► On peut dire que ça faisait un bon moment que j'étais resté à carreau de la Forêt Perdue. C'est plutôt bête d'ailleurs puisque c'état le seul endroit où je me perdais jamais. Alors pourquoi j'avais gardé mes distances ? Tout simplement parce que, à chaque fois, j'avais rencontré quelqu'un dans cette forêt, et c'était souvent des loups d'autres clans... J'étais encore un louveteau à ce temps-là, j'étais ami avec tout le monde, je m'en foutais qu'un louve soit de la tribu des Griffes. Mais maintenant que j'ai grandi, je préfère faire gaffe aux ennemis, sinon je serai jamais un parfait guerrier.

Mais cette fois-là, j'avais besoin de me promener. Il faisait chaud et autant dire que c'est pas sur les terres du Feu qu'on peut facilement trouver de la fraîcheur... Le seul endroit qui me semblait approprié était la Forêt Perdue. En plus, vu que c'est le seul endroit où je me perd jamais, j'avais pas besoin d'être attentif à tout, je pouvais me promener en toute tranquillité.

Ça faisait bien une demi heure que je traînais dans les bois sans but précis. Une demi heure au calme. Un courant d'air m'ébouriffa les poils et m'apporta une odeur bien agréable : celle d'un lapin. Par la chaleur qu'il faisait, beaucoup de chasseurs revenaient avec des prises plus petites que d'ordinaire, les proies se cachaient trop souvent. Un lapin de plus pour moi m'aurait fait énormément plaisir. J'étais pas encore guerrier, c'est vrai, mais je savais quand même chasser un minimum... Et puis,si mes techniques se révélaient mauvaises, je pouvais toujours utiliser mon petit pouvoir de pyromane... Je me mis donc à tourner autour du lapin, à petits pas et en gardant une bonne distance pour qu'il ne me voie pas. Il était occupé à tirer sur une touffe d'herbe misérable qui poussait entre deux racines. Parfait. Il ferait pas attention à moi.

Je fis un pas de plus et... CRAC ! Une racine. Rah, ça pouvait arriver qu'à moi, un coup pareil ! Le lapin dressa les oreilles et se mit à courir.



J'étais décidé à attraper cette sale bête. J'avais de plus grandes pattes que lui toute façon ! J'allais facilement le rattraper ! Je me mis à courir après le lapin. J'étais tellement furieux que j'ai mis mes pattes en feu sans vraiment m'en rendre compte. Je savais que ça pourrait être utile. Un coup de patte, même sans force, pourrait blesser le lapin. Je me rapprochais de lui beaucoup plus vite qu'il ne pouvait l'imaginer. Un coup de patte... Raté. Mes griffes touchèrent une branche qui s'enflamma et atterrit droit sur...
un loup.

Je me suis arrêté immédiatement. Tant pis pour le lapin. Je fixais le loup qui venait de se prendre ma branche en feu juste sur l'épaule. Je le plaignais, ça devait brûler... Et moi j'allais prendre cher si c'était un guerrier...

► Pas besoin de sous-titres pour savoir que le loup était en colère. Je venais de le brûler... En m'approchant, j'ai remarqué que c'était Akio. Un guerrier, comme je le redoutais, et le commandant du Feu pour parfaire ma situation... J'avançai, la queue entre les pattes pour voir si la blessure n'était pas trop grave.



Je fus figé sur place, glacé par le ton méprisant. Je baissai les oreilles. Mes pattes avant brûlaient toujours et je me mis en équilibre, assis sur les pattes arrières. Je devais avoir l'air d'un blaireau... Un gros blaireau rouge et blanc avec une mèche de cheveux noirs qui commençait à me chatouiller le nez, mais que je pouvais pas écarter de ma face. Ou alors je me brûlais de ma douce patte enflammée mais ça me tentait moyennement... Surtout que, à la vue des poils roussis d'Akio, n'importe qui aurait perdu l'envie de se faire brûler.



Quelle excuse minable ! Je me serais fait pitié à moi-même ! Comment un commandant pouvait se contenter de ça ? En baissant la tête, j'approchai d'Akio -en sautillant pour ne pas cramer l'herbe et les feuilles de mes pattes flamboyantes- et fixai la brûlure.



Et si mon commandant ne savait plus combattre après ça ? Et si, en plus de l'avoir brûlé, j'avais déboité son épaule avec le bâton ? J'imaginais le pire.