Il en avait eu de la chance, vraiment.


L'adolescente opina lentement de la tête, pendant que la loupiote des crocs du feu attrapait son compagnon par la peau du cou et disparaissait dans la brume épaisse. Pendant ce lapse de temps ou Amaryllis se retrouva seule, elle réfléchit, à comment débusquer des fantômes. Elle savait que les plus vieux loups s'amusaient souvent à effrayer les louveteaux turbulents en leur disant que si ils commettaient trop de bêtises ou provoquaient d'anciens esprits, ils viendraient les visiter pendant la nuit... Visiblement, Amaryllis n'avait pas été assez turbulente pour "mériter" la visite de ces esprits. La silhouette d'Okana se détachant peu à peu de la brume tira la louve de ses pensées.


Amaryllis haussa les épaules, ne sachant pas vraiment quoi répondre à Okana, et elle n'eut pas à réfléchir bien longtemps car la petite louve enchaîna :


Ses paroles finies, Amaryllis s'engouffra aussitôt dans la brume épaisse en quelques longs sauts, elle ne s'inquiétait pas pour Okana, elle la rejoindrait facilement. Essayant de s'orienter au flair, l'adolescente avait du mal à se repérer dans la brume épaisse, laissant à peine voir le bout du museau. L'adolescente des hurlements du vent avait l'impression de tourner en rond, n'arrivant pas à s'orienter, jusqu'à finir par tomber devant une sorte de petit mausolée épargné de la brume. En ruine, comme le reste du cimetière, sa pierre parcourue de lézardes s'était effrontée à plusieurs endroits et la mousse recouvrait pratiquement tout le dessus. La jeune louve s'assit en face en l'inspectant, était-ce ici e centre du cimetière ? Qui était donc enterré ici alors ? Des questions plein la tête, Amaryllis attendait Okana pour explorer l'endroit, même si des pattes la démangeaient de curiosité.

Okana suivit Amaryllis en sautillant joyeusement. On n'y voyait pas très loin ce qui gênait relativement la louvette dans sa progression. Elle finit même par perdre Ama' dans la brume. Okana suivit son odeur encore fort présente dans l'air, mais comme elle n'y voyait rien, sa patte percuta une pierre, et elle roula dans la terre, avant de s'étaler de tout son long.... juste devant Amaryllis. Elle grogna d'insatisfaction et se releva se frottant méticuleusement.

-Grrr ce brouillard commence à m'énerver !

Elle leva les yeux pour observer les alentours. Il y avait là une mausolée épargnée par le brouillard, et complètement en ruine. Il régnait un silence mal sain, mais Okana se contenta de sourire.

-Je crois que nous sommes arrivées au centre du cimetière... Murmura-t-elle. A mon avis, les loups qui sont enterrés ici sont les plus puissants et les plus grands qui ont peuplé Estrÿa...

Okana s'approcha de la mausolée, regarda à l'intérieur si on voyait une inscription. Elle vu dans la pénombre un léger renfoncement. Elle s'avança pour le toucher.

-Je ne ferai pas ça si j'étais toi !

Elle se retourna et poussa un petit cri stupéfait.

Ce fut dans un grand vacarme qu'arrive Okana, effectuant une sorte de roule-boule, s'arrêtant aux pattes de l'adolescente au pelage gris. La loupiote se releva en grognant et massant une partie de son corps certainement douloureuse à cause de sa pirouette non voulue. Amaryllis eut un petit sourire.


La jeune louve des hurlements de l'air rit silencieusement, ses grands yeux émeraudes brillant d'amusement. Okana se mît alors à inspecter les alentours, dont le fameux mausolée épargné par la brume, mais tout aussi en ruine que le reste du cimetière. Cet endroit était vraiment étrange... Et découvrir de nouvelles choses que tous ignoraient intéressé beaucoup l'adolescente. Le savoir, c'est le pouvoir après tout. Et Amaryllis aimait se sentir et être supérieure aux autres. Elle esquissa un petit sourire, soudain impatiente de savoir ce que contenait la bâtisse en ruine. Peut être rien, cela n'était pas exclu, ou encore seulement de vieux ossements. Ou peut être un trésor... Mais cela n'intéressait pas vraiment l'adolescente, elle aurait préfère découvrir un fantôme, un spectre lui apprenant de nouvelles choses, qui pourraient lui servir à son avantage.


Okana s'avança vers ce qui devait être l'entrée du mausolée. Elle s'approcha encore comme pour toucher quelque chose qu'elle avait vu dans la pénombre. Mais, Amaryllis, de l'endroit où elle était ne pouvait pas voir ce qu'il y'avait à l'intérieur. Pas contre, elle vit sans mal une nappe de brume se rapprocher de la loupiote, se détachant du brouillard, prenant peu à peu une forme canine, des détails apparaissant. L'adolescente des hurlements de l'air cligna plusieurs fois des paupières pour être sûre qu'elle n'hallucinait pas mais la forme canine était toujours la. Amaryllis ouvrit la bouche puis la referma, en voyant la forme de brume se rapprocher d'Okana. Trop stupéfaite, elle ne pût prévenir la loupiote de cette apparition, et n'en eut pas besoin lorsque le loup de brume s'exclama :


La loupiote se retourna et observa stupéfaite le loup, dont la brume s'était transformée en poils, légèrement translucides, mais des poils quand même. Il se rapprochait, la mine courroucée. Si il avait été de chairs et d'os, il n'aurait pas eu l'air très menaçant, on aurait dit un louveteau. Mais ainsi, venant de la brume, c'était troublant. Retrouvant ses esprits, Amaryllis rejoignit Okana, comme pour essayer de dissuader l'apparition de s'attaquer à elles. Perturbée mais déterminée, Amaryllis affichait son éternel mine de défi, un sourire mesquin aux babines.


L'esprit la dévisagea, ce qui fit tout de même frissonner la jeune louve. Elle jeta un coup d'œil a Okana et lui demanda :

Okana se retourna, et commença à trembler de tout ces membres. Une spectre, aux poils gris fait de brume, et légèrement translucide, s'avança lentement vers la louvette. Il ne flottait pas, se contentant de marcher comme n'importe quel loup. C'était un louveteaux. Son pelage était gris comme le brouillard mais ses yeux avaient gardés leur turquoise étincelant d'autre fois. Une tache noire entourait son oeil, se prolongeait jusqu'au ses oreilles, légèrement rabattues vers l'arrière. Amaryllis rejoignit Okana, avec un sourire mesquin.

"Pas si miteux que ça les spectres du mausolée !"

L'esprit tourna vivement la tête et dévisagea la louve grise, qui lui jeta un coup d'oeil interrogatif.

"Tu connais cet esprit ?"

Le fantôme prit une moue apostrophée, puis sourit à Okana, qui arrêta instantanément de trembler. Elle sourit, une larme perla au coin de son oeil, glissa le long de sa joue.

-Pleures pas petite sœur ! Tu sais bien que je déteste quand tu pleures ! S'exclama l'esprit.

Okana secoua vivement la tête, et le fantôme s'approcha, et tenta d'essuyer la joue de sa soeur jumelle. Sa patte si dissipa, traversa la tête d'Okana, puis réapparu de l'autre côté. L'esprit eut une mine complètement désorientée puis soupira.

-On ne peux pas se toucher...
-Te voir me suffit ...

Elle sourit. Un vrai sourire. Elle aurait aimé serrer son frère dans ses pattes mais elle en était incapable, alors elle souriait. Son frère la regarda dans les yeux, et éclata de rire. Un rire trille, un rire merveilleusement doux, qui laissait entrevoir des dents toujours aussi étincelantes. Okana se tourna vers Amaryllis, les yeux remplis de milliers d'étoiles.

-Amaryllis, je te présente Analy.

Analy la salua avec un grand sourire.

Le spectre se mît à sourire à la loupiote, abandonnant complètement sa mine courroucée. L'adolescente regarda ensuite Okana, qui souriait également, les yeux brillant de larmes. Amaryllis la regarda étonnée, n'ayant pas besoin de réponses, rien que les regards que se jetaient les deux loups lui suffisaient, ils se connaissaient. La jeune louve observa l'esprit, dont le pelage s'était encore détaille, jusqu'à prendre des couleurs. La grande partie de son poil était gris, sauf quelques tâches noires dont une à son œil. Le fantôme ressemblait beaucoup à la loupiote des crocs du feu, ce qui étonna Amaryllis. Mais elle n'eut pas à s'interroger bien longtemps lorsque le loup de brume déclara en s'adressant à Okana :


Le spectre du louveteau s'approcha de sa sœur, comme pour essuyer les larmes se perdant dans le pelage de sa tête, mais ne pût même pas l'effleurer. Légèrement déçus, le loup déclara :


Okana eut un grand sourire, montrant ses crocs étincelants. Elle semblait vraiment heureuse, ce qui déstabilisa Amaryllis. Elle n'aimait pas trop se trouver dans ce genre de... Situations. Même si il était très rare de croiser le fantôme de son frère déchu, ces retrouvailles perturbaient l'adolescente. Elle n'avait jamais aimé quelqu'un hormis ses parents bien entendu, au point de pleurer pour lui, d'être aux anges pour lui, de rire, de sourire... Elle n'a jamais éprouvé le besoin d'être avec quelqu'un, sa propre compagnie lui suffit amplement.


La voix d'Okana tira l'adolescente des hurlements de l'air de ses pensées. Elle observa l'esprit qui lui souriait, et l'adolescente esquissa un petit sourire également, inclinant légèrement la tête pour le saluer puis dit :


Elle les regarda une dernière fois avant de se détourner, et de repartir, pour retrouver les terres des hurlements du vent.

HS: